Et de l'autre côté c'est pas mieux
on est mal !!
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Front National : « un système de corruption généralisé »
François Fillon ne fera pas exception, Marine le Pen est à son tour inquiétée dans une affaire d’emplois fictifs au sein du Parlement européen. À quelques semaines seulement du premier tour des élections présidentielles, les accusations viennent bousculer la campagne de la candidate de l’extrême droite. Alors que des témoignages d’anciens conseillers FN affluent, allant dans le sens d’un système corrompu et d’une organisation malhonnête, le Front National continue tant bien que mal de maintenir un cap dans une barque qui prend l’eau mais ne coule pas.
Des emplois fictifs au Parlement européen ?
L’affaire fait les gros titres de l’actualité depuis une dizaine de jours : Marine le Pen est soupçonnée, à l’instar de François Fillon, d’être mêlée à une affaire d’emplois fictifs qui aurait eu lieu, dans son cas, au sein du Parlement Européen. L’institution européenne étant directement alimentée par les États, chaque français est concerné par ce probable détournement d’argent du contribuable.
Si elle éclate à un peu plus de deux mois du premier tour des élections présidentielles, le début de l’affaire ne date pas d’hier. En 2014 déjà, l’Olaf (Office européen de lutte anti-fraude), ouvrait une enquête sur Marine Le Pen et deux de ses proches collaborateurs. Thierry Légier, son garde du corps, et Catherine Griset, sa cheffe de cabinet, faisaient alors l’objet d’une investigation visant à déterminer dans quelles conditions ils avaient reçu leurs salaires. En 2015, c’est le président du Parlement européen lui-même, Martin Schulz, qui saisissait l’Olaf ainsi que le parquet de Paris concernant non plus deux collaborateurs du FN, mais 20 assistants parlementaires mandatés par le parti.
Ce mercredi 22 février, l’affaire des emplois fictifs de Marine Le Pen prenait encore un autre tournant avec la mise en garde à vue de M. Légier et Mme Griset. La présidente du Front National avait quant à elle fait l’objet d’une convocation, à laquelle elle a strictement refusé de se présenter. Invoquant une « trêve républicaine » totalement officieuse et insultante pour les citoyens égaux devant la loi, elle a déclaré qu’elle ne répondrait pas aux demandes de la justice jusqu’aux prochaines élections législatives. Un refus de coopérer permis notamment par son immunité parlementaire, dont elle est gratifiée par son statut d’eurodéputée. Une pétition citoyenne, avec quelques 130.000 votes, a été lancée afin que cette immunité soit levée et qu’elle puisse être entendue devant la justice, au même titre que François Fillon.
Convaincu du bien-fondé de ses accusations, le Parlement européen réclame près de 340 000 euros à la candidate FN, montant attribué aux salaires indument versés à Thierry Légier en 2011 et à Catherine Griset de 2010 à 2016. Faute de remboursement immédiat, celle-ci verra sa prime parlementaire automatiquement amputée de moitié jusqu’à ce que la créance soit essuyée. À savoir que Marine Le Pen est députée européenne depuis plus de 12 ans (2004) et touche une indemnité de 11.000 euros net (en plus de ses autres mandats) chaque mois, de la part de Bruxelles.
Un ancien conseiller FN avoue tout
La question posée par les enquêteurs est donc celle-ci : le FN a-t-il fait payer au Parlement européen les salaires de certains de ses cadres et employés, sous couvert de contrats d’assistants parlementaires ? En tout cas, les réponses émanant de sources internes commencent à se faire entendre dans les médias. Ancien conseiller de Marine Le Pen, Gaël Nofri affirme avoir bénéficié d’un emploi fictif à l’époque où il travaillait pour le parti. Il a témoigné cette semaine auprès de Mediapart et du journal Marianne, dénonçant un « système de corruption généralisé ».
