« Un contrôle stigmatisant et criminalisant »
Kareen Janselme
Jeudi, 9 Juillet, 2015
Humanite.fr
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La situation des chômeurs pourra désormais être évaluée, voir jugée, par les agents contrôleurs de façon graduée.
Photo : Reuters
Plusieurs militants de mouvements de précaires et chômeurs et de syndicats n’ont pu empêcher la tenue du comité central d’établissement de Pôle Emploi entérinant la généralisation du contrôle des chômeurs dès le mois d’août.
Après les Boers anti-uber, voici les Boers anti-chômeurs : à partir du mois d’août, 200 agents de Pôle Emploi feront la chasse aux chômeurs à temps plein. Le dernier comité central d’entreprise consacré au projet de généralisation du contrôle de la recherche d’emploi s’est bien tenu hier, malgré la mobilisation de militants au petit matin devant le siège de Pôle Emploi. « Les CRS sont venus et nous ont dégagé » témoigne Isabelle Rajao, conseillère Pôle Emploi et militante de Sud ayant répondue présente à l’appel partagé par les mouvements de précaires et chômeurs (AC ! agir ensemble contre le chômage, l’Apeis, le mouvement national des chômeurs et précaires, la coordination des intermittents et précaires d'Île-de-France) et des syndicats (Sud Culture, Sud Emploi, Snu Pôle Emploi). Le CCE a donc fini par s’ouvrir sous haute protection pour pouvoir définitivement entériner la décision du conseil d’administration de Pôle Emploi de redéployer 200 agents à temps plein pour contrôler « tous les demandeurs d’emploi ». « Cela fait 1600 heures par jour consacrées uniquement à l’épluchage de fichiers, déplore Jean-Charles Steyger, délégué syndical de SNU-Pôle Emploi. Comme cette mesure, tout converge pour faire baisser les chiffres du chômage. » Le syndicaliste s’inquiète du dévoiement de la mission d’accompagnement des agents alors qu’ils sont déjà en nombre insuffisant non pas pour surveiller les mauvais chômeurs mais pour les orienter et les aider pour leur retour à l’emploi. « D’après la cour des comptes, sur les 53 000 agents de Pôle Emploi, 38 000 seulement sont en contact direct avec le public. Si on retire les cadres et les agents administratifs, et ceux qui gèrent les droits, cela ne concerne plus que 21 000 agents. Il n’y a donc plus que 21 000 agents en accompagnement direct », reprend le syndicaliste qui s’inquiète de l’industrialisation des contrôles. Or une surveillance existe déjà, puisque 13 409 personnes ont été radiées en 2014 pour « insuffisance de recherche d’emploi ». « Il y a une logique informatique qui a été repensée pour aboutir à ce contrôle, déplore-t-il. Toute l’activité, les contacts, les relations entre le conseiller et le demandeur d’emploi sont tracées, c’est redoutable ! ».