Liliane Held-Khawam
Proverbe libyen!
De manière systématique et collective, les Etats européens sont en train de légaliser un phénomène anticonstitutionnel et supposé inviolable: La confiscation de vos biens engrangés en banque, dans les assurances, ou dans vos caisses de pension et de retraite.
Votre argent intéresse le casino planétaire et vos gouvernants seraient plutôt, voire « très », d’accord avec ce processus. Il faut dire que leurs accointances avec le monde de la finance ne sont plus à démontrées.
Par conséquent, pour rendre les choses acceptables, on légalise le vol. Il ne faut juste pas que les victimes futures s’en rendent compte. Donc, on fait passer la pilule via des ordonnances, des directives et même à l’occasion via des lois votées par les parlements.
En Suisse, après avoir renoncé aux votations qui auraient pour objectif de réduire le recul de l’âge de la retraite, la réduction des taux de conversion des LPP, c’est carrément la Finma, organisme dont l’impartialité est toujours plus difficile à démontrer qui a décidé toute seule comme une grande de « charger les assurances vie de réduire à nouveau le taux d’intérêt technique dans les tarifs de risque pour la prévoyance professionnelle au 1er janvier 2017 » (circulaire Vita Assurance)
En Suisse, l’excuse est toute trouvée. Elle porte le label des taux d’intérêts négatifs décidés par la BNS. En fait, ces institutions cent pour cent au services des marchés financiers ont asséché les liquidités du pays et mis à disposition de la plateforme du trafic des paiements, du trading et autre management du cash des boîtes noires qui s’appellent chambres de compensation votre épargne sous toutes ses formes.
Tôt ou tard, vous finirez par voir que vous êtes en train de financer la mondialisation. Et si vous croyez que l’argent des banques centrales déversé dans les QE sort du néant, vous vous trompez.
Votre épargne est la base des flux d’investissement internationaux (IDI ou IDE) qui permettent aux grandes firmes transnationales d’aller s’implanter à l’étranger emportant à l’occasion vos emplois.
L’injustice et le vol ont atteint des sommets.
Dans une incompétence, méconnaissance ou corruption, vos dirigeants légalisent ce qui est et qui restera INCONSTITUTIONNEL.
Ils n’ont absolument aucun droit de légaliser l’appropriation de votre épargne qui relève de la propriété privée. Ni aujourd’hui, ni demain. Par conséquent cette légalisation relève de l’illégalité, voire de la trahison.
Quant à la LPP, cet argent est VOTRE épargne. Ce n’est pas un impôt. Il était prévu pour améliorer votre retraite et non pour renflouer les caisses des marchés financiers et de la construction de la mondialisation qui ne bénéficie qu’à une poignée d’investisseurs qui, in fine, sont les banques centrales elles-mêmes.
Par conséquent, si on repousse l’âge de la retraite sans vous le restituer, c’est que sa finalité originelle a été détournée. Si on vous réduit les taux de conversion, c’est que vous êtes en train de payer des intermédiaires et que tout seul, vous auriez fait mieux! Si on vous interdit de la récupérer sous forme de capital, c’est que l’argent n’est plus disponible et que l’on en a fait un mauvais usage. ETC. Il serait peut-être grand temps de se demander pourquoi la LPP existe encore???
Je vous mets ci-dessous 2 articles qui méritent d’être découverts.
Liliane Held-khawam
LE DERNIER COUP DE POIGNARD DE FRANÇOIS HOLLANDE, Bruno Bertez
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LE 2E PILIER: UN PUITS SANS FOND !ERIC DECARRO
Mercredi 09 novembre 2016
Fondé sur la capitalisation, le 2e pilier «s’avère de plus en plus un gouffre financier», selon Eric Decarro, qui revient sur le découvert de 1,45 milliard de francs de la caisse de pension de l’Etat de Genève (CEPG), mise à mal par la baisse du taux d’intérêt technique de référence au niveau suisse.
Le 3 octobre dernier, la Chambre suisse des actuaires a décidé d’abaisser le taux technique de 2,75% à 2,25%. Ce taux sert de base à l’expert pour évaluer les engagements de la caisse du personnel de l’Etat de Genève (CPEG). Résultat: du jour au lendemain, la CPEG affiche un découvert de 1,45 milliard de francs!
