Source : William Blum, le 03/11/2015
Le Moyen-Orient vous déconcerte ? Voici quelques choses à savoir. (Mais vous serez probablement encore déconcertés.)
- Les É-U, la France, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, et les monarchies du Golfe ont tous, dans un passé récent, soutenu al-Qaïda et/ou l’État islamique (Daech) avec des armes, des financements et/ou de la main-d’œuvre.
- Cela a commencé en 1979, quand les États-Unis ont démarré des opérations secrètes en Afghanistan, six mois avant l’arrivée des Russes, avec un soutien au fondamentalisme islamique à travers le sud de l’Union Soviétique contre “le communisme impie”. Tout le bordel al-Qaïda/Taliban s’en est suivi.
- En plus de l’Afghanistan, les É-U ont soutenu des militants islamistes en Bosnie, au Kosovo, en Libye, dans le Caucase et en Syrie.
- Les É-U ont renversé les gouvernements laïques de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye et essayent de faire de même en Syrie, donnant du même coup un grand élan à la montée de Daech. En mars dernier, Barack Obama a déclaré : “Daech est une excroissance directe d’al-Qaïda en Irak qui s’est développée à la suite de notre invasion. Ce qui est un exemple de conséquences imprévues. C’est pourquoi nous devrions généralement viser avant de tirer.” [1]
- Plus d’un million de réfugiés de ces guerres générées par Washington sont en ce moment même en train de submerger l’Europe et l’Afrique du Nord. Dieu bénisse l’exceptionnalisme américain.
- Les Irakiens, Syriens et Kurdes turcs se sont tous battus contre Daech, mais la Turquie – un allié proche des É-U et un membre de l’OTAN – s’est battu contre chacun d’entre eux.
- D’une façon ou d’une autre, la Russie, l’Iran, l’Irak et des factions libanaises ont tous soutenu le gouvernement syrien dans la bataille de Damas contre Daech et d’autres groupes terroristes, y compris les (très acclamés mais rarement vus) “modérés”. En conséquence, ces quatre pays ont tous été vertement critiqués par Washington.
- Les États-Unis ont bombardé Daech, mais ont profité de l’occasion pour endommager les infrastructures et la production de pétrole de l’État syrien.
- La Russie a bombardé Daech en Syrie, mais a profité de l’occasion pour attaquer les autres ennemis de la Syrie.
- Les médias grand public ne mentionnent quasiment jamais les pipelines de gaz naturel proposés par le Qatar – dont le tracé vers l’Europe est bloqué depuis des années par la Syrie – comme raison d’une grande part de l’hostilité contre la Syrie. Ces pipelines détrôneraient la Russie comme premier pays fournisseur de gaz en Europe.
- En Libye, au début de la guerre civile de 2011, des rebelles anti-Kadhafi, pour nombre d’entre eux affiliés à des milices proches d’al-Qaïda, étaient protégés par les “zones d’exclusion aérienne” de l’OTAN.
- La politique des États-Unis en Syrie au cours des années qui ont précédé le soulèvement de 2011 contre le dirigeant syrien Bachar el-Assad, ce qui a déclenché la pagaille actuelle, était prévue pour promouvoir le sectarisme, ce qui a abouti à une guerre civile ayant pour finalité un changement de régime. [2]
- Le Secrétaire d’État John Kerry a déclaré, le 22 octobre, que la solution à la guerre civile en Syrie “ne doit pas morceler le pays, qu’il doit rester laïque, et que les Syriens doivent choir leur futur leader” (tout ce qui, en réalité, décrit la Syrie sous Assad). Puis, Kerry a ajouté : “Il y a un obstacle à la mise en place de cet objectif, c’est une personne dénommée Assad, Bachar al Assad.”
Pourquoi le gouvernement des États-Unis voue-t-il une telle haine au président Bachar al-Assad ?
Est-ce parce que, comme on nous le dit, c’est un dictateur sans scrupules ? Mais comment cela pourrait-il être la raison de cette haine ? Il serait difficile de citer une dictature sanguinaire de la seconde moitié du XXe siècle ou du XXIe siècle qui n’ait pas été soutenue par les É-U ; non seulement soutenue, mais, dans de nombreux cas, portée et maintenue au pouvoir à l’encontre des souhaits de la population ; à l’heure actuelle, la liste comprend l’Arabie saoudite, le Honduras, l’Indonésie, l’Egypte, la Colombie, le Qatar et Israël.
