Le gouvernement autoritaire et réactionnaire polonais... abaisse l’âge de départ en retraite
Il
y a des pays, en Europe, où l’âge de départ à la retraite diminue.
C’est le cas en Pologne. Mi-novembre, le Parlement polonais a voté un
abaissement de l’âge de la retraite de 67 à 65 ans pour les hommes, à 60
ans pour les femmes. Le parlement est pourtant dominé par le parti de
droite ultra-conservatrice Droit et Justice (Pis). « C’était une promesse de campagne »,
signale la politologue Anna Wojciuk, de l’université de Varsovie. C’est
en partie grâce à ses promesses sociales que le parti Droit et Justice
avait remporté la majorité absolue il y an un an. Il avait été chassé du
pouvoir la droite néolibérale de la Plate forme civique et la gauche
polonaise. Le gouvernement du PiS a aussi décidé de l’attribution
d’allocations familiales d’un peu plus de 100 euros (500 zlotys) par
enfant après le premier enfant. Une autre promesse de campagne. Le parti
a aussi annoncé vouloir relever le niveau du salaire minimum.
Ces mesures sociales vont cependant de pair avec un tournant
autoritaire. Le projet de loi interdisant totalement l’avortement, et
prévoyant des peines de prison les femmes qui se feraient avorter, a
finalement été rejeté suite au massif mouvement de protestation. Mais
les attaques contre les contre-pouvoirs institutionnels, la reprise ne
main des médias, et la totale opposition à l’accueil de quelques
centaines de réfugiés se poursuivent.
« Nous observons une destruction graduelle de l’état de droit et
de la démocratie : avec une cour constitutionnelle pratiquement
paralysée, des tribunaux et des procureurs sous le contrôle direct du
ministre de la Justice, alerte ainsi le Comité pour la défense de la
démocratie Kod, un mouvement d’opposition créé suite à l’arrivée au
pouvoir du PiS l’année dernière. Dans le même temps, la promesse
électorale de Droit et justice d’attribuer des allocations familiales
lui a permis de maintenir sa popularité dans la population »,
analyse le comité. Le Kod, fervent défenseur des libertés individuelles,
est toutefois aussi résolument néolibéral dans ses positions en matière
de politique économique. Il critique ainsi la baisse de l’âge de la
retraite comme une mesure « dévastatrice ».
Vers un « Podemos » polonais
N’y a t-il donc que cette alternative dans l’est de l’Europe ? Soit
des gouvernements d’ultra-droite, autoritaires, nationalistes,
xénophobes et rétrogrades sur les droits des femmes, mais défenseurs
d’une certaine idée de la justice sociale ; soit une droite
politiquement libérale et ouverte sur les questions de société, mais
néolibérale et conservatrice sur le plan économique et sociale ? Le
Podemos polonais, le jeune parti Razem (“Ensemble”), né il y a un an, tente justement d’incarner une troisième voie, clairement ancré à gauche.
Quelques mois seulement après sa création, Razem a récolté 3,6 % des
voix aux législatives d’octobre 2015. Son programme : l’augmentation du
salaire minium horaire à 15 zlotys (3,4 euros) pour les CDI et 20 zlotys
pour les CDD (4,5 euros), une réduction du temps de travail à 35 heures
par semaine pour un temps plein, une plus grande participation des
salariés aux prises de décisions dans les entreprises, et des programmes
publics de construction de logements sociaux. Il se positionne aussi
comme résolument pro-européen, pour l’accueil de réfugiés en Pologne, et
pour un engagement du pays dans la transition énergétique. Au contraire
du gouvernement, qui s’oppose au développement de l’éolien et défend le
maintien du charbon comme source énergétique de base.