La fusion en 2013 des deux caisses publiques (CIA et CEH) s’est déjà traduite par une baisse de 12% des prestations, doublée d’une augmentation de 30% de la cotisation des actifs, étalée sur plusieurs années. L’Etat-employeur, quant à lui, a injecté 800 millions. Il s’agissait de répondre aux exigences de la loi fédérale de 2010 sur les caisses publiques qui impose d’atteindre un taux de capitalisation de 80% (+15% de réserves pour fluctuations conjoncturelles) à l’horizon 2052. C’est la droite parlementaire fédérale qui a imposé ce taux de 80%, alors que les experts estimaient un taux de 60% suffisant pour des caisses publiques, en principe pérennes.
Depuis la fusion, le comité de la CPEG s’est évertué à suivre le «chemin de croissance» défini par les experts pour atteindre le taux de capitalisation exigé. Or, à chaque fois qu’on baisse le taux technique, on décroche brutalement du «chemin de croissance». Les membres du comité de la CPEG ont ainsi beau s’appliquer, leurs efforts sont réduits à néant car les paramètres qui régissent le taux technique échappent totalement à leur contrôle. Les élus du personnel au comité CPEG sont dans une situation intenable: en cas de découvert, ils sont contraints, sous peine de poursuites pénales, de voter des mesures qui impactent fortement leurs collègues afin d’assurer en toute priorité l’équilibre financier de la caisse. On parle aujourd’hui d’une nouvelle réduction des prestations de 20%, doublée d’une injection supplémentaire de capital par l’Etat-employeur.
Où est le problème? Le 2e pilier fondé sur la capitalisation s’avère de plus en plus un gouffre financier. Les milieux dominants nous ont imposé ce système en 1972, contre l’initiative du Parti du travail pour de véritables retraites populaires; et ceci avec l’aide du Parti socialiste et des syndicats qui s’imaginaient qu’ils allaient cogérer l’économie suisse grâce à ce 2e pilier!
Les tenants des retraites par capitalisation affirmaient que l’accumulation de capitaux constituait une garantie pour les rentes. Cet argument est aujourd’hui réduit à néant. Ce 2e pilier représente désormais une ponction énorme et croissante sur les salaires, pour une rente qui se réduit comme peau de chagrin.
Cette accumulation de capitaux répond uniquement aux intérêts des milieux dominants. Les 800 milliards accumulés dans le 2e pilier, en principe l’argent des assurés, constituent une aubaine pour les banquiers, assureurs, investisseurs financiers, ou milieux immobiliers. Sans compter qu’une bonne partie de cet argent est placé sur les marchés financiers où il contribue à mettre la pression sur les emplois, les salaires et les conditions de travail dans le monde entier, pour le plus grand profit des actionnaires.
Avec ce 2e pilier, nous sommes aujourd’hui soumis aux crises financières, à la volatilité boursière, à la baisse du rendement du capital, aux politiques monétaires, aux conséquences de la spéculation monétaire (le franc fort et les intérêts négatifs sur les avoirs du 2e pilier, deux décisions imposées par les possédants), bref à tous les symptômes de ce capitalisme en crise.
On pourrait bien faire passer la CPEG de la «primauté des prestations» à la «primauté des cotisations», comme le préconise le député libéral-radical Cyril Aellen; cela impliquerait de recapitaliser la CPEG à 80% d’un seul coup. Résultat: brutale baisse des prestations pour les assurés, et une facture de 4 milliards pour l’Etat! Avec la primauté des cotisations, plus personne ne saurait sur quelle rente il/elle peut compter au moment de sa retraite: cela fluctuerait chaque année en fonction des rendements financiers.
En primauté de cotisation, les rentes 2e pilier sont attaquées à travers la baisse du taux de conversion du capital de l’assuré en rentes, et la baisse du taux d’intérêt minimal sur ses avoirs (1% sur le minimum LPP; 0% sur la partie surobligatoire). Toutes les caisses du secteur privé sont soumises à ce régime.
De plus, en cas de baisse du taux de capitalisation, le comité doit en toute priorité prendre des mesures au détriment des assurés (augmentation de la cotisation ou baisse des prestations).
Comme on voit: quelle que soit la solution qui sera retenue pour la CPEG, le problème de fond reste entier.
* Ancien président du Syndicat suisse des services publics.