Les États-Unis, d’après moi, sont hostiles au gouvernement syrien pour la même raison qu’ils ont été hostiles à Cuba pendant plus d’un demi-siècle ; hostiles au Venezuela au cours de ces 15 dernières années, et avant au Vietnam, au Laos et au Cambodge ; et à la République Dominicaine, à l’Uruguay, et au Chili, et ainsi de suite à travers l’atlas du monde et les livres d’histoire.
Ce que ces gouvernements avaient en commun peut être résumé à un mot – indépendance… indépendance vis-à-vis de la politique étrangère des États-Unis ; refus d’être des clients de Washington ; refus d’être systématiquement hostiles aux “ennemis-officiellement-désignés-de-Washington” ; manque de déférence et de zèle envers le mode de vie capitaliste.
Socialisme démocratique
La candidature de Bernie Sanders, un “socialiste démocratique”, à la présidence des États-Unis a généré dans les médias américains une abondance sans précédent de discussions sur ce qu’est cette chose appelée “socialisme”. L’essentiel de la discussion se concentre sur la question de la propriété et du contrôle étatiques de l’économie, opposés à la propriété et au contrôle privés. Ceci est, bien entendu, une très vieille question ; la base même de la compétition idéologique de la guerre froide.
Ce qui diffère notablement à présent, c’est que plusieurs siècles de libre entreprise débridée ont fini par mettre à nu, dans la douleur, la nature fondamentalement antisociale du capitalisme, forçant bon nombre de ses adeptes, même les plus sincères et engagés, à reconnaître le préjudice inhérent que ce système impose à la vie de tous, à l’exception des plus riches.
Mais quoi que leur dise leur intellect, ces sincères adeptes ont encore beaucoup de difficultés, émotionnellement parlant, à totalement couper le cordon d’avec ce système dans la plus grande foi duquel ils ont été soigneusement élevés. Ainsi, ils peuvent finalement concéder que nous devons éliminer, ou du moins strictement réduire le rôle de la recherche du profit dans le domaine de la santé et de l’éducation et peut-être dans un ou deux autres besoins sociaux indispensables, mais ils insistent pour que le gouvernement tienne ses mains bureaucratiques aussi loin que possible de tout le reste ; ils préfèrent un maximum de décentralisation.
L’alternative la plus communément proposée au contrôle étatique ou privé est le modèle des coopératives détenues par les travailleurs ou des entreprises détenues publiquement et gérées par des représentants des travailleurs et des consommateurs. Sanders a exprimé son soutien aux coopératives détenues par les travailleurs.
Il y a beaucoup à dire sur de tels systèmes, mais le problème, je trouve, est qu’ils fonctionneront toujours dans une société capitaliste, ce qui signifie concurrence, survie des plus forts ; ce qui signifie que si vous ne pouvez pas vendre plus que vos concurrents, si vous ne pouvez pas faire un bénéfice net suffisant sur vos ventes, votre affaire tombera assez probablement en faillite ; et pour éviter un tel sort, vous pouvez, à un certain point, tout à fait être forcés de faire des choses illégales ou immorales contre le public ; ce qui signifie revenir en arrière à la situation présente.
Vous ne pouvez pas suivre les mass-médias sans être confronté quotidiennement à l’histoire répétitive d’une société ou d’une autre essayant d’escroquer le public d’une façon ou d’une autre ; le dernier cas flagrant étant celui du très populaire Volkswagen, dont la manipulation de la mesure d’émissions polluantes des automobiles a été récemment révélée. Le fait que la moitié du conseil de surveillance de l’entreprise – responsable du contrôle de la gestion et de l’approbation des décisions importantes de l’entreprise – consiste en représentants du personnel élus par les salariés n’a pas empêché cette fraude flagrante ; l’entreprise est toujours obligée de s’efforcer de maximiser le bénéfice et la valeur de bourse de la société. C’est la nature du fauve entreprise dans une jungle capitaliste.
C’est seulement en supprimant le mobile du profit qu’on corrigera de tels comportements, et aussi qu’on nous évitera de nous noyer dans une mer de publicités et sous les sonneries de mon téléphone qui appelle plusieurs fois par jour pour me vendre des choses dont je n’ai pas besoin et dont on pourrait même douter qu’elles existent.
Le marché. Comment pouvons-nous déterminer la juste valeur, le juste prix des biens et des services sans “la magie des marchés” ? Prenons une chose que la plupart des gens ont à payer – le loyer. Qui ou quoi a conçu ce système dans lequel, en 2015, 11,8 millions de ménages aux États-Unis payent plus de 50 pour cent de leurs revenus pour avoir un toit sur la tête, alors qu’on considère qu’un loyer n’est abordable que si sa valeur n’excède pas 30 pour cent des revenus. [3] Quel est le sens de tout cela ? Cela cause plus de privation que n’importe quelle autre dépense que les gens doivent assumer ; toutes sortes de besoins importants restent à combler à cause de l’obligation de payer un montant énorme pour le loyer chaque mois ; c’est la cause principale de perte de domicile. Qui en bénéficie à part les propriétaires ? Qu’y a-t-il de magique là-dedans ?
Au-delà de toute autre considération, il y a le changement climatique ; i.e., la survie de la planète, notre qualité de vie. Qu’est-ce qui empêche les corporations de modifier leur comportement afin d’être plus favorables à notre environnement ? C’est bien sûr encore et toujours le bon vieux “bénéfice net”. Que peut-on faire pour convaincre les corporations de se comporter systématiquement comme de bons citoyens ? Rien qui n’a pas déjà été essayé et qui n’a pas déjà échoué. Excepté une chose. Un tabou pour une société capitaliste. La nationalisation. Voilà, je l’ai dit. Maintenant je vais recevoir des lettres qui vont me traiter de “vieux staliniste”.
Mais la nationalisation n’est pas la panacée non plus, du moins pour l’environnement. Voyez la plus grande source à elle seule de dégâts environnementaux au monde : l’armée des États-Unis. Et elle a déjà été nationalisée. Mais en se débarrassant des corporations privées, on freinerait la marche vers l’impérialisme, suffisamment pour qu’en peu de temps la nécessité d’une armée s’évanouisse et que nous puissions vivre comme au Costa Rica. Si vous pensez que cela exposerait les États-Unis au danger d’une attaque, s’il vous plait dites-moi qui attaquerait et pourquoi.
La plupart des Américains, comme les populations des autres pays développés, vénèrent le capitalisme avec lequel ils ont été élevés. Vraiment ? Lisez le chapitre de mon livre l’État Voyou : Un Guide de l’Unique Superpuissance Mondiale” : “Les États-Unis envahissent, bombardent, et tuent au nom de la libre entreprise mais les Américains y croient-ils réellement ?” Écrits en 2000/2005, les exemples donnés dans ce chapitre peuvent avoir besoin d’une mise à jour, mais les idées exprimées sont plus pertinentes que jamais.
La nationalisation, de pair avec un projet de société, n’exclurait pas des élections bien entendu. Au contraire, nous aurions des élections qui ne seraient pas dirigées par l’argent. Quelle bouffée d’air frais. Le Professeur Cornel West a suggéré qu’il devenait difficile de seulement imaginer à quoi ressemblerait une société démocratique et libre, sans grande concentration de pouvoir corporatif, ou d’imaginer comment elle fonctionnerait.
Qui allez-vous croire ? Dick Cheney ou moi ?
J’ai passé à peu près 30 ans à rassembler les détails des dossiers criminels de la politique étrangère américaine pour en faire des listes concises, et je suis toujours en train de chercher des occasions pour présenter les informations à de nouveaux lecteurs. Le nouveau livre de Dick Cheney et de sa fille idolâtre est tout bonnement l’occasion.
“Nous sommes, c’est une question de fait empirique et d’histoire incontestable, la plus grande force du bien que le monde ait jamais connu. … La sécurité et la liberté de millions de gens autour du globe ont dépendu de la force américaine en termes militaire, économique, politique et diplomatique.” – Dick Cheney et Liz Cheney, “Pourquoi le monde a besoin d’une Amérique puissante”
Bon… Rien à part une transplantation de cerveau et d’âme ne changerait les convictions du Dr Folamour et de sa progéniture méticuleusement conditionnée, mais pour vous tous là-bas qui êtes encore en vie dans un monde de faits, de logique, de droits de l’homme et d’empathie humaine, voici l’arme à utiliser s’il vous arrivait de vous retrouver piégé par l’étreinte de gens comme ces reptiles de Cheney (dont la mère, Lynne, qui a une fois mis en ligne un site web dans l’unique but de nous attaquer, moi-même et sept autres personnes, pour avoir tenu un séminaire le 18 septembre 2001 pendant lequel nous avons parlé de la politique étrangère américaine comme étant la principale provocation de ce qui était arrivé une semaine plus tôt).
