Vous trouverez sur ce blog, beaucoup d'articles et de vidéos d'actualité. Les points de vue présentés dans ces articles et vidéos ne sont pas forcément les miens, mais ils peuvent amener une réflexion. Chacun se fera une opinion avec autre chose que le discours formaté des politiques et des médias.Vous y trouverez aussi les réponses aux questions qui me sont posées concernant mes livres.
Les thèmes de mes ouvrages sont le développement personnel et la spiritualité.
En 2013, le journaliste et écrivain Laurent Obertone s'est fait connaître du grand public avec un document choc, La France Orange mécanique, (éditions Ring), où il décrivait une France livrée à l'ensauvagement et à la pure violence. Dans la foulée, il signe aujourd'hui La France Big Brother, (éditions Ring), où il dissèque un système de domination des peuples via l'usage intensif du soft power. Deux livres qui ont suscité de nombreuses polémiques mais qui ont le mérite d'engager une réflexion de fond sur notre devenir. Dans l'entretien qu'il a accordé à Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, Laurent Obertone décortique la "machine à dresser les peuples". Il montre à partir de quel socle mental sont élaborés les messages, comment ils circulent et formatent les esprits, rendant toujours plus ardu le travail de la pensée et délicat l'exercice de la liberté.
Dans votre dernier ouvrage, La France Big Brother, vous montrez qu'il existe des interactions entre d'une part les jeux d'influence engagés par les opinion makers et relais d'opinion, et d'autre part des disciplines comme la génétique ou l'éthologie. Vous allez même jusqu'à parler de techniques de dressage via les outils du soft power, terme qui pour le moins est fort. Pourquoi ?
Conditionner une foule, un être humain ou un animal répond à des règles simples qui relèvent de la domestication. Pour être domestiqué, il faut qu'il y ait un émetteur et un récepteur. Prenez ainsi l'exemple du meilleur ami de l'homme, à savoir le chien. Son dressage correspond à des codes qui jouent sur attraction et répulsion, désir et crainte. Bien sûr, toutes les observations relevées en éthologie, dans les sciences du comportement, ne peuvent être exactement applicables aux sociétés humaines. Mais globalement, on peut noter que les règles morales, les codes qui sont délivrés par ceux qui s'arrogent l'autorité de par leur prétendue qualité de "sachant", vont tour à tour séduire ou effrayer leurs concitoyens, qui sont soumis à leur discours, et in fine acceptent leurs repères et leur logique.
Quand je parle du système qui exerce sa règle toute puissante, j'entends un certain nombre d'émetteurs qui fonctionnent en réseau sur une même logique, avec les mêmes référents, les mêmes interdits. Celui qui s'arroge la capacité à dire ce qui est bien et ce qui est mal détient un formidable pouvoir de dressage sur ses contemporains. C'est pourquoi je dis que nous sommes aujourd'hui bel et bien domestiqués, au sens biologique du terme. Nous subissons - le plus souvent sans en être conscients - un dressage via un flux permanent de messages émanant de toutes sortes de sources : sphère communicationnelle ou médiatique, "autorités morales", experts, intellectuels, hauts fonctionnaires, décideurs politiques ou économiques, etc. qui sont en interaction permanente entre eux et fonctionnent en boucle. Toutes nos perceptions sont saturées par ces messages. Ils reposent tous sur le même vocabulaire, les mêmes images - positives ou négatives - la même logique, répondant à une volonté de domination via la maîtrise absolue des armes du soft power. Il n'y a plus d'échanges entre parties différentes, plus de débat digne de ce nom.
Tout est fait pour en permanence, dissocier les effets des causes. L'impératif moral l'emporte sur le réel. Vous n'avez dès lors plus le choix qu'entre l'adhésion obligatoire à la pensée commune et dominante, ou la diabolisation, qui débouche sur la remise en cause même de votre humanité, de votre qualité d'homme. C'est en cela que le système est redoutablement efficace. Il n'a pas forcément besoin de chars pour faire régner l'ordre, puisque qu'il détient la clé de la maîtrise des esprits...
N'exagérez-vous pas le poids réel de ce système que vous décrivez et de ce soft power qui vise la maîtrise des esprits de nos contemporains ?
Il suffit d'ouvrir les yeux et de saisir l'intime logique du système pour constater le bien fondé de mon analyse. Le système, c'est une petite musique à laquelle vous devez vous soumettre sous peine d'être exclu. Contrairement aux apparences, il n'y a pas de jeu des idées, il n'y a ni débat ni rhétorique, mais des incantations psalmodiées en continu. Ce sont tous les rouages du système médiatique, juridique, politique, culturel... qui décident de ce qui acceptable et de ce qui ne l'est pas, en politique intérieure comme en politique internationale, en matière culturelle comme pour les questions de société... Pas un domaine de l'activité humaine n'échappe à leur grille de décryptage et donc à leurs jugements qui se muent très vite en injonctions, quand bien même leurs interprétations se révèlent être en total déphasage avec le monde réel. Pour qu'il y ait réaction face à cette effrayante machine à broyer les peuples, il faudrait être doté d'au moins deux qualités : la lucidité et le courage. La lucidité peut reposer soit sur une analyse rationnelle, soit être le fruit d'une réaction vitale.
Or, c'est là une règle observée dans toutes les sociétés humaines, il faut avoir une immense force de caractère pour garder son libre-arbitre quand tous les messages qui parviennent à votre cerveau passent en boucle les mêmes injonctions et les mêmes images. D'autant que l'étau se resserre jour après jour. La personnalité qui, hier était encensée, peut se voir clouée au pilori et exclue de la scène si elle remet en question un avis venu d'en haut, si elle adopte une attitude non conforme. Tous les rouages du système se tiennent, ils sont d'une puissance telle que l'homme conscient va le plus souvent renoncer non pas seulement à agir, mais même à penser à contre-courant. C'est donc bien la maîtrise du jeu des idées qui permet à cette dictature de la pensée qui n'ose pas dire son nom d'avoir cette toute puissance qui paralyse les esprits. Et le peuple est soumis de mille manières à cette pression constante et polymorphe, notamment par la banalisation de la criminalité. Pour ceux qui ne comprennent pas le message, il y a la violence pure pour les mater. D'où la culture de l'excuse que ce système développe à l'endroit des criminels.
A vous lire, on évolue en plein cauchemar...
Ce n'est pas faux ! Je note dans les dernières pages de La France Big Brother que nous évoluons en pleine dystopie. Une dystopie, c'est l'envers d'une utopie, c'est une fiction terrifiante où l'idéologie prend le pas sur le réel. Or force est de constater que nous vivons - souvent sans en avoir clairement conscience - dans un monde ce type. Comme je le dis souvent, jamais l'humanité n'a commis autant de destructions et de dégâts en se parant des atours de la bonne conscience, au nom du bien, de la morale et de l'humanité. Derrière les belles formules, il y a en réalité des formes de domination totale, sur les corps comme sur les esprits. Dans mon dernier ouvrage, je me réfère à nombre de formules tirées du 1984 de Georges Orwell. Mais j'aurais tout aussi bien pu puiser des réflexions dans la lecture du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.
Dans notre société de communicants, les beaux discours assurent tout à la fois un statut social privilégié, une agréable exposition médiatique et les espèces sonnantes et trébuchantes qui vont avec. Entrer en rébellion avec le système entraîne la mort douce, l'effacement, la diabolisation, l'exclusion... Tous ceux qui créent ces messages permettant au système de se perpétuer et de croître, tous ceux qui contrôlent les relais d'opinion, partagent donc un même socle de morale égalitaire, qui doit être intouchable et respecté comme un totem des temps modernes. Même la réalité n'est plus directement perceptible par nombre de nos contemporains, puisque elle est traitée en permanence par le biais du "décryptage médiatique".
En guise de conclusion ?
Dans la Grèce antique, sur le frontispice du temple de Delphes, il était gravé Gnothi seauton, Connais-toi toi-même. Aujourd'hui, l'exigence de sagesse exige que nous soyons nous-même à nous-même notre propre maître, que nous puissions régner en parfaite plénitude sur notre forteresse intérieure afin d'échapper à la servitude. Aussi, paraphrasant la devise delphique, je dirais "Dressons-nous nous-mêmes pour rester libres et lucides, et surtout vivre debout".
La téléréalité se veut aujourd'hui didactique. Elle pense - ou du moins fait-elle comme si - avoir une mission éducative envers les populations, et je ne parle pas là des pratiques du coït primal chez les Kevin et les Cindy face caméra. Non, la télé-réalité prétend enseigner aux populations les grands faits historiques « par imprégnation ». Un peu comme la prof de philo baba cool qui nous emmenait passer le cours au bistrot en face du lycée et écrivait dans le cahier de classe « Étude de milieu » (elle était prof principale).
On a ainsi appris hier qu'une chaîne de télévision belge venait de racheter les droits d'un « concept de télé-réalité australienne plaçant les candidats dans une position de réfugiés migrants ». L'émission porte un joli nom : « Go back to where you came from », c'est-à-dire « Retourne d'où tu viens », lancée au pays des kangourous en 2012. Un truc sympa où six candidats, migrant d'Australie vers le Kenya, la Somalie, l'Irak ou encore l'Afghanistan et peut-être la Libye, vivent « les mêmes déboires que les vrais réfugiés : traversée à bord de frêles embarcations, arrivée dans des camps de réfugiés sans argent, sans papiers ni téléphone. Les candidats vont à la rencontre des vrais réfugiés, partagent leur quotidien et affrontent les préjugés. L'exposition à des défis physiques et émotionnels semble être au cœur du concept. » Ah ben oui ! Avec 15 caméras pour les suivre, un staff médical et sans doute quelques agents des compagnies d'assurance auprès desquelles on n'aura pas manqué de les inscrire avant d'entreprendre cette grande aventure.
Aujourd'hui, on découvre que la chaîne publique TC, de la télévision tchèque, a lancé depuis samedi « Dovolená v Protektorátu » (« Vacances dans le protectorat »). Le concept : réunir trois générations d'une même famille, les engueniller comme à l'époque et leur faire revivre le délicieux temps de l'occupation nazie, en 1939. « La production a engagé des acteurs qui incarnent des soldats allemands ou des agents de la Gestapo chargés d'espionner et d'intimider sept candidats », nous explique-t-on. C'est vrai que revivre la persécution des Juifs et des Tziganes, c'est drôlement fun !
La productrice de l'émission, Zora Cejnkova, se défend toutefois de tout mauvais goût. Elle explique : « Nous sommes conscients qu'évoquer cette période de troubles est sujet à controverse. Mais nous pensons qu'il n'y a rien de mal à faire cette émission, sachant que nous faisons très attention à ce que certaines règles éthiques et la réalité historique soient respectées. » Comment dire, chère Madame, voyez-vous, cela n'est pas de nature à nous rassurer. En effet, si vous tenez à respecter la réalité historique à la lettre, il va aussi vous falloir rouvrir les camps et entraîner quelques comédiens zélés à pratiquer la torture !
La connerie et son corollaire l'appât du gain étant sans doute aussi vastes que l'insondable univers, l'actuelle télé-réalité est en voie de dépasser ce qu'on imaginait de pire dans les fictions d'hier. Demain, c'est sûr, on aura un concours de bourreaux, peut-être l'élection de Miss Gégène. Et le plus grave, c'est qu'il y aura toujours du monde pour regarder !
Loin de l'image que tente de véhiculer Total au travers de sa nouvelle campagne publicitaire « Engagé pour une énergie meilleure » [2], ce contre-rapport annuel démontre que les activités de cette multinationale ont toujours autant de conséquences néfastes et parfois irréversibles sur les populations, l'environnement et le climat. Fruit d'enquêtes de l'Observatoire des Multinationales et des Amis de la Terre, il se fait le relais des questionnements et des critiques de multiples acteurs de la société civile, en se plaçant autant que possible du point de vue de ceux - communautés affectées, travailleurs, contribuables, simples citoyens - qui n'ont généralement pas voix au chapitre lorsqu'il s'agit de décider de la stratégie des entreprises, mais qui en supportent les coûts.
En Egiland, au Nigeria, où Total est implanté depuis 1964, les populations locales souffrent de façon croissante des impacts sociaux et environnementaux des activités du pétrolier français [3]. Jerusalem Ugorji Ajie, membre des communautés Egi, et Prince Williams Chima, avocat d'Environmental Rights Action/Les Amis de la Terre Nigeria [4], sont présents cette semaine à Paris pour témoigner plus particulièrement des problématiques de torchage du gaz, et d'accaparement et pollutions des terres suite au projet d'extension de l'usine à gaz de Total (Obite), et surtout suite à l'accident majeur survenu sur le champ gazier d'Ibewa en 2012.
Juliette Renaud, chargée de campagne sur les Industries extractives et la RSEE aux Amis de la Terre France commente :
« En Egiland, Total fomente les divisions entre les communautés pour mieux régner. Au lieu de se cacher derrière des politiques de « responsabilité sociale » qui ne profitent qu'à des élites locales non représentatives, Total ferait mieux de reconnaître la réalité des conflits qui se multiplient avec les communautés Egi. L'entreprise doit immédiatement remédier aux dommages qu'elle a causés et verser des indemnisations justes à l'ensemble des familles dont les terres ont été réquisitionnées ou polluées. »
Alors que de nombreuses familles attendent des indemnisations depuis plusieurs années, les représentants des communautés Egi se rendront vendredi à l'Assemblée générale des actionnaires de Total afin de demander directement des comptes au Directeur général du groupe, Patrick Pouyanné. Ils rencontreront aussi des membres du gouvernement français et des parlementaires, afin de les interpeller sur la nécessité urgente de réformer le cadre légal qui permet aux multinationales d'agir en toute impunité.
Juliette Renaud conclut :
« La lutte des communautés Egi pour obtenir justice et réparation face au géant pétrolier Total illustre typiquement la problématique de la responsabilité des maisons-mères sur les activités de leurs filiales à l'étranger. Il est urgent que le gouvernement s'engage fermement pour que la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, qui a été votée à l'Assemblée nationale le 30 mars dernier, soit sans tarder à l'agenda du Sénat et que les sénateurs se mobilisent pour l'adopter. » [5].
Au-delà du cas de Total, et face à l'urgence climatique, les Amis de la Terre appellent nos gouvernements à œuvrer véritablement pour qu'une transition énergétique juste voie le jour. Ils viennent de lancer une pétition pour faire pression sur Total, et de publier une brochure intitulée « Laissons les énergies fossiles dans le sol ! » pour sensibiliser l'opinion publique et décrypter ces enjeux [6].
Notes :
[1] Le contre-rapport de l'Observatoire des Multinationales et des Amis de la Terre France est disponible ici.
[3] En novembre 2014, à l'occasion de la nomination de Total aux Prix Pinocchio, Les Amis de la Terre France et Nigeria ont publié des témoignages inédits des communautés Egi, disponibles ici.
Voir également la réaction de Total à sa nomination, et les réponses point par point à ses arguments envoyées par Les Amis de la Terre et leur partenaire Sherpa, disponibles ici.
[5] L'adoption de cette loi est survenue après des années de mobilisation de la société civile. Voir le communiqué de presse des Amis de la Terre et de leurs partenaires du Forum citoyen pour la RSE.
[5] La brochure est disponible ici. Les deux lettres de cyberaction demandent à Total de se retirer de l'aire naturelle protégée Auca Mahuida en Argentine, et d'indemniser les communautés affectées par ses activités au Nigeria.
Commentaire : Une urgence climatique inexistante face à la pollution réelle que l'exploitation des énergies fossiles génère. Le prix humain à payer est quand à lui exorbitant :
Macédoine : la
révolution de couleur en vue sent le gaz
Wayne MADSEN
C'est l'alerte en Macédoine. Le pays, en effet, connaît des bouleversements
qui semblent anticiper la catastrophe d'une soi-disant "révolution de couleur"
semblable à celle qui a dévasté de nombreux pays dans l'aire ex-socialiste en
Europe, dont la plus récente est l'Ukraine.
Le plan diabolique visant à déstabiliser la Macédoine, ourdi par la
Secrétaire d’État assistant Victoria Nuland, l’ambassadeur des États-Unis en
Macédoine Jess Baily et les leaders de l’opposition sociale-démocrate Zoran Zaev
et Branko Crvenkovski – en quelque sorte les Arseny Iatseniouk et Petro
Porochenko de Macédoine – est entré dans une phase critique. Des membres de la
soi-disant dissoute Armée de libération du Kosovo (ALK) multiplient en effet
leurs incursions terroristes sur le territoire macédonien à partir du
Kosovo.
Le projet du Département d’État US et de ses comparses macédoniens Zaev et
Crvenkovski vise à chasser le gouvernement élu démocratiquement du Premier
ministre Nikola Gruevski et du Président Georgy Ivanov lors d’un soulèvement
organisé par des agents grassement payés de George Soros. Les artisans de ce
coup d’état, dont ceux que l’on appelle dans toute la Macédoine les Sorosites,
espèrent renverser le gouvernement soucieux de l’indépendance de la
Macédoine.
Le nouveau gouvernement commencerait par annuler le projet de pipeline
Turkish Stream, destiné à acheminer le gaz naturel de Russie en Europe centrale
via la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie et la Hongrie. Il négocierait
également avec la Grèce, l’Union européenne et l’Otan afin d’abolir l’usage du
nom Macédoine en vue d’accélérer son adhésion à l’UE et à l’Otan. Enfin, il
s’attacherait à répondre aux vœux des nationalistes albanais d’Albanie et du
Kosovo dans les régions à majorité albanaise de Macédoine, à savoir, les
détacher du pays pour les rattacher à la Grande Albanie.
C’est la montée de l’irrédentisme nationaliste albanais le long de la fragile
frontière albano-kosovare qui constitue la plus grande menace pour l’intégrité
politique et territoriale de la Macédoine. Les premiers signes de troubles le
long de la frontière se sont manifestés en avril lors de l’attaque d’un poste de
police macédonien frontalier de Gošince par 40 hommes armés portant l’insigne de
l’ALK, prétendument hors-la-loi. Cette opération a eu lieu en même temps que le
ministre kosovar des Affaires étrangères Hashim Thaci, ancien leader de l’ALK,
mettait les autorités serbes au défi de l’arrêter pour des accusations de
terrorisme remontant à 2007, et les menaçait de se rendre à Belgrade pour
assister à une conférence organisée par les Sorosites. L’arrestation du ministre
kosovar des Affaires étrangères aurait donné prétexte à une confrontation entre
l’Otan/UE et la Serbie. Rappelons que celle-ci est un partenaire vital non
seulement du pipeline Turkish Stream, mais également du tronçon ferroviaire de
la Route de la Soie qui traversera les Balkans pour relier le port grec du Pirée
à Budapest, en passant par la Macédoine et la Serbie.
Le 9 mai, des hommes armés venus du Kosovo ont affronté la police
macédonienne à la ville frontalière septentrionale de Kumanovo à l’occasion
d’une opération de contre-terrorisme. Une fusillade a éclaté entre les membres
de l’ALK suspectés de terrorisme et la police. Six policiers macédoniens et un
nombre inconnu de terroristes albanais ont été tués dans la bataille qui s’est
ensuivie.
L’attaque perpétrée par l’ALK restaurée contre le poste frontière macédonien
de Gošince, où des officiers de police macédoniens ont été pris en otage jusqu’à
ce que les Albanais auteurs du raid reprennent le chemin du Kosovo, ainsi que la
dernière incursion en date de l’ALK à Kumanovo, n’auraient pas été possibles
sans que le protecteur militaire du Kosovo, l’Otan, ne soit au courant.
Rappelons d’ailleurs que c’est précisément au Kosovo que l’Otan a sa plus grande
base militaire, Camp Bondsteel.
En 2001, l’ALK, alliée aux nationalistes albanais macédoniens de l’Armée de
Libération Nationale (ALN) de Macédoine, s’est battue contre les forces
gouvernementales macédoniennes à Aračinovo, en Macédoine. Lors de cet épisode,
des forces de l’armée privée US Military Professional Resources, Inc. (MPRI)
étaient impliquées des deux côtés. La MPRI prêtait main forte à l’ALN tout en
fournissant des conseillers à l’armée macédonienne. On pense que la MPRI avait
transmis des informations relatives à la sécurité nationale de la Macédoine à
l’ALN avant l’attaque par l’ALK/ALN à Aračinovo. Les accords d’Ochrid ont vu la
Macédoine, généralement pacifique, accorder de généreux droits d’autonomie à sa
population albanaise en vue d’éviter la violence qui a détruit le Kosovo et la
Bosnie. Ces accords sont aujourd’hui menacés par la pression croissante sur le
gouvernement de Skopje exercée par les forces déstabilisatrices de Nuland et
Soros.
Comme s’il agissait sur ordre de ses maîtres sorosites, le leader
nationaliste albanais Koco Danaj a déclaré à Tirana que l’incident de Kumanovo
était la faute de Gruevski [le Premier ministre macédonien, NdT], qu’il
comparait à Adolf Hitler. Danaj est le chef d’un groupe nationaliste albanais
appelé Plateforme pour une Albanie naturelle dont les adhérents en Albanie, au
Kosovo, au Monténégro et en Macédoine ambitionnent de créer une Grande Albanie.
Danak a indiqué qu’il a des alliés prêts à se mobiliser dans ce but à Pristina,
à Skopje et Ulcinj, cette dernière ville étant le principal centre albanais du
Monténégro.
Pour intimider Gruevski, Danaj a déclaré qu’il finirait dans le sang. Il l’a
par ailleurs averti de s’abstenir de toute tentative d’étouffer les activités
terroristes albanaises en Macédoine. En fait, les membres de l’ALK pris par la
police à Kumanovo étaient, selon Gruevski, en train de planifier une série
d’attentats contre des bâtiments administratifs de Skopje et d’autres villes
macédoniennes.
En même temps que Danaj proférait ses menaces à l’encontre de la Macédoine
depuis l’Albanie, membre de l’Otan, les musulmans bosniaques jouaient à Novi
Pazar, capitale de la province serbe à majorité musulmane de Sandzhak, une
reprise d’un défilé de la division Handzar de la Waffen SS. Pour cet événement,
les Bosniaques ont choisi le 9 mai, jour de commémoration de la Victoire sur le
nazisme. Cette initiative est à rapprocher des parades de divisions Waffen SS
organisées en Lettonie, en Estonie et en Lituanie en vue de mettre les
russophones en colère.
Les troupes de la Waffen SS bosniaque, reconnaissables à leurs uniformes
verts et à leurs fez rouges, faisaient partie des guerriers les plus féroces
d’Hitler. Le jour de la Victoire, les Bosniaques de Novi Pazar portaient
exactement les mêmes uniformes. Les musulmans bosniaques de Sandzhak et leurs
coreligionnaires de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro et de Macédoine sont
largement en faveur d’un califat islamique dans les Balkans, qui inclurait les
musulmans bosniaques et albanais.
Zaev, Crvenkovski et les Sorosites profitent de l’irruption de violence dans
les régions à population majoritairement albanaise de Macédoine pour tenter de
déloger du gouvernement actuel le parti politique albanais. Celui-ci, l’Union
Démocratique pour l’Intégration (UDI), est un partenaire de second plan de la
coalition du parti au pouvoir du Premier ministre Gruevski, le VMRO DPMNE.
Les problèmes des régions albanaises de Macédoine font suite aux violentes
manifestations antigouvernementales de Skopje, à l’instigation des
Sorosites.
Pour monter la population contre le gouvernement, Zaev et Crvenkovski
s’appuient sur des accusations infondées, selon lesquelles le gouvernement de
Gruevski aurait écouté les conversations téléphoniques de 20 000 Macédoniens. Le
fait que seule la NSA et ses partenaires britanniques et allemands sont en
mesure de pratiquer une telle surveillance de masse a largement été tu par la
presse étrangère. Une question subsiste : qui a communiqué à l’opposition
macédonienne les enregistrements des conversations de Gruevski et d’autres
leaders du gouvernement avec ceux de l’opposition ? La sophistication des
interceptions exclut toute initiative des services de renseignement
macédoniens.
L’opposition au gouvernement de Gruevski a vu ses rangs grossis par deux des
grands médias financés par Soros en Macédoine, les chaînes de télévision Telma
et 24 Vesti. Dernièrement, elles ont contribué à enflammer les violentes
protestations contre le gouvernement sur la Place de la Macédoine, dans le
centre de Skopje. À l’occasion de ces manifestations, 36 des 40 blessés dans les
échauffourées devant le siège du gouvernement ont été identifiés comme étant des
officiers de police. Radmila Shkerinska, qui fait partie des leaders
sociaux-démocrates et alliés de Zaev et Crvenkovski, a été vue dans un café
proche des lieux en train de donner des instructions aux manifestants, afin
qu’ils forcent l’entrée des immeubles gouvernementaux. Crvenkovski et Zaev ont
ouvertement appelé au soulèvement populaire contre le gouvernement macédonien.
La Radio Free Europe, également sous l’influence de Soros, n’a cessé de
sous-estimer le nombre d’officiers de police blessés par des manifestants
sorosites. Elle a également omis de mentionner l’agitation extérieure, à
l’arrière des émeutes.
Heureusement, les Macédoniens de tous horizons et de toutes origines
ethniques, Slaves et Albanais, Musulmans et Orthodoxes, sont parfaitement
conscients des influences sorosites derrière les éruptions de violence dans leur
pays, et prêts à se dresser contre elles. Soros et ses agitateurs au sein de
l’opposition macédonienne et à l’ambassade US de Skopje doivent toutefois savoir
que la Macédoine ne se laissera pas piétiner aussi facilement que l’Ukraine.
Un certain François Bugingo, reporter de nombreuses publications, ancien
président de Reporters sans frontières (RSF) Canada et ex-vice-président
international de la même organisation, conférencier à l’occasion aussi, n’a
vraiment pas de chance. Une journaliste du quotidien Québécois « La Presse »,
après enquête, a découvert qu’il était un affabulateur et n’a pas hésité à le
livrer au lynchage, en révélant ses « reportages inventés de toutes pièces ». Il
a, immédiatement, été viré par ses employeurs, qui sont la radio 98,5 FM, TVA
Nouvelles, Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec. Du côté des
confrères, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) est
« extrêmement préoccupée », « va se pencher sur l’affaire » et ses inquiétudes
sont que « ça entache toute la profession » et que « le public ne fasse plus
confiance aux journalistes ».
Sur le plan politique, Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard,
« trouve ça surprenant que, dans un réseau médiatique sérieux, on puisse
apparemment - car il faut que ce soit démontré - monter de toutes pièces des
reportages et des histoires sur l’actualité internationale ». Dans l’absolu, ce
type de réactions peut être considéré comme naturel. Car mentir au public et
trafiquer des informations, est une atteinte majeure à la déontologie
journalistique. Mais nous ne sommes pas dans l’absolu, pour que soit permis de
condamner Bugingo seul, du seul fait qu’une journaliste se soit intéressé à son
travail, sans relativiser, sans élargir son champ d’investigation à toute la
machine médiatique, sans omettre certains fabricants d’informations, pour
lesquels cette machine travaille. Elle se serait, probablement, prise à
plusieurs fois avant de divulguer ses conclusions. Peut-être y a-t-elle pensé,
sans vouloir risquer le coup, le morceau étant trop gros et son journal n’aurait
certainement pas aimé. Passons sur l’interrogation, qui reste somme toute
essentielle, concernant l’escalade de Bugingo au rang de vedette médiatique,
durant de longues années, et son élection à la tête de RSF Canada et de RSF
international. Il a mieux pour se défendre, puisqu’il compte le faire. Il lui
suffit d’exiger que ses « reportages inventés » soient confrontés à la majeure
partie des reportages parus dans la presse et qui ont servi, souvent, à mettre
des pays à feu et à sang. Ses reportages gagneraient, de même, à être rapprochés
de quelques déclarations de Washington ou de ses satellites. Pour l’efficacité,
il faudrait un tribunal spécial qui jugerait des faits. Les mensonges de
l’accusé paraîtront, alors, être un bien moindre mal comparés à ceux qui ont
plongé des peuples entiers dans la tragédie. De l’Irak à la Libye, en passant
par la Yougoslavie, à la Syrie, au Venezuela et autres contrées où la propagande
a remplacé la réalité des faits, les exemples sont édifiants. Sans recourir aux
preuves que les journalistes étaient poussés à inventer la « vérité » qui
agréent leurs patrons, un seul reléguerait le cas Bugingo dans les interlignes.
Celui du général étatsunien, Colin Powel, secrétaire d’Etat qui exposait devant
l’ONU, toute honte bue, son « reportage inventé » sur les armes de destruction
massive de Saddam Hussein.
La probabilité d’un défaut de la Grèce sur sa dette souveraine apparaît aujourd’hui plus élevée que jamais. Depuis ces deux dernières semaines il est pour la première fois explicitement évoqué par des responsables grecs. Ceci marque un changement dans le discours officiel du gouvernement.
Un défaut imminent ?
En fait, si l’on regarde les remboursements à venir que la Grèce doit faire, il est clair que sans un accord avec les pays de l’Eurogroupe un défaut est inévitable.