Aujourd’hui encarté chez Les Républicains, l’homme affirme avoir refusé les propositions du parti de « passer sur un contrat avec le Parlement européen ». Un refus qui n’a semble-t-il pas arrêté le parti, qui a tout de même prodigué au conseiller quelques fiches de paie parlementaires à la fin de la campagne de 2012. La rupture avec Marine Le Pen sera définitivement consommée lorsqu’il devra se battre plusieurs mois après la fin de son contrat pour obtenir la régularisation de sa situation, qui se fera par la réception de fiches de paie issues du cabinet de l’expert-comptable du parti — pour lequel il n’a jamais travaillé.
Quel impact sur la montée du FN ?
Alors que cette affaire vient bousculer la campagne présidentielle de la candidate de l’extrême-droite, le FN ne dégringole toujours pas dans les sondages. Aveuglés par des promesses et des slogans politiques, les votants semblent totalement impassibles à ces importants soupçons de magouille généralisée. Sur les réseaux sociaux pro-Le Pen, la technique de défense consiste basiquement à en appeler au complot des médias ou du monde de la justice. Une victimisation qui semble désormais suffire à certains pour projeter des figures politiques au dessus des lois, comme l’Histoire en a déjà tristement témoigné par le passé.
Venant s’ajouter à plusieurs autres affaires, celle des supposés emplois fictifs du FN confronte une nouvelle fois le parti à la justice. Depuis 2011, les différentes campagnes de Marine Le Pen font l’objet d’enquêtes, notamment concernant leur financement. En octobre dernier, deux cadres du parti, Jean-François Jalkh et Wallerand de Saint-Just, étaient renvoyés en procès pour des soupçons d’escroquerie aux frais de l’État lors des législatives de 2012. Les conditions de financement des campagnes municipales et européennes de 2014 et départementales de 2015 sont également remises en question. Elles auraient potentiellement bénéficié du soutien de la société privée Riwal et de son directeur, Frédéric Chatillon, mis en examen le 15 février pour abus de biens sociaux.
Et ce n’est pas tout. Dans une enquête publiée début mars, « Le Procès interdit de Marine Le Pen« , Laurent Fargues expose le système occulte de financement des campagnes du Front National. Fruit de trois années d’investigations, on y découvre par quel moyen l’agence de communication et le parti gonflaient, selon les éléments et soupçons des enquêteurs, les frais de tracts et affiches des candidats frontistes pour maximiser les remboursements de l’État, donc du contribuable. C’est un candidat FN lui-même, Gérald Pérignon, qui tire la sonnette d’alarme. Pour cause, celui-ci va être remboursé à hauteur de 17 409 euros par l’État pour une campagne lui ayant couté 450 euros…
Rien n’y fait !
Malgré ce manque de transparence et une défense chaque fois bancale, le parti d’extrême-droite continue d’opérer son ascension dans les intentions de vote. Alors que se clôture le Salon de l’Agriculture, et que la situation des agriculteurs français continue de se dégrader, les votes du secteur primaire pourraient pour la première fois dans l’histoire de la Vème République adouber un candidat d’extrême-droite en dépit du bon sens écologique. Au plus grand désespoir des écologistes et autres militants d’une justice sociale, les organismes de sondages annoncent déjà la victoire du FN devant tous les autres candidats au premier tour. Comme le signalaient plusieurs chercheurs sur Médiapart ce 1er mars, il reste très difficile d’estimer le score que réalisera le FN à l’occasion des présidentielles. En revanche, plus personne ne met en cause sa présence au second tour. Tout comme avec la victoire de Trump aux États-Unis, le retour en force des mouvements réactionnaires d’extrême droite est aujourd’hui une réalité avec laquelle il faudra composer.
Pour rappel, le programme du Front National pour 2017 englobe des mesures telles que la remise en question de la participation de la France à l’Union Européenne, des coupes dans les subventions à des associations, une lutte contre la fraude sociale (traduisez : la chasse aux pauvres et aux chômeurs, déjà pratiquée avec brutalité par les mairies FN), la sortie de l’espace Schengen, la suppression du droