lundi 18 mai 2015

Mort de Zyed et Bouna : Sarkozy avait menti à l’Assemblé Nationale pour manipuler l’opinion publique (cercle des volontaires)

Mort de Zyed et Bouna : Sarkozy avait menti à l’Assemblé Nationale pour manipuler l’opinion publique

 
Zyed-Benna-Bouna-Traore-300Dix ans après le drame de Clichy-sous-Bois, dans lequel deux jeunes sont morts en se réfugiant dans un site EDF après une course-poursuite avec la police, le tribunal correctionnel de Rennes doit se prononcer aujourd’hui sur la culpabilité des deux policiers poursuivis dans cette affaire. La mort des deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, avait marqué le début de trois semaines d’émeutes dans les banlieueues françaises.
Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur au moment des faits. Plutôt que d’apaiser les tensions, il choisit délibérément de monter l’opinion publique contre les jeunes émeutiers.
En effet, il déclara notamment devant l’Assemblée Nationale que « 75 à 80% » des émeutiers étaient des délinquants bien connus et que ces émeutes traduisaient ainsi « la volonté de ceux qui ont fait de la délinquance leur activité principale de résister à l’ambition de la République de réinstaurer son ordre, celui de ses lois, dans le territoire » (AFP, 15 novembre 2005).
À ce moment, Nicolas Sarkozy ne dit pas la vérité aux français, qu’il connaît pourtant grâce aux services des Renseignements Généraux ; en réalité, seuls 34% des émeutiers étaient déjà connus des services de police, et encore, pour des infractions de faible gravité*. Mais pour s’assurer un soutient de l’opinion publique, il présente les émeutiers comme des « délinquants récidivistes ». Il effraie ainsi la majorité des français, rendant inaudibles les tensions sociales à l’origine de ces émeutes.
Je souhaite rappeler que, à la suite des tragiques événements de Clichy-sous-bois, la presse française elle-même aura mis quatre semaines avant de parler d’ « émeutiers » plutôt que de « délinquants ». La différence est pourtant de taille ! Dans la presse étrangère, dès le départ on parlait de « riots », c’est-à-dire d’émeutiers.
Résultat : On a traité les symptômes (les voitures qui brûlent) plutôt que la cause du mal (la ghettoïsation des banlieues). Sarkozy, en jouant la France contre les brûleurs de voiture, a au passage gagné quelques points de popularité.
Raphaël Berland

* Voir la Revue Claris n°1 (octobre 2006) : « Les mineurs déjà connus de la justice pour des actes délinquants ne représentent en définitive que un tiers (34%) de l’ensemble des mineurs déferrés à Bobigny à les suite des émeutes. En outre, la plupart d’entre eux avaient fait l’objet de mesures de liberté surveillée et de réparation, ce qui laisse supposer une faible gravité d’infraction. L’analyse des 16 affaires jugées indique qu’il s’agit essentiellement de vols et de dégradations (avec seulement deux cas de violence physiques sur les 16 dossiers) ».
Pour mieux comprendre les émeutes de banlieue, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture de ce rapport indépendants de 40 pages : Revue Claris n°1