Graphique 1
Liste des remboursements de la Grèce jusqu’à la fin de 2015
Le Premier ministre grec, M. Alexis Tsipras a déclaré de manière récurrente qu’entre les paiements qui sont dus pour les salaires et les pensions et le remboursement des intérêts ou du principal de la dette, le gouvernement choisirait les premiers et non les seconds[1]. Il a récemment rappelé, devant une assemblée des cadres de son parti SYRIZA, que son gouvernement avait déjà fourni des efforts colossaux mais qu’il n’était pas question de franchir les « lignes rouges » qui avaient été établies au début de la négociation, en février dernier. Quant au Ministre des finances, le charismatique Yannis Varoufakis, il a répété les mêmes choses, tout en ajoutant qu’il avait enregistré les négociations qui se sont tenues ces derniers jours lors du sommet européen de Riga[2]. Ce durcissement, apparent, du discours se comprend fort bien dès que l’on entre dans une logique de négociation. Le gouvernement grec s’est lié explicitement les mains avec les fameuses « lignes rouges », ce qui équivaut soit à user de la « coercive deficiency » comme on a déjà eu l’occasion de le dire[3], ou encore ceci s’apparente à l’attitude d’Ulysse se faisant attacher au mat de son navire pour entendre les sirènes alors que son équipage porte des bouchons de cire[4].
Mais, si le gouvernement grec fait état de progrès dans la négociation, il semble bien que du côté de l’Allemagne on ait une vision très différente des choses. Concrètement, la position du gouvernement grec s’apparente à celle-ci : « nous avons fait le maximum ; C’est à vous (les européens) de faire votre part du travail, sinon nous irons au défaut ». En fait, il semble bien que l’on ait déjà dépassé le stade du « jeu » et que l’on cherche à savoir sur qui portera le blâme du défaut. Car, il faut ici comprendre que si techniquement le défaut n’entraîne pas automatiquement la sortie de la zone Euro, en réalité, politiquement, il s’accompagnera d’une suspension du mécanisme d’approvisionnement en liquidités des banques grecques (ELA). Dans ces conditions, le gouvernement grec n’aura pas d’autres choix que de mettre en place une monnaie parallèle, qui deviendra rapidement la Drachme. Dans le faits, un défaut provoquera très probablement une sortie de l’Euro.
Le défaut est-il inévitable ?
Il faut comprendre que cette question d’un possible, et aujourd’hui probable, défaut de la Grèce n’est importante que parce que une large part de la dette grecque est détenue par la BCE et les différents fonds européens, qu’il s’agisse du FESF ou du MES. Sur un total de 315,5 milliards d’euros de dette, 141,8 milliards sont détenus par le FESF, 52,9 milliards dans des prêts bilatéraux avec les pays de la zone Euro, 27 milliards sont détenus par la Banque Centrale Européenne et 25 milliards par le FMI.
Un défaut obligerait les pays qui ont contribué à ces fonds de les provisionner à hauteur du montant de la dette répudiée. En agitant la question du défaut, le gouvernement grec signifie à ces partenaires, mais qui sont aujourd’hui aussi ses adversaires, de l’Eurogroupe que ce sont eux, et non le peuple grec, qui subira la conséquence de leur inconséquence.
Car, sur ce point, il y a eu une profonde inconséquence de la part des pays de la Zone Euro. Quand il est devenu clair que la dette grecque s’apparentait à une pyramide financière, ce que l’on appelle un « système Ponzi », en 2010, ces pays auraient du accepter que la Grèce fasse défaut sur une partie de sa dette. Mais, ceci fut refusé pour deux raisons.
La première était – et elle est toujours – une question de principe. La Zone Euro, pour l’appeler de son nom véritable l’Union Economique et Monétaire, prévoit que chaque pays est responsable, et lui seul, de ses finances publiques. On pourrait alors penser que cette responsabilité aurait pour conséquence de laisser un pays endetté faire défaut. Mais, cette solution a été interdite au nom du sauvetage de l’Euro. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont tombés d’accord pour considérer qu’il était impossible de tolérer un défaut dans la zone Euro. Là se trouve la première inconséquence ; on construit une Union monétaire et une monnaie unique, et l’on refuse aux pays à la fois les ressources du fédéralisme et la possibilité d’un défaut. Cette inconséquence est primordiale.
Mais il y a une seconde raison. En fait, les dirigeants européens étaient tétanisés par le fait que des banques allemandes et françaises étaient largement engagées sur la dette grecque. S’ils ont refusé la possibilité d’un défaut, ce fut essentiellement pour éviter une nouvelle crise bancaire qui aurait révélée les inconséquences dans la gestion et dans la supervision de ces banques. Nous avons ici une deuxième inconséquence.
Refusant le défaut, les gouvernements de la zone Euro ont mis sur pied un système complexe de refinancement de la Grèce dont les effets sur l’économie du pays se sont révélés catastrophiques. En fait, on demandait à la Grèce de supporter une dette de plus en plus importante alors que son économie se contractait.
Graphique 2
Cette troisième inconséquence a provoqué la crise sociale gravissime que la Grèce connaît aujourd’hui, et qui a portée SYRIZA au pouvoir. Dans ses conditions, le choix proposé par Tsipras et Varoufakis, soit la dette grecque est pour partie annulée et pour partie restructurée sur le modèle de ce que l’on a consenti à l’Allemagne en 1953, soit il y aura un défaut de la Grèce était clair. Ici encore, et c’est la quatrième inconséquence, les pays de l’Eurogroupe n’ont pas voulu d’une solution « à l’allemande » sur le modèle de l’accord de 1953 avec ce pays. Ils devront très probablement affronter le défaut.
Défaut grec ou défaut européen ?
Un défaut n’est pas la fin du monde. Mais, ce défaut aura incontestablement des conséquences tant économiques que politiques importantes. Il va signer l’écroulement d’une grande partie de la politique de l’Union européenne, à la fois quand à ses méthodes que quand à ses objectifs. Il pourrait entraîner le début de la fin pour l’Euro.
En ce qui concerne les méthodes, la négociation avec la Grèce a été menée en dépit du bon sens ou, plus exactement en dépit du bon sens démocratique (ce qui, il faut en convenir, n’est pas tout à fait la même chose). On a cherché à discréditer, à menacer, voire à corrompre, les négociateurs grecs. Ces négociations se tiennent d’ailleurs dans la plus grande obscurité. On ne tient pas de minutes des déclarations des uns et des autres, et on laisse à la presse le soin de réaliser des « fuites » dont le contenu est incontrôlable en l’absence justement de ces minutes. Yannis Varoufakis l’a très bien dit sur son blog, reconnaissant qu’il enregistrait les négociations pour que l’on sache un jour à quoi s’en tenir quant au comportement des uns et des autres : « Et peut-être devrions-nous questionner les institutions européennes dans lesquelles des décisions d’une importance fondamentale sont prises, au nom des citoyens européens, mais dont les minutes ne sont ni prises ni publiées.
Le secret et une presse crédule ne sont pas de bons augures pour la démocratie européenne »[5].
Quand on sait que Varoufakis est en réalité un défenseur du projet européen, il faut comprendre, et il faut entendre, l’ampleur et la portée de sa critique. Effectivement, c’est la démocratie européenne, non pas en tant que principe (déjà bien malade depuis 2005 et le refus de prendre en compte les référendums tant français que néerlandais) mais en tant que système de règles opérationnelles et devant assurer la responsabilité des acteurs pour leurs actes, qui est aujourd’hui absente. On sait bien que sans responsabilité il n’y a plus de démocratie. Ce que dit Varoufakis c’est que l’Union européenne n’est plus, dans son fonctionnement quotidien un système démocratique.
