Difficulté : moyenne. Temps de cuisson : étonnamment court.
Choisissez une vieille démocratie un peu rassie : sa Constitution doit avoir été tripotée assez longtemps pour que la séparation des pouvoirs exécutifs et législatifs ait presque disparu. Si vous connaissez le patron, demandez-lui s'il n'a pas dans ses frigos un État dans lequel le gouvernement commande directement le vote des représentants du peuple: c'est l'idéal.
Sinon, vous n'aurez qu'à réduire la durée du mandat des députés, et faire en sorte que leur élection coïncide avec celle du président : c'est la meilleure façon de s'assurer leur totale soumission et la disparition de toute trace de séparation entre ces deux pouvoirs fondamentaux.
Dès lors, la seule difficulté de notre recette sera de se débarrasser de toute trace d'un pouvoir judiciaire, trop épicé pour nos palais. Ce n'est pas aussi difficile que ça en à l'air :
- Faites évoluer votre justice administrative : en touillant délicatement les peurs des citoyens (immigration, terrorisme...), son rôle devra sortir du seul contrôle de la légalité des actes de votre administration, et s'étendre à la prévention de tout ce que vous aurez choisi de présenter comme un danger.
- Videz de sa substance le rôle du juge judiciaire : en réduisant ses compétences au profit du tribunal administratif (qui est à vos ordres), en réduisant ses moyens pour ensuite constater sa lenteur, puis en affirmant son inadéquation face aux risques toujours plus grands que vous inventerez selon l'air du temps, cette étape n'est qu'une affaire de doigté. N'oubliez pas de vous protéger de son courroux en décrétant l'immunité des gouvernants. Les dernières traces d'un pouvoir judiciaire indépendant pourront alors être masquées par quelques artifices procéduraux qui retarderont toute procédure à votre encontre jusqu'à la fin de votre carrière politique. Fort de tous les pouvoirs, votre exécutif n'a alors plus rien à craindre de personne.
- Faites voter des lois de circonstance : par le contrôle de l'exécutif sur le législatif, n'hésitez pas à doter votre administration de tous les moyens pour surveiller le bas-peuple. Transformez la vidéosurveillance en "vidéoprotection", armez votre police municipale, légalisez les écoutes administratives, puis la surveillance généralisée (là encore, jouez sur la peur du terrorisme: c'est un truc de grand-mère qui marche bien).
À ce stade, votre population n'aura normalement plus aucun moyen de vous renverser, ce qui serait un gâchis et qui salirait irrémédiablement votre cuisine politique (et au cas où elle se détournerait d'un processus démocratique vidé de son sens, vous pourrez toujours décréter le vote obligatoire). Tout est prêt : il ne reste plus qu'à créer un semblant d'alternance pour apaiser les organismes supranationaux (pour des raisons historiques, le régime dictatorial n'est plus adapté au monde moderne) : votre état totalitaire peut être servi pour le plus grand bénéfice de vos invités.
Choisissez une vieille démocratie un peu rassie : sa Constitution doit avoir été tripotée assez longtemps pour que la séparation des pouvoirs exécutifs et législatifs ait presque disparu. Si vous connaissez le patron, demandez-lui s'il n'a pas dans ses frigos un État dans lequel le gouvernement commande directement le vote des représentants du peuple: c'est l'idéal.
Sinon, vous n'aurez qu'à réduire la durée du mandat des députés, et faire en sorte que leur élection coïncide avec celle du président : c'est la meilleure façon de s'assurer leur totale soumission et la disparition de toute trace de séparation entre ces deux pouvoirs fondamentaux.
Dès lors, la seule difficulté de notre recette sera de se débarrasser de toute trace d'un pouvoir judiciaire, trop épicé pour nos palais. Ce n'est pas aussi difficile que ça en à l'air :
- Faites évoluer votre justice administrative : en touillant délicatement les peurs des citoyens (immigration, terrorisme...), son rôle devra sortir du seul contrôle de la légalité des actes de votre administration, et s'étendre à la prévention de tout ce que vous aurez choisi de présenter comme un danger.
- Videz de sa substance le rôle du juge judiciaire : en réduisant ses compétences au profit du tribunal administratif (qui est à vos ordres), en réduisant ses moyens pour ensuite constater sa lenteur, puis en affirmant son inadéquation face aux risques toujours plus grands que vous inventerez selon l'air du temps, cette étape n'est qu'une affaire de doigté. N'oubliez pas de vous protéger de son courroux en décrétant l'immunité des gouvernants. Les dernières traces d'un pouvoir judiciaire indépendant pourront alors être masquées par quelques artifices procéduraux qui retarderont toute procédure à votre encontre jusqu'à la fin de votre carrière politique. Fort de tous les pouvoirs, votre exécutif n'a alors plus rien à craindre de personne.
- Faites voter des lois de circonstance : par le contrôle de l'exécutif sur le législatif, n'hésitez pas à doter votre administration de tous les moyens pour surveiller le bas-peuple. Transformez la vidéosurveillance en "vidéoprotection", armez votre police municipale, légalisez les écoutes administratives, puis la surveillance généralisée (là encore, jouez sur la peur du terrorisme: c'est un truc de grand-mère qui marche bien).
À ce stade, votre population n'aura normalement plus aucun moyen de vous renverser, ce qui serait un gâchis et qui salirait irrémédiablement votre cuisine politique (et au cas où elle se détournerait d'un processus démocratique vidé de son sens, vous pourrez toujours décréter le vote obligatoire). Tout est prêt : il ne reste plus qu'à créer un semblant d'alternance pour apaiser les organismes supranationaux (pour des raisons historiques, le régime dictatorial n'est plus adapté au monde moderne) : votre état totalitaire peut être servi pour le plus grand bénéfice de vos invités.