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« Être contre les impôts est typiquement associé au conservatisme, il existe pourtant une tradition, certes discrète, mais ancienne au sein du mouvement progressiste de refuser de payer ses impôts, en particulier ceux qui vont à la guerre », rappelle Lindsay Koshgarian, chargée de campagne à l’ONG états-unienne National Priorities Project dans le journal en ligne indépendant Truthout. Aux États-Unis, selon les calculs de l’ONG à partir des données rendues publics par le gouvernement, près d’un quart des impôts versés par les citoyens vont directement aux dépenses militaires. Depuis des décennies, des mouvements citoyens états-uniens refusent, au nom de leur opposition au complexe militaro-industriel, de payer l’impôt (comme le “War tax resistance coordinating comittee”). Alors que Trump a autorisé de nouvelles frappes en Syrie, la question se pose à nouveau outre-Atlantique.
« Au moins 23 % des impôts sur le revenu vont à la défense », a calculé l’ONG National Priorities Project [1]. « Et si vous comptez en plus les dépenses pour les vétérans de guerre, la part de la dette publique due aux guerres passées, ou les dépenses comme celles pour le FBI, les prisons fédérales ou celles liées au contrôle de l’immigration, la proportion est encore plus haute. » Sur 100 dollars d’impôt payés en 2016 aux États-Unis, quelle part sert l’intérêt général et quelle proportion part aux industries militaires ? Selon l’ONG, 29 dollars financent des programmes sociaux comme Medicare (qui bénéficie à 55 millions de personnes), Medipaid (68 millions de bénéficiaires) ou un programme d’assurance santé pour les enfants, CHIP (5,5 millions de bénéficiaires). Près du tiers des impôts payés a donc bel et bien une visée sociale.
En France, 40 % de l’impôt sur le revenu aux dépenses militaires
Reste que plus de 23 dollars ont servi à couvrir les dépenses militaires des États-Unis [2]. L’organisation National Priorities Project souligne aussi que, sur les fonds qui vont aux dépenses militaires, une grande partie atterrit directement dans les caisses des grands groupes d’armement, tels Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, Bae Systems… [3]. Sur ces 23 dollars, seulement 5 dollars sont destinés aux troupes et à leurs salaires. La moitié du budget militaire alimente les industriels « qui font des milliards de profits sur les opérations militaires », détaille l’ONG.
Et en France ? Le budget de l’État pour 2017 prévoit plus de 32 milliards d’euros de dépenses pour la Défense. Ces dépenses militaires représentent donc plus de 10 % des recettes fiscales globales (293 milliards d’euros) et plus de 40 % des recettes de l’impôt sur le revenu (73 milliards) ! [4] Seule l’Éducation nationale dispose d’un budget plus important : 50 milliards d’euros en 2017, soit 17 % des recettes fiscales globales et 68 % de l’impôt sur le revenu.