Rétrospectivement, si l'on regarde ce qui s'est passé autour du juge antiterroriste Marc Trévidic, il y a de quoi être frappé. Voici un magistrat qui est réputé avoir pris à cœur les dossiers dont il était en charge depuis l'an 2000, avoir fait aboutir des affaires et connaître particulièrement bien le milieu du terrorisme.
Pour preuve, il déclarait le 30 septembre dans Paris Match, soit un mois et demi avant les attentats de novembre 2015 à Paris que les terroristes essayaient de faire un « 11 septembre à la française », que la France était « l'ennemie n°1 de l'État Islamique ». Le problème est que ce juge... avait été démis de ses fonctions. En effet, une loi datant de 1998 votée sous la présidence Guigou, limite à dix ans la possibilité pour un magistrat spécialisé de rester à la même fonction. Marc Trévidic avait éténommé en mai 2006 juge d'instruction au pôle antiterroriste au tribunal de grande instance de Paris, en remplacement de Jean-François Ricard.
Et pourtant il y a des exceptions :
Mais le pays est tellement paralysé que l'on préférera laisser couler le navire pour respecter la loi à la lettre que d'appeler quelqu'un capable d'écoper :
Alors même que par ailleurs, on modifie cette même loi pour « renforcer la lutte contre le terrorisme » (Le Figaro). Et ne me dites pas que « personne n'est irremplaçable », c'est juste faux. C'est un « psychovirus » utilisé pour garder les gens sous contrôle. Bien sûr, on peut souvent finir par trouver quelqu'un qui va faire le « job ». Mais avec quelle perte de savoir, quelles régressions, quelles opportunités manquées ? Une fois qu'un attentat est fait, il est fait, pas moyen de revenir en arrière.
Sur France-inter on apprend que le 15 août 2015, le juge recueillait, lors de sa dernière audience, l'information stipulant qu'un attentat visant une salle de concert avait été commandé par « Abou Omar », un des terroristes tués à Saint Denis. Il sait que cette information a été prise très au sérieux, mais n'en sait pas plus puisqu'il est ensuite parti. « Après les attentats, la seule action qui m'était permise, c'était de parler ». (Le Monde)
On apprend également que de vrais papiers ont été fournis aux terroristes parce qu'ils avaient simplement fait une déclaration de perte, alors qu'ils leur avaient été confisqués pour pouvoir les surveiller !
C'est encore à travers lui, grâce au conseil qu'il donne à un des avocats des victimes du Bataclan, Maître Morice, de faire jonction avec le dossier des attentats qui ont eu lieu au Caire en 2009, que l'on apprend que le Bataclan était menacé depuis 2010.
Quand on voit l'interview de Trévidic, on a juste l'impression qu'il se retient de parler, qu'il sait bien plus de choses qu'il ne peut en dire, que la seule arme qui lui reste est l'arme médiatique mais qu'il a définitivement été écarté pour excès de zèle. Si c'est le cas, pour quelle raison ?
Commentaire : Le juge Trévidic est connue pour avoir instruit ces dossiers :
- Attentat de la rue des Rosiers
- Attentat de la rue Copernic
- Attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana
- Attentat du 8 mai 2002 à Karachi
- Assassinat des moines de Tibhirine
- Filière d'Artigat (2007)
En 2012, le magazine Marianne publiait déjà un article dénonçant les pressions dont le juge était l'objet.