Recul des achats des ménages et décollecte au Livret A
Gérard Le Puill
Mercredi, 23 Décembre, 2015
Humanite.fr
Les Français ont freiné sur les dépenses en novembre et continuent de retirer leur épargne du Livret A qui n’est plus rémunéré qu’à 0,75%
Une fois passée la conférence de Paris sur le climat les vieux réflexes de la presse reprennent le dessus. Le mardi on s’enthousiasme de la baisse du prix du pétrole qui, nous dit-on, donne un petit coup de pouce au pouvoir d’achat des ménages. Le mercredi on se désole car les dépenses des Français ont reculé de 1,1% sur l’ensemble du mois de novembre. Puisque les prix des carburants ont baissé, il est logique que les dépenses d’énergie aient reculé de 5,6% par rapport au même mois de 2013 quand le pétrole était cher. Puisqu’il a fait 2,7° C de plus que la moyenne de ces dernières années en novembre 2015, il est normal que l’on ait moins dépensé d’argent pour acheter des vêtements d’hiver.
De plus, alors que les retraites sont bloquées depuis 2013 et que la précarité de l’emploi ne cesse d’augmenter en plus d’un taux de chômage supérieur à 10% de la population active, il est probable que beaucoup de Français ne sont pas enclins à faire des folies, même à l’approche des fêtes de fin d’année. D’autant que d’autres achats ont parfois été différés, à commencer par celui d’un logement ou d’une automobile.
Nous vivons dans un pays où les décideurs politiques et économiques semblent vouloir tout et le contraire de tout en même temps. Il suffit de lire Les Echos de ce 23 décembre pour s’en rendre compte. Le quotidien des milieux d’affaire constate que le Livret A et le Livret de Développement Durable (LDD) ont perdu 11,67 milliards de dépôts entre janvier et novembre 2015. Faut-il s’en étonner quand le taux d’intérêt versé aux épargnants n’est plus que de 0,75% ? Mais Les Echos semblent considérer que c’est encore trop car le journal pronostique une nouvelle baisse de la rémunération de cette épargne la plus prisée des familles populaire au 1er février 2016.
Les Echos nous disent encore que la Caisse des Dépôts et Consignations(CDC), qui prête surtout l’argent déposé sur le Livret A aux collectivités locales, est mise en difficulté par les autres banques qui bénéficient des largesses de la Banque centrale Européenne (BCE). Seule à pouvoir émettre de la monnaie, la BCE prête à des taux encore plus proches de zéro, voire négatifs. La CDC se trouve ainsi concurrencée sur son terrain de prédilection par des banques qui n’ont pas besoin de rémunérer les capitaux qu’elles empruntent ainsi que l’explique Odile Renaud-Basso, directrice générale adjointe de la CDC : « de nombreux acteurs privés sont revenus sur le marché , la Banque européenne d’investissement a développé des offres pour financer des projets importants et la baisse des taux longs a dégradé la compétitivité des taux du Livret A».
Trop d’impôt tue l’impôt, aiment dire ceux qui sont assez riches pour en payer beaucoup .Trop d’argent accumulé par les banques pour spéculer sur les marchés rend l’argent moins disponible pour les investissements utiles, pourrait-on ajouter.