Philosophie : L'apparition de la tyrannie décrite par Platon
D'une actualité brûlante ! Voici ce qu'écrivait Platon (1) dans sa « République » sur le glissement de la démocratie vers la tyrannie et le processus corrupteur du pouvoir.
LA NAISSANCE DE LA TYRANNIE CHEZ PLATON
J'aimerais ici rappeler comme la « tyrannie « apparaît pour Platon dans la République.
Ce dernier attribue la « naissance » du despotisme à une transformation dans l'esprit même de l'homme démocratique - ivre de désirs et d'égalitarisme- qui finit par confier le pouvoir à des individus qui en viendront à le gouverner et le rendre esclaves .
En effet, née en vue de l'égalité, la démocratie transforme rapidement ce projet en une « ivresse » égalitariste. Elle favorise l'émergence d'un homme démocratique, « bigarré » et qui ne sait plus « hiérarchiser » ses désirs. Elle installe une société qui égalise toutes les valeurs en ignorant les êtres d'exception et de valeur. Celle-ci crée alors, à son insu, un véritable esclavage : celui du désir. Et dès lors, indique Platon « l'excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude et dans l'individu et dans l'Etat » . (1)
Ce désir incontrôlé finit par faire peur aux riches qui craignent un nouvelle révolution. Ils prennent la parole devant le peuple et décident d'employer «tous les moyens qui seront en leur pouvoir » afin de gouverner celui-ci et le dominer en l'abusant, en lui faisant progressivement perdre tout sens critique. Dès lors, affaibli intellectuellement - ou par d'autres biais- incapable de bon jugement « le peuple finira par prendre l'habitude de mettre à sa tête un homme dont il nourrit et accroît la puissance» (2).
Cet oligarque finira par s'enivrer peu à peu de son pouvoir. Dans les premiers jours de son pouvoir, il flattera les pauvres et les riches. Mais très rapidement, tel un loup, il ne saura « s'abstenir du sang des hommes de sa tribu...Les accusant injustement et les traitant devant les tribunaux...Il fomentera alors une sédition contre les riches » (3) pour réduire leurs pouvoirs. Ceux-ci, finalement alertés, chercheront à comploter afin de le faire disparaître. Mais ce dernier décidera de s'entourer d'une garde rapprochée puis s'octroyer le pouvoir absolu et se protéger.
En fait, le tyran, nous rappelle Platon : « dans les premiers jours, sourira et fera bon accueil à tous ceux qu'il rencontrera, déclarera qu'il n'est pas un tyran, promettra beaucoup et en particulier en public, remettra des dettes, partagera des terres au peuple et à ses favoris, affectera d'être doux et affable envers tous...Mais ensuite il suscitera des guerres pour que le peuple ait besoin de guerres...et pour que les citoyens appauvris par les impôts soient obligés de songer à leurs besoins quotidiens et conspirent moins contre lui....ou pour que certains, qui ont l'esprit trop libre pour lui permettre de commander, puisse se faire tuer en étant livré aux coups de l'ennemi ». (4).
Il se comportera alors comme le mauvais médecin car alors que le bon fait « disparaître ce qu'il y a de mauvais en laissant ce qu'il y a de bon : lui fera le contraire ». (5) . Il videra peu à peu la cité de ses meilleurs éléments, pour mettre au contraire en évidence ceux qui sont de piètre qualité morale et intellectuelle.
(1) République (564a).
(2) République (565d).
(3) République (565d)
(4) République (566d-567c).
(5) République 567 c.
LA NAISSANCE DE LA TYRANNIE CHEZ PLATON
J'aimerais ici rappeler comme la « tyrannie « apparaît pour Platon dans la République.
Ce dernier attribue la « naissance » du despotisme à une transformation dans l'esprit même de l'homme démocratique - ivre de désirs et d'égalitarisme- qui finit par confier le pouvoir à des individus qui en viendront à le gouverner et le rendre esclaves .
En effet, née en vue de l'égalité, la démocratie transforme rapidement ce projet en une « ivresse » égalitariste. Elle favorise l'émergence d'un homme démocratique, « bigarré » et qui ne sait plus « hiérarchiser » ses désirs. Elle installe une société qui égalise toutes les valeurs en ignorant les êtres d'exception et de valeur. Celle-ci crée alors, à son insu, un véritable esclavage : celui du désir. Et dès lors, indique Platon « l'excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude et dans l'individu et dans l'Etat » . (1)
Ce désir incontrôlé finit par faire peur aux riches qui craignent un nouvelle révolution. Ils prennent la parole devant le peuple et décident d'employer «tous les moyens qui seront en leur pouvoir » afin de gouverner celui-ci et le dominer en l'abusant, en lui faisant progressivement perdre tout sens critique. Dès lors, affaibli intellectuellement - ou par d'autres biais- incapable de bon jugement « le peuple finira par prendre l'habitude de mettre à sa tête un homme dont il nourrit et accroît la puissance» (2).
Cet oligarque finira par s'enivrer peu à peu de son pouvoir. Dans les premiers jours de son pouvoir, il flattera les pauvres et les riches. Mais très rapidement, tel un loup, il ne saura « s'abstenir du sang des hommes de sa tribu...Les accusant injustement et les traitant devant les tribunaux...Il fomentera alors une sédition contre les riches » (3) pour réduire leurs pouvoirs. Ceux-ci, finalement alertés, chercheront à comploter afin de le faire disparaître. Mais ce dernier décidera de s'entourer d'une garde rapprochée puis s'octroyer le pouvoir absolu et se protéger.
En fait, le tyran, nous rappelle Platon : « dans les premiers jours, sourira et fera bon accueil à tous ceux qu'il rencontrera, déclarera qu'il n'est pas un tyran, promettra beaucoup et en particulier en public, remettra des dettes, partagera des terres au peuple et à ses favoris, affectera d'être doux et affable envers tous...Mais ensuite il suscitera des guerres pour que le peuple ait besoin de guerres...et pour que les citoyens appauvris par les impôts soient obligés de songer à leurs besoins quotidiens et conspirent moins contre lui....ou pour que certains, qui ont l'esprit trop libre pour lui permettre de commander, puisse se faire tuer en étant livré aux coups de l'ennemi ». (4).
Il se comportera alors comme le mauvais médecin car alors que le bon fait « disparaître ce qu'il y a de mauvais en laissant ce qu'il y a de bon : lui fera le contraire ». (5) . Il videra peu à peu la cité de ses meilleurs éléments, pour mettre au contraire en évidence ceux qui sont de piètre qualité morale et intellectuelle.
(1) République (564a).
(2) République (565d).
(3) République (565d)
(4) République (566d-567c).
(5) République 567 c.