La victoire de M. Hollande est presque totale. Une victoire à la Pyrrhus car il laisse le parti socialiste à terre. Ce parti a vécu.
Philippe Wojazer / Reuters
Le principal victorieux de ce soir était
absent des plateaux télévisés, mais sa présence pouvait clairement se
faire sentir: François Hollande.
Sa
victoire est à la fois tactique et doctrinaire. Tactiquement, il a su
rendre possible la victoire d'Emmanuel Macron. Il en a assuré
l'ascension en faisant de lui son conseiller, l'a nommé ensuite ministre
de l'économie. Par ailleurs, la construction du mouvement "En marche"
n'a pas déclenché les foudres élyséennes. M. Hollande a eu plus de souci
de malmener M. Hamon que M. Macron. Son soutien devenant presque gênant
en fin de campagne que le jeune candidat à la présidentielle invitait
le président de la République à s'occuper de sa fonction avant toute
chose.
C'est
aussi une victoire doctrinaire dans le champ européen car le président
renonçant à réorienter les institutions européennes et poser la question
de l'euro, s'est alors rabattu sur le marché du travail pour satisfaire
leurs attentes
M.
Macron ne dit rien d'autre en assurant l'Allemagne, faux nez, de
l'Union européenne que les réformes attendues seront réalisées à savoir
la réduction du périmètre de l'Etat social.
La
victoire de M. Hollande est presque totale. Une victoire à la Pyrrhus
car il laisse le parti socialiste à terre. Ce parti a vécu. Mais les
hommes qui le composent sauront offrir leur service au candidat d'"En
Marche". Mais comme ils ne parviendront pas à eux seul à faire advenir
un succès aux législatives à M. Macron, ils trouveront leurs alliés avec
des membres des Républicains, prêts à déserter leur navire.
Il
n'est pas non plus surprenant de voir Jean Claude Juncker, ou la
chancellerie Allemande se féliciter de la victoire probable de M. Macron
car c'est une grande coalition qui se dessine. N'oublions pas que c'est
la formule politique qu'affectent les institutions européennes pour
assurer la mise en œuvre des réformes dites "structurelles".
Depuis
dimanche soir, nous entendons une agitation dans laquelle des voix nous
disent que les vieux clivages ont disparu, que M. Macron incarne la
nouveauté tant attendue. Bien au contraire, c'est pour reprendre un
titre célèbre, à l'ère du vide à laquelle nous assistons. Son discours
du premier tour, assez creux somme toute, semblait déjà tourner vers les
prochaines échéances électorales tant la question des alliances va se
poser.
Ce qui est à regretter, c'est que le fond ne soit jamais discuté.
A
aucun moment, un débat sérieux ne s'est engagé pour mettre en lumière
l'absence de nouveautés dans les propositions du jeune candidat.
Pourtant, ce sont trente années de politiques d'inspirations libérales
qui ont nourri notre recul économique et la montée du Front National.
Ce soir il est trop tôt d'affirmer que les idées de M Macron sont majoritaires dans notre pays.
Plus
de 55% des électeurs ne se reconnaissent dans aucun des deux candidats
du second tour. Et sans vouloir se livrer à des mathématiques
électorales contestables, l'addition des voix de M. Melenchon et Hamon
donne la gauche en tête. Là est le véritable problème, l'absence de ce
courant politique au second tour, ce qui rend le débat à nouveau
interdit.
En
effet, les critiques doivent être reportées à plus tard car le FN
menace. Le vrai débat sur les choix de politique économique et sociale
pour ne citer que ceux là, et qui devrait être au cœur de la
présidentielle, sera maintenu dans le silence.
Il
faudra attendre les législatives nous dit-on. De ce jeu politique
délétère, il parait nécessaire d'en sortir. Comme le dit le grand poète
turque N. Hikmet "être captif là n'est pas la question, il s'agit de ne
pas se rendre".
La
gauche, pas celle du PS du moins pas celui d'aujourd'hui, a un
impératif de renaitre de ses cendres pour offrir une autre politique
économique et sociale que celle qui est proposée par le candidat de
droite, M. Macron. Le débat est à cette condition.
Le
clivage gauche-droite n'est pas mort ce soir, il persiste plus que
jamais. La France ne peut avoir pour seul choix: la droite ou l'extrême
droite.
Vient de paraître, Introduction inquiète à la Macron-économie, Les petits matins:
Lire aussi :
• Macron et Marine Le Pen pour un second tour historique sans les deux grands partis
• Laurence Haïm: Macron doit "affronter la France qui a choisi Marine Le Pen"
• BLOG - Mélenchon à 19,5%, un tremplin pour demain!
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
• Retrouvez-nous sur notre page Facebook