Le 26 février, 300 personnes ont investi un bâtiment vide de 10 000 m2, situé dans le 10e arrondissement de Paris, discrètement occupé depuis 48 heures. L’objectif est double : installer un quartier général des mouvements sociaux pour faire entendre leurs voix dans la période électorale, et trouver un toit à une trentaine de familles de l’association Droit au logement (DAL) qui étaient sans abri ou hébergées de manière très précaire.
Le lieu n’a pas été choisi au hasard. Comme le révèle la délibération adoptée par le conseil municipal de Paris le 11 juillet 2016, l’immeuble appartient à la ville de Paris et est en cours de vente à la Chambre de commerce pour 35 millions d’euros. En contrepartie, celle-ci vend la « Bourse du commerce » à la ville de Paris pour 86 millions d’euros [1]. « Pourquoi la ville de Paris achète la Bourse du commerce ? Pour en faire des logements sociaux ? Pour en faire des crèches ? Pour en faire un hôpital ? Vous avez tout faux ! » interpelle Annick Coupé, de l’association Attac, dans la vidéo ci-dessous.
Selon la délibération, la ville de Paris prévoit de louer la Bourse du commerce à la Société Collection Pinault pour en faire un musée d’art contemporain « complété d’espaces de restauration et de boutiques ». La collection de François Pinault, fondateur du groupe de luxe Kering, est estimée à 1,4 milliard d’euros soit un dixième de sa fortune totale de 14 milliards d’euros [2]. « Ces transactions coûtent plusieurs dizaines de millions à la ville de Paris pour les seuls intérêts privés de Pinault qui louera cet espace pour 60 000 euros par an ! C’est une opération de privatisation de bâtiments publics ! », dénonce le collectif Nos droits contre leurs privilèges qui rassemble une quarantaine de mouvements sociaux, associatifs et syndicaux. La ville de Paris fait de son côté valoir que cette collection d’art contemporain « contribuera à la promotion des artistes et au rayonnement culturel de Paris ».
Sur place, le collectif a contacté la mairie de Paris pour demander l’ouverture de négociations sur les deux objectifs. « La réponse a été l’envoi des CRS et l’évacuation sans ménagement en fin de journée de cet immeuble qui va rester vide encore de longs mois, alors que le nombre de sans logis ne cesse d’augmenter », déplorent les organisations dans un communiqué. Ces dernières ne comptent pas en rester là et demandent à être reçues par la mairie de Paris pour des réponses concrètes sur le relogement de ces familles et sur un espace pour les mouvements sociaux. Les différentes revendications de la campagne « Nos droits contre leurs privilèges » sont à retrouver sur nosdroits.org.