Mais, l’échec touche aussi les objectifs de l’Union européenne. Dans le cas de la Grèce, officiellement on prétend vouloir garder le pays dans la zone Euro. Mais, dans les faits, et pour des raisons diverses, on voit émerger une préférence pour l’austérité qui emporte tout sur son passage. La position de la Grèce a été soutenue par de nombreux économistes, et même le FMI a considéré que sur un certain nombre de points le gouvernement grec avait raison. Mais, rien n’y fait. Tout se passe comme si le gouvernement allemand, aidé on doit le dire du gouvernement français qui se comporte – hélas – sur ce point comme le plus complaisant vassal, comme le plus bas des laquais, voulait à tout prix imposer à TOUS les pays de la zone Euro l’austérité mortifère qui est sa politique. Et on peut comprendre que des concessions à la Grèce entraîneraient immédiatement des demandes de l’Espagne. Dans ce dernier pays Podemos, le parti issu du mouvement des indignés a remporté ce dimanche 24 mai de belles victoires et cela fragilise d’autant la position du Premier ministre espagnol, Rajoy. Mais, ceci est vrai aussi du Portugal et de l’Italie. Des concessions à la Grèce seraient le début d’une mise en cause générale de l’austérité, ce dont le gouvernement allemand ne veut sous aucun prétexte. A la fois pour des raisons idéologiques mais aussi pour des raisons bien plus matérielles.
La banqueroute de l’Union européenne.
Ce qui se profile donc à l’horizon n’est pas un défaut grec, ou plus exactement pas seulement un défaut grec. Nous assistons à la banqueroute de l’idéologie européiste mais aussi de l’Union européenne. A travers le défaut grec c’est une mise en défaut de la politique de l’Union européenne, prise en otage par l’Allemagne, que nous assisterons. Ce défaut sera donc un défaut européen, car il signera la fin d’une certaine idée de l’Union européenne et ouvrira une crise profonde et durable en Europe. Les institutions européennes seront atteintes dans leur légitimité. Ce défaut sera la base de la révolution qui vient.
« Avec quelques décisions courageuses, le problème de la faim pourrait être résolu. » C’est le constat sans appel dressé par Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, alors que 795 millions de personnes souffrent de sous-alimentation. Fervent défenseur de l’agro-écologie, il revient avec Basta ! sur les lobbys à l’œuvre qui bloquent tout changement, dans le secteur agricole comme énergétique. Partisan d’une nouvelle redistribution des richesses, il appelle à inventer de nouveaux rapports sociaux. « Sans revoir les modes de consommation des sociétés riches, nous n’éviterons pas une catastrophe à l’horizon 2080 », prévient-il. Entretien.
Basta ! : Vous avez été pendant six ans rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation. Aujourd’hui 795 millions de personnes dans le monde ont faim, selon la FAO – l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. La situation ne cesse d’empirer. Comment expliquez-vous cet échec ?
Olivier De Schutter [1] : Près d’un milliard de gens ne mangent pas à leur faim, souffrent de sous-alimentation. Et 2,5 milliards de personnes souffrent de malnutrition : elles mangent à leur faim mais leur régime n’est pas suffisamment diversifié pour éviter qu’elles ne tombent malade, résistent aux épidémies,... La sonnette d’alarme a été tirée il y a 25 ans ! Pourquoi rien ne bouge ? Les gouvernements des pays du Sud dépendent pour leur stabilité des élites des villes. Leur souci premier est donc d’écouler sur les marchés des villes des calories à bon marché pour éviter l’impatience des populations urbaines. Cela se fait au détriment des petits agriculteurs et des campagnes. Le problème n’est pas agronomique ou technique, ni même économique : c’est un problème d’absence de prise en compte des intérêts des petits paysans dans la formulation des politiques publiques.
Selon votre prédécesseur aux Nations Unies, Jean Ziegler, laisser mourir de faim un milliard de personnes est un crime contre l’humanité. Qui est responsable de cette malnutrition ?
C’est un paradoxe : nous produisons dans le monde de quoi nourrir plus de 12 milliards de personnes. 4600 kilocalories par jour et par personne sont disponibles. Mais un tiers environ de cette production est gaspillée, perdue, et résoudre ce problème ne semble pas une priorité. Une partie importante des céréales est utilisée pour l’alimentation du bétail. Une autre part, de plus en plus importante, va vers la production d’énergie – biodiesel, éthanol –, une tendance encouragée jusque récemment à coups de subventions par les gouvernements. Il reste tout juste de quoi nourrir un peu plus de 7 milliards de personnes. Les écarts de revenus considérables font qu’un grand nombre de personnes sont trop pauvres pour s’alimenter décemment.
Si Jean Ziegler parle de « crime », c’est parce que ces morts sont évitables. La faim et la malnutrition sont des questions politiques : nous avons toutes les solutions techniques requises, mais nos gouvernements n’en font pas une priorité. Avec quelques décisions courageuses, le problème de la faim pourrait être résolu : en mettant en place des politiques beaucoup plus redistributives, en donnant la priorité à l’alimentation par rapport aux autres demandes adressées au secteur agricole, et en ayant une meilleure représentation des agriculteurs dans les choix politiques. On pourrait très vite résoudre ce problème qui nous hante.
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Les émeutes de la faim de 2008 ont été en partie causées par la spéculation financière. Quelles actions ont été menées pour mettre un frein à la spéculation sur les matières premières ?
En 2008, rares étaient ceux qui disaient que la spéculation financière – les acteurs financiers, les fonds d’investissements – jouaient un rôle dans l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des matières premières agricoles. Aujourd’hui, la FAO, la Banque mondiale ou l’OCDE reconnaissent que cette spéculation a joué un rôle néfaste. Depuis, des mesures ont été prises. A la demande du G20, un système d’information sur l’état des réserves disponibles (Agriculture Market Information System - AMIS) a été mis en place. Cette transparence est importante car au printemps 2008, les rumeurs et informations erronées avaient joué un rôle dans l’explosion des prix du maïs, du blé ou du riz, en incitant les gouvernements à accroitre leurs stocks, et en créant ainsi une rareté artificielle. Mais le secteur privé, les grands céréaliers – Dreyfus, Cargill, Bunge par exemple – qui détiennent des réserves considérables, ne participent pas à cet échange d’informations. Si les gouvernements disposent de réserves alimentaires d’urgence, en cas de catastrophe naturelle, ils sont cependant réticents à en créer d’autres, qui pourraient causer des distorsions sur les marchés. On continue de faire comme si l’évolution erratique des prix était utile aux producteurs, ce qui est une absurdité.
Notre modèle agricole est à bout de souffle. Pour sortir de cette impasse, vous défendez l’agro-écologie…
L’agro-écologie, c’est le bon sens. C’est une manière efficiente d’utiliser les ressources, et de réduire l’empreinte écologique de nos modes de production. Mais l’agro-écologie ne se réduit pas à une série de techniques agronomiques. C’est une manière de penser le rapport de l’agriculture à d’autres enjeux de société : développement rural, santé des populations, maintien des fermes familiales qui sont en train de disparaître. Penser l’agriculture sans penser à la santé, à l’environnement, à l’emploi, au développement rural, à l’aménagement du territoire, cela n’a guère de sens. L’agro-écologie échappe en partie à la compétence d’un ministre de l’Agriculture. Il faut une véritable politique alimentaire en France, plus que des politiques agricoles, d’environnement, d’aménagement du territoire ou de santé. Une politique alimentaire intégrée qui fasse de l’agro-écologie un véritable levier de transformation.
