Tapie-Crédit Lyonnais: Christine Lagarde n’échappera pas à la justice
Clotilde Mathieu
Jeudi, 17 Décembre, 2015
Humanite.fr
La Cour de Justice de la République a décidé d'un procès pour Christine Lagarde dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Cette dernière envisage de porter un recours auprès de la Cour de cassation.
Quelques semaines après la condamnation de Bernard Tapie, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde est renvoyée ce jeudi devant la Cour de Justice de la République, seule instance capable d'enquêter et de juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction. Même si en septembre, le parquet général avait requis auprès de la Cour de justice européenne (CJR) un non-lieu envers l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy. L’intéressée n’a pas tardé à réagir, quelques minutes après l’annonce, dénonçant « une décision difficilement compréhensible ». Dans son communiqué, la directrice du FMI affirme vouloir contester son renvoi devant la Cour de cassation, estimant qu’il « n'existe aucune charge qui puisse lui être imputée ». L'ancienne ministre de l’Economie est poursuivie pour négligence dans la gestion de fonds publics. En clair, Christine Lagarde sera jugée sur son choix d’avoir eu recours à un arbitrage privé, qui a permis à Bernard Tapie d’empocher près de 404 millions d’euros de dommages et intérêts suite à son litige avec le Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas. Le tribunal arbitral était composée de trois personnalités : Pierre Mazeaud, ex-président du Conseil constitutionnel ; Jean-Denis Bredin, avocat mais aussi vice-président du Mouvement des radicaux de gauche de 1976 à 1980, parti dont Bernard Tapie a lui-même été membre à partir de fin 1993 ; et Pierre Estoup, ancien président de la cour d'appel de Versailles, qui avait des liens avérés avec Bernard Tapie et surtout avec son avocat, Maurice Lantourne. En 2013, Pierre Estoup est mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Les deux autres arbitres, Pierre Mazeaud et Jean-Denis Bredin, ont été placés, dans la même affaire, sous le statut de témoin assisté.
En attendant, Christine Lagarde conservera ses fonctions. Le conseil d'administration du FMI a réaffirmé sa « confiance dans les capacités de la directrice générale d'assumer efficacement ses fonctions ». Tout comme, le ministre des Finances, Michel Sapin qui en direct de New York a estimé que la patronne du FMI « présumée innocente » pouvait rester à son poste.
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