Une nouvelle fracture guette le gouvernement. Interrogée par l'Opinion sur la création d'un mégafichier regroupant les données personnelles de quasiment tous les Français, la secrétaire d'Etat au Numérique a expliqué... ne jamais avoir été consultée sur la question ! Axelle Lemaire dénonce même un décret « pris en douce » à dessein par le ministère de l'Intérieur. Selon elle, le place Beauvau aurait misé sur le fait que le lancement du fichier, officialisé un dimanche de la Toussaint, « passerait ni vu ni connu. » Et la ministre de dénoncer un « dysfonctionnement majeur »... 
© Philippe Lavieille/LP
Chargée du Numérique et de l'Innovation, la secrétaire d'Etat Axelle Lemaire a affirmé ne jamais avoir été consultée à propos de l'instauration d'un fichier informatique regroupant les données personnelles de millions de Français.
Le sujet a son importance. Le fichier en question regroupera les données personnelles et biométriques - photo du visage, empreintes digitales, couleur des yeux, adresses, etc. - de tous les Français détenteurs d'une carte d'identité ou d'un passeport. Et cela pendant quinze à vingt ans. La mesure a été pensée en terme de simplification administrative. Mais un tel fichier constituerait un véritable trésor aux yeux d'acteurs, potentiellement malveillants, d'Internet. 


Commentaire : Le Conseil national du numérique a demandé lundi la suspension de la mise en œuvre d'un fichier controversé regroupant les données biométriques de millions de Français qui laisserait « la porte ouverte à des dérives aussi probables qu'inacceptables ». 


Axelle Lemaire juge, elle, que le regroupement de ces données poserait des problèmes de sécurité. Selon l'Opinion, plus le fichier est volumineux, plus le risque de piratage est important. « Ce genre de fichier était une bonne solution il y a dix ans », concède seulement la secrétaire d'Etat. 

Des arguments qu'elle n'a jamais pu plaider auprès de Bernard Cazeneuve, faute de réussir à obtenir un rendez-vous auprès de son collègue de la place Beauvau. Le Conseil national du numérique a pourtant demandé la suspension du projet dans l'attente d'une « réflexion interministérielle ». « Je vais en parler au Président, ajoute la ministre, mais que croyez-vous que je pèse, face au ministre de l'Intérieur, au Garde des sceaux et au Premier ministre...? » 

Axelle Lemaire refuse cependant de démissionner afin, dit-elle, de porter ses mesures jusqu'au bout et de ne pas affaiblir le gouvernement.