Comment voyez-vous le rapport de force avec les acteurs économiques – lobbys, défenseurs d’une agriculture productiviste, multinationales ou acteurs bancaires – qui bloquent la transition vers ce modèle agricole ?
De nombreuses formes de pression sur l’agriculture vont dans le sens opposé à l’agro-écologie. Nous restons prisonniers d’une obsession pour les économies d’échelle, les monocultures, la production de larges volumes standardisés de matières premières agricoles. Très souvent l’agriculteur est lui-même « standardisé ». Les raisonnements économiques priment dans les choix de production. Nous sommes incapables de changer de paradigme car toutes les politiques agricoles sont focalisées sur l’augmentation des exportations. L’inverse de l’agriculture paysanne, qui n’est pas en adéquation avec les longues chaines de commercialisation. Mais au fond, ce sont les marchés qui ne sont pas en adéquation avec l’agro-écologie. Si l’on ne travaille pas aussi sur les marchés, l’agro-écologie n’a aucune chance de réussir.
Concrètement, comment fait-on pour remettre en cause les règles du commerce international ?
Le commerce international agricole est basé sur une idée très simple : une division internationale du travail toujours plus avancée. Chaque région se spécialise dans les productions sur lesquelles elle a un avantage comparatif, voire ne produit qu’une seule chose et dépend des autres pour le reste de ses besoins. C’est le modèle imposé dans les années 1980-1990, et qui a montré toutes ses limites, écologiques, agronomiques et économiques. Des régions sont extrêmement fragilisées. Quand le prix du riz est passé de 150 à 800 dollars la tonne en l’espace de quelques semaines, en 2008, les pays d’Afrique de l’Ouest ont été véritablement pris au piège, dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins, d’importer à ce prix.
Il faut encourager chaque région à satisfaire autant que possible ses propres besoins alimentaires. Malheureusement les règles du commerce international incitent exactement à l’inverse. L’OMC est une créature du 20e siècle. Il faut accepter que nous ayons changé de siècle. Et nous faisons face à une véritable crise de la démocratie avec les accords de commerce, négociés actuellement dans le secret. Une sorte de « Guantanamo de la démocratie » avec des accords qui échappent à tout véritable contrôle démocratique, et qui vont limiter le pouvoir des parlements, mis sous tutelle de ces accords de libre-échange. C’est extrêmement inquiétant.
Changer l’agriculture, mettre fin à la faim dans le monde, est une question de choix politique, dites-vous. Faites-vous le même constat sur la question de la transition énergétique ?
Sur le climat, nous nous gargarisons d’illusions. Le mot à la mode, « croissance verte », parie sur le génie de nos ingénieurs pour trouver les innovations technologiques qui vont nous permettre de « décarboniser » notre croissance. C’est une pure utopie. Depuis 1990, le PIB n’a pas cessé de progresser mais l’intensité en carbone de la croissance a diminué de 0,7 % par an environ. Sauf qu’en parallèle, la population augmente de 0,8 % par an, et les revenus de 1,4 % par an à l’échelle mondiale. Le « verdissement » de la croissance est insuffisant pour compenser l’augmentation de la population et des revenus, donc de la consommation. Sans revoir radicalement dans les sociétés riches nos façons de consommer, de produire, de nous déplacer, de nous chauffer, nous ne parviendrons jamais à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les proportions nécessaires pour éviter une catastrophe à l’horizon 2080.
Si certains prétendent aujourd’hui que l’on peut continuer comme si de rien n’était, c’est parce que les objectifs de réduction de gaz à effet de serre ne sont pas liés au commerce international. Nous nous prétendons vertueux pour une raison très simple : pour satisfaire nos besoins, nous faisons produire ailleurs. Nous externalisons toutes les industries polluantes et importons toujours plus. C’est une hypocrisie complète. L’Union européenne ne peut pas s’engager à une réduction des émissions de gaz à effet de serre sans tenir compte des émissions qui résultent de notre consommation, des marchandises que nous importons, et en ne comptabilisant que ce qui est produit dans l’UE.
Dans ces conditions, qu’espérez-vous des négociations internationales sur le climat (COP21) qui auront lieu à Paris en décembre ?
Il faut remédier à cette anomalie, à ce système qui conduit à dédouaner les régions qui réduisent leurs émissions tout en important toujours plus et en laissant d’autres polluer à leur place. Ce n’est plus possible. Il faut aussi impérativement reconnaître le rôle des innovations sociales dans la lutte contre le changement climatique. Nous avons beaucoup misé sur les innovations technologiques, et sous-estimé l’importance de l’innovation sociale, comme les chaines courtes en matière d’alimentation, le recyclage des déchets à l’échelle des collectivités locales, l’économie du partage qui permet de s’attacher moins à la possession de biens qu’à l’échange de biens devenus des « biens communs ». Les citoyens sont inquiets et inventent de nouvelles manières de produire et de consommer, mais qui ne sont pas soutenues par les pouvoirs publics, ou rencontrent des obstacles règlementaires. Ces innovations ouvrent pourtant la voie de la transition écologique, à la manière de premiers de cordée en alpinisme.
Faut-il produire moins ? Faut-il réduire nos importations ? Est-ce aujourd’hui acceptable pour les plus pauvres d’entre nous ?
Depuis les années 1970, l’augmentation de la consommation matérielle n’a pas augmenté le bonheur. Les gens sont plus malheureux, plus stressés aujourd’hui, alors que le PIB a augmenté de manière considérable, sans doute triplé. La croissance des inégalités a conduit à une augmentation du ressentiment. Les gens se sentent moins bien dans leur peau. Il y a un mieux-vivre à recréer, qui passe par une réduction de la consommation matérielle. Parallèlement, au Sud, les pays très pauvres doivent pouvoir se développer. Décroissance chez nous, croissance au Sud, pour arriver à une convergence progressive vers des modes de vie qui soient soutenables pour la planète tout entière. C’est difficile.
La croissance est la base du système capitaliste. Cela veut-il dire qu’il faut changer de système économique ?
Pourquoi a-t-on besoin de croissance ? D’abord parce que les pays sont endettés, et que le coût de remboursement de la dette publique est plus important en l’absence de croissance économique. La solution passe par une restructuration de cette dette, des mécanismes pour se débarrasser de ce fardeau, qui détermine aujourd’hui nos choix de société. Ensuite, la croissance est vue comme nécessaire parce que les technologies ont permis d’augmenter la productivité du travail – c’est-à-dire de détruire de l’emploi. Cela signifie que la croissance économique est nécessaire pour créer de l’emploi – pour ceux qui n’en ont pas et ceux qui ont perdu de leur emploi en raison des innovations technologiques – pour éviter le chômage de masse.
Il nous faut aller vers une société où le travail sera moins central. Où nous attacherons beaucoup plus d’importance aux loisirs, à l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Nous avons dégagé du temps grâce aux gains de productivité du travail, mais ce temps a été utilisé non pas pour la culture, la musique, la conversation entre amis, mais pour travailler encore plus, gagner davantage et consommer toujours plus. C’est une impasse. Et une sorte d’aveu d’impuissance : nous sommes extrêmement immatures dans notre manière de concevoir l’avenir des sociétés.
Par où faut-il commencer ?
