Ralentissement au Chili

Ces temps-ci, au Chili, l'hiver austral est plutôt frileux au propre comme au figuré : le taux du chômage a atteint 6,6 % lors du second trimestre de cette année. La détérioration du marché de l'emploi touche tous les secteurs et elle ne devrait pas baisser, les entrepreneurs chiliens attendant même des chiffres pires pour la fin de l'année. On assiste donc à une détérioration progressive de l'économie chilienne que la crise politique de la Présidence Bachelet ne fait qu'aggraver. Tout le secteur privé est en particulier déprimé dans l'attente d'une réforme du droit du travail très controversée qui donnerait par exemple le droit aux syndicats de cacher à leur employeur le nombre de leurs adhérents, voire de les affilier clandestinement et pour le patron le pouvoir de mener plusieurs négociations séparées avec les travailleurs en cas de conflit.

D'autre part, si c'est essentiellement le secteur public qui crée au Chili des emplois, celui-ci souffre de faibles rentrées fiscales et entrera de fait très prochainement en réduction budgétaire. On projette donc un taux de chômage à 6,7 % pour l'année 2015. La production manufacturière est tombée à 3,3 % en mai tandis que la production industrielle a enregistré une chute officielle de 2 % mensuelle (le syndicat représentant du secteur parle lui d'une chute de 4,3%) ce qui serait la pire chute du secteur industriel depuis le tremblement de terre de 2010. Pour l'instant, on peut donc estimer que le Chili connaîtra une croissance économique en 2015 oscillant entre 2,5 % et 2,6 %.

Partout en fait, le scénario d'un refroidissement net de la croissance mondiale gagne en probabilité. C'est en tout cas ce que laisse penser la rechute des marchés financiers depuis deux jours. A Paris, l'indice CAC 40 a affiché un recul de 4,08 % en cinq jours et la Bourse de Shanghai vient de chuter de 8,2 % en trois jours. Nous y reviendrons mais il faut savoir que la crise chinoise affectera d'abord et en priorité les pays émergents producteurs d'Amérique latine ou d'Afrique.

Rechute au Japon

Au Japon, ce n'est guère mieux: le PIB du Japon a reculé de 0, 4% au deuxième trimestre, plombé par la consommation des ménages. Les "Abenomics" lancés il y a deux ans par le Premier ministre Shinzo Abe peinent à porter leurs fruits. En rythme annualisé, la croissance a diminué de 1,6%. Il s'agit du premier recul enregistré dans l'Archipel depuis le troisième trimestre 2014 (juillet-septembre).

Maillon faible de l'économie, la consommation des ménages, qui compte pour quelque 60% du PIB, a fléchi de 0,8% durant la période d'avril à juin (après +0,4% au premier trimestre). Les investissements non résidentiels des entreprises sont quant à eux ressortis en baisse de 0,1% (après +2,8% au 1er Trimestre). Le commerce extérieur a lui aussi contribué négativement à l'évolution du PIB (-0,3 point), alors que les exportations ont chuté de 4,4% par rapport au premier trimestre. Pourtant, au Japon, le Premier ministre conservateur Shinzo Abe tente depuis plus de deux ans de relancer l'économie via une stratégie dite "Abenomics" composée de trois "flèches" (relance budgétaire, assouplissement monétaire et réformes structurelles). Échouerait-il dans son entreprise ?

Ainsi, on lit un peu partout, sur le net, des rumeurs d'un krach mondial pour fin 2015. Septembre, le mois de la rentrée économique est toujours propice à de telles rumeurs que viennent parfois enrichir des prévisions ou des prophéties catastrophistes. Mais ce qui est certain, c'est qu'on assiste en même temps qu'à l'éclatement prévisible de la bulle immobilière en Chine à un redéploiement des capitaux financiers en Asie. Les bourses européennes opèrent et sont actives sur ce déploiement. Ce ne semble pas être le cas de Wall Street mais Wall Street est-il encore dans la course ? Que fera donc la FED pour rééquilibrer le marché : that is the question ?