Voici les listes :
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont :
- Tenté de renverser plus de 50 gouvernements étrangers, dont la plupart étaient élus démocratiquement.
- Bombardé la population de plus de 30 pays.
- Tenté d’assassiner plus de 50 dirigeants étrangers.
- Tenté de réprimer un mouvement populiste ou nationaliste dans 20 pays.
- Gravement interféré dans les élections démocratiques d’au moins 30 pays.
- De plus… bien que cela ne soit pas facile à quantifier… ont plus trempé dans la pratique de la torture que n’importe quel autre pays au monde… depuis plus d’un siècle… pas seulement en infligeant concrètement la torture, mais en l’enseignant, en fournissant des manuels et des équipements.
Lettre ouverte aux politiciens va-t-en guerre du monde
Jürgen Todenhöfer est journaliste allemand et ancien directeur de média ; de 1972 à 1990 il a été membre du parlement pour les Démocrates Chrétiens (CDU). Il était l’un des plus ardents supporters allemands des moudjahidines soutenus par les É-U et de leur guérilla contre l’intervention soviétique en Afghanistan. A plusieurs reprises, il a voyagé dans les zones de combat au côté des groupes moudjahidines afghans. Après 2001 Todenhöfer est devenu un critique véhément des interventions américaines en Afghanistan et en Irak. Il a publié plusieurs livres sur les visites qu’il a faites dans les zones de guerre. Au cours de ces dernières années, il a interviewé deux fois le président de la Syrie Bachar el-Assad et en 2015 il a été le premier journaliste allemand à séjourner dans “l’État islamique”.
Chers Présidents et Chefs de gouvernements !
Durant des décennies d’une politique de guerre et d’exploitation, vous avez plongé des millions de gens dans la misère au Moyen-Orient et en Afrique. A cause de vos politiques, des réfugiés ont dû s’enfuir à travers le monde entier. Un réfugié sur trois en Allemagne vient de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan. Un réfugié sur cinq vient d’Afrique.
Vos guerres sont aussi la cause du terrorisme mondial. Au lieu d’une centaine de terroristes internationaux comme il y a 15 ans, nous sommes maintenant face à plus de 100 000 terroristes. Votre cruauté cynique nous frappe maintenant comme un retour de boomerang.
Comme d’habitude, vous n’envisagez même pas de réellement changer votre politique. Vous ne vous préoccupez que des symptômes. La situation sécuritaire devient chaque jour plus dangereuse et plus chaotique. Toujours plus de guerres, plus de vagues de terreur et plus de crises migratoires, voilà ce qui définira l’avenir de notre planète.
Même en Europe, car la guerre frappera un jour à la porte de l’Europe. N’importe quel homme d’affaires qui agirait comme vous serait licencié ou en prison à l’heure qu’il est. Vous êtes de parfaits ratés.
Les populations du Moyen-Orient et d’Afrique, dont vous avez détruit et pillé les pays, et les peuples d’Europe, qui accueillent maintenant les innombrables réfugiés désespérés, doivent payer le prix fort de vos politiques. Mais vous vous en lavez les mains et vous fuyez vos responsabilités. Vous devriez passer en jugement devant la Cour Criminelle Internationale. Et chacun de vos partisans politiques devrait prendre réellement soin d’au moins 100 familles de réfugiés.
En fait, les peuples du monde devraient se lever et entrer en résistance contre vous, bellicistes et exploiteurs que vous êtes. Comme l’a fait une fois Gandhi – dans la non-violence, dans la “résistance passive”. Nous devrions créer des mouvements et des partis. Des mouvements pour la justice et l’humanité. Faire la guerre aux autres pays est tout aussi punissable que le meurtre et l’homicide involontaire dans son propre pays. Et vous qui êtes responsables de la guerre et de l’exploitation des gens, vous devriez aller en enfer pour toujours. Ça suffit ! Allez-vous faire voir ! Sans vous, le monde serait bien meilleur.
– Jürgen Todenhöfer [5]
Plus ça change, plus c’est la même chose [En Français dans le texte, NdT]
Le vote annuel à l’assemblée générale des Nations Unies vient de se tenir sur la résolution suivante : “Nécessité de mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba”.
Cette année enregistre un nouveau record de votes “oui”, avec l’ajout des Iles Marshall et des Palaos (qui jusqu’ici avaient voté “non” ou s’étaient abstenues) et de la Micronésie (qui s’était toujours abstenue). Ces trois pays ont tous établi des relations diplomatiques avec Cuba plus tôt dans l’année, ce que bien sûr les États-Unis ont également fait mais sans que Washington ne change quoi que ce soit à son vote. Voici ce qu’ont donné les votes par le passé (sans inclure les abstentions) :
Chaque automne, le vote des Nations unies nous rappelle agréablement que le monde n’a pas totalement perdu la tête et que l’empire américain ne contrôle pas complètement l’opinion des autres gouvernements. La vraie raison à l’éternelle hostilité de Washington envers Cuba n’a pas changé depuis la révolution de 1959 – la peur d’un bon exemple ; la peur d’une alternative au modèle capitaliste ; une peur qui s’est confirmée à maintes reprises au fil des années, alors que beaucoup de pays du tiers-monde ont exprimé leur admiration et leur gratitude envers Cuba.
Comment l’embargo a-t-il commencé : le 6 avril 1960, Lester D. Mallory, député américain, Secrétaire d’État adjoint aux affaires inter-américaines, écrivit dans une note interne : “La majorité des Cubains soutiennent Castro… Le seul moyen que l’on peut envisager pour aliéner le soutien intérieur réside dans la désillusion et le mécontentement provoqués par l’insatisfaction économique et la précarité. Tout moyen possible devrait être mis en œuvre rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba.” Mallory proposa “une ligne d’actions qui… réalise les plus grandes attaques en terme de privation d’argent et de fournitures à Cuba, afin de diminuer les salaires nominaux et réels, pour provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement.” [6]
Plus tard cette année-là, l’administration Eisenhower a institué son embargo pour étouffer son éternel ennemi.
Rien de réellement important n’a changé récemment. La prison Guantánamo existe encore dans toute sa splendeur et sa torture impérialistes. Les É-U n’ont pas renoncé à leur politique de “changement de régime” vis à vis de Cuba. Sur les indemnités de compensation dues à Cuba s’élevant à presque mille milliards de dollars, pas un sou n’a été payé. Washington a récemment menacé de revenir sur le statut d’exonération fiscale de IFCO/Pasteurs pour la paix, l’un des groupes partisans de Cuba les plus respectés et expérimentés. Je ne peux toujours pas aller à Cuba en touriste, ni présenter l’un de mes livres à un salon du livre cubain (dont on m’a bloqué l’accès par le passé). Et les États-Unis ne relâchent toujours pas leur emprise mortelle sur l’embargo en continuant, entre autres choses, à interdire la vente de médicaments à Cuba.
Note aux lecteurs
Certains d’entre vous m’ont fait remarquer que “Killing Hope” (Tuer l’espoir) était indisponible en magasins, régulièrement en rupture sur Amazon, et souvent en rupture chez moi. C’est parce que l’un des directeurs de la publication du livre, Common Courage (Maine), et son éditeur Greg Bates, ont bloqué la publication et la distribution du livre par un nouvel éditeur américain. Common Courage est de fait en cessation d’activité mais refuse de voir les choses en face. Bates a volé des royalties que m’avait envoyées mon éditeur anglais par l’intermédiaire de Common Courage. Ce voleur a, entre autres, annulé mon contrat avec Common Courage. C’est compliqué, mais je me sens obligé de donner quelques explications à ceux d’entre vous qui ne sont pas arrivés à trouver un exemplaire de mon livre.
Notes
[1] The Independent (London), March 18, 2015
[2] The Wikileaks Files: The World According to US Empire (2015), Introduction by Julian Assange, chapter 10
[3] Newsweek, September 21, 2015
[4] William Blum, Rogue State: A Guide to the World’s Only Superpower (2005), Chapter 18
[5] Voir Jürgen Todenhöfer Facebook et website. Quelques corrections mineures d’orthographe et de grammaire ont été faites.
[6] Department of State, Foreign Relations of the United States, 1958-1960, Volume VI, Cuba (1991), p.885
Source : William Blum, le 03/11/2015
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.