Nous sommes longtemps partis de l’hypothèse que les hommes et les femmes sont des êtres profondément égoïstes, intéressés uniquement par la maximisation de leur intérêt personnel. Les recherches anthropologiques montrent au contraire que nous sommes des êtres altruistes, qui coopérons les uns avec les autres. Des êtres qui nouent des liens sociaux, qui ont besoin des autres, et sont malades littéralement lorsqu’on encourage un comportement hyper individualiste, égoïste, comme celui des manuels d’économie politique. Il faut miser sur cet altruisme et lui permettre de s’épanouir. Avec des initiatives d’économie du partage, des services rendus entre voisins, des potagers collectifs où chacun peut contribuer ou se servir, des rapports entre producteurs et consommateurs fondés sur la confiance plutôt que sur le souci pour les consommateurs d’avoir les prix les plus bas et pour les producteurs de gagner le plus possible.
Tout cela existe déjà à une échelle relativement embryonnaire. Il faut réfléchir un cadre réglementaire et politique qui permette à ces initiatives de se déployer. Il s’agit au fond de définir un nouveau paradigme des rapports sociaux. La matière première de cette révolution est là. Il existe une série de révolutions tranquilles, qui préparent cet avenir. Mais le politique a du mal à suivre. C’est profondément un problème de gouvernance. Aujourd’hui les gens veulent réfléchir pour eux-mêmes et prendre en main leur destin. Ils veulent que le politique leur donne un espace pour inventer leurs propres solutions.
Vous êtes très optimiste sur la nature humaine. Ces alternatives sont le fait aujourd’hui d’un petit nombre de citoyens. On voit aussi beaucoup de repli sur soi, de haine de l’autre... Ce modèle peut-il être désirable pour la majorité de nos concitoyens ?
Le discours dominant depuis le XVIIIe siècle insiste sur le fait que nous sommes des êtres intéressés par l’amélioration de notre profit personnel. Ce discours qui se prétend scientifique – qui vient surtout des économistes – a imprégné les consciences. On a amené les gens à réprimer la meilleure part d’eux-mêmes, la part altruiste, coopérante. Max Weber explique bien dans L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme comment cette rupture s’est effectuée, lorsque la mentalité pré-capitaliste, traditionaliste, a été marginalisée. Il est très difficile de sortir de cette cage psychologique.
L’augmentation des inégalités depuis le début des années 1980 crée des tensions au sein de la société, une compétition. Il faut des politiques sociales qui renforcent l’égalisation des conditions matérielles, pour éviter que les gens ne se jaugent qu’au regard de la consommation dont ils sont capables par leur pouvoir d’achat. Et les politiques doivent cesser de jouer sur les peurs, et au contraire donner aux gens l’envie de collaborer pour une société meilleure. C’est une rupture culturelle autant qu’économique et politique qui est nécessaire.
Cet entretien a été réalisé lors du colloque La Bio dans les étoiles, à Annonay (Ardèche), le 17 avril 2015. Un événement organisé par la Fondation Ekibio, qui a pour mission de sensibiliser les citoyens à l’influence de l’alimentation sur la protection de l’environnement, de la santé et la restauration de la biodiversité agricole et du lien de solidarité entre producteurs et consommateurs.
Belle démonstration de François de Siebenthal, qui nous révèle que les problèmes de l’Europe ne sont pas dus à l’Euro, mais au système monétaire mondial.
En effet, si vous l’écoutez tout en ne sachant pas qu’il parle de la Suisse, vous penseriez entendre un Belge, un Français ou un Italien. Les problèmes de la Suisse sont exactement les mêmes problèmes que ceux de l’Europe.
Ainsi, la démonstration est faite !
La Suisse qui a sa propre monnaie, son propre système économique, croule sous les mêmes problèmes que tout le reste de l’Europe, qui a choisi sa monnaie unique, l’Euro.
Nous comprenons qu’il y a là, un système économique mondial qui envoie toutes les économies à la casse. Le grand ordonnateur n’est autre que la FED, qui contribue à la BULLE des indices et à une très grande déréglementation boursière. Les économistes s’en arrachent les cheveux, tellement toute cette masse monétaire est fictive. C’est ce que dénonce justement François Siebenthal.
+ Un banquier suisse explique en 3 minutes l’arnaque de la création monétaire, avec le Canada comme exemple
Alors que la Chine a déjà son « armée de l’ombre » depuis une dizaine d’années pour faire la contre-propagande sur le Web, le Premier ministre français Manuel Valls annonce une initiative qui pourrait ne pas être éloignée : une fondation qui aura pour charge d’alimenter des community managers en outils pour diffuser la « parole officielle » contre le djihadisme et le complotisme.
Manuel Valls a-t-il trop bien écouté les paroles de Lui Wei, le ministre chinois de l’administration du cyberespace, qui l’an dernier avait demandé à l’Europe de s’inspirer de la Chine pour faire d’internet « une place publique d’opinions honnêtes et raisonnables » ?
La France va mettre sur pieds une Fondation de droit privé qui aura pour charge d’alimenter un « bataillon de community managers de l’État » en outils de contre-propagande pour s’opposer non seulement au djihadisme, mais plus largement aux discours dits « complotistes » qui peuvent miner la crédibilité donnée aux informations officielles de l’Etat, et donc indirectement alimenter les adversaires de la France.
« Nous nous adressons au coeur de cible : les jeunes en voie de radicalisation« , annonce Manuel Valls. « Nous allons donc mettre en place un bataillon de community managers de l’Etat pour opposer une parole officielle à la parole des djihadistes, et ne pas leur laisser l’espace numérique« . « Mais nous savons qu’il est difficile pour les autorités, pour l’État, pour les adultes, de s’adresser aux jeunes concernés, les djihadistes utilisant la théorie du complot justement pour décrédibiliser la parole officielle. Il faut reconnaître que leurs sites, leur paroles, sont « très bien faites, très efficaces », c’est une véritable propagande utilisant les moyens modernes pour atteindre les esprits, les coeurs et les cerveaux« .
INSPIRÉ PAR LA CHINE ?
Ces « community managers » agiront-ils au grand jour en portant clairement les couleurs de l’État lorsqu’ils s’exprimeront sur le web, ou l’organisation d’impulsion étatique sera-t-elle plus proche de ce que fait la Chine avec son « parti à 50 centimes », qui constitue une armée de propagande de l’ombre, chargée de répondre aux prétendues « rumeurs » ?
Pour le moment ça n’est pas clair. « Nous devons coordonner les acteurs sur la Toile, la société civile, les acteurs privés, et toute la société doit se mobiliser« , explique Valls (déjà en mars dernier, la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire avait applaudit l’initiative pourtant très contestable d’un groupe Anonymous, de publier et dénoncer une liste d’utilisateurs de Twitter supposément proches de l’État Islamique). Or s’il a d’abord parlé de « community managers de l’État », le Premier ministre a ensuite indiqué que la Fondation, qui « fera de la recherche sur l’évolution du discours et de la propagande djihadistes« , produira des « outils de « contre-discours pour alimenter ces community-managers associatifs« .
La Fondation devrait donc alimenter des associations comme SOS Racisme, la LICRA, le CRIF ou d’autres, pour « croiser le fer plus efficacement contre les recruteurs djihadistes sur la Toile, (et) ouvrir les yeux à ceux qui sont embarqués dans cette dérive« .
Or rien n’interdira à ces blogueurs associatifs d’agir dans l’ombre. Et s’agissant d’une initiative sous droit privé, l’Etat n’aura pas de comptes à rendre.