Ces trois «partenaires» de l’Algérie ont profité, à leur manière, de l’embellie qu’a connue l’économie nationale.
Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, entamera demain une visite de travail en Algérie. Dans l’agenda de la diplomate européenne, un certain nombre de rencontres avec des ministres et des responsables politiques sont programmées. Même si la situation des migrants, la crise libyenne et la guerre en Syrie seront abordées, la nouvelle donne financière consécutive à l’affaissement du marché pétrolier international, aura une part non négligeable dans les discussions qu’aura Mme Affaires étrangères dans l’UE avec les autorités du pays. Il faut dire que l’Algérie, déjà liée à l’Europe occidentale par des Accords d’association, est l’un des partenaires clés de l’UE dans la région. Il faut savoir qu’une bonne partie des importations algériennes d’équipement, vient d’Europe.
La visite de Mme Mogherini clôt une série de missions de hauts responsables du FMI et de la Banque mondiale en Algérie. En effet, la semaine dernière, l’Algérie a reçu le vice-président de la Banque mondiale (BM) pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), Hafez Ghanem, et Jean-François Dauphin, chef de mission en Algérie du Fonds monétaire international. Il est entendu que ces deux responsables des institutions de Bretton Woods ont certainement évoqué la situation financière du pays, émis quelques remarques sur la LFC 2015 et apporté quelques réflexions sur la loi de finances 2016.
On est encore très loin de l’ingérence dans les affaires intérieures du pays, mais l’on sent bien comme un empressement de voir comment les Algériens vont faire pour se tirer d’affaire ou alors, combien de temps vont-ils tenir avant de revenir au FMI en tant que créancier après avoir campé le rôle de débiteur, l’espace de quelques années.
Les deux hauts responsables du FMI et de la Banque mondiale ont annoncé à leur interlocuteur algérien, Abderrahmane Benkhalfa, leur satisfaction de voir l’Algérie réagir «promptement» au choc pétrolier, en mettant en oeuvre une série de mesures destinées à renflouer les caisses de l’Etat. Mais au-delà de ce satisfecit de façade, les envoyés du FMI et de la Banque mondiale ont apporté quelques «précisions» sur ce qu’ils voudraient que l’Algérie mette en place pour dépasser la crise: la réduction des subventions sur les produits de première nécessité, la libéralisation totale de l’économie et du commerce extérieur, l’abandon de la règle du 49/51%, le retrait de l’Etat de la régulation de l’économie, la privatisation massive de ce qui reste du tissu industriel public…
Bref, tout ce que le FMI avait «conseillé» et fait appliquer par le gouvernement au lendemain du rééchelonnement de la dette extérieure, en 1994. Bien que les deux responsables de la finance internationale savent ce qu’il est advenu de l’Algérie parce qu’elle a mis en place le plan d’ajustement structurel, ils réitèrent le même discours, arguant que cette fois, l’économie nationale aura plus de chance de rebondir. Le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne n’étaient pas restés spectateurs du drame algérien des années 1990. Ils y ont pris part en accentuant l’appauvrissement de la société algérienne et la mise à sac de son économie, au point où son redressement n’est toujours pas au rendez-vous, malgré 10 années de rentrées financières record, gonflées par des prix de l’or noir, à plus de 110 dollars le baril.
Ces trois «partenaires» de l’Algérie ont profité, à leur manière, de l’embellie qu’a connue l’économie nationale. D’abord, par le remboursement anticipé de la dette extérieure intérêts compris, ensuite par une hausse exceptionnelle des importations des pays de l’Union européenne et enfin, à travers le prêt de 5 milliards de dollars accordé par l’Algérie au FMI, au moment où le Fonds monétaire international cherchait désespérément des financements pour faire face aux conséquences de la crise financière de 2008.
Une probable chute des revenus de l’Algérie mettrait le pays sur la liste possible des nouveaux clients du FMI et des clubs de Londres et de Paris. Les visites de hauts responsables de ces deux institutions internationales et accessoirement, de la première responsable de la diplomatie européenne en un laps de temps ramassé, relèvent sans doute du hasard du calendrier, mais elles rappellent tout de même une forme de «sollicitude» intéressée qui cache mal des intentions pas toujours avouables.
En fait, les responsables algériens, au même titre que toute la société, savent que la sortie de crise ne pourrait être envisagée avec l’aide du FMI, de la Banque mondiale et de l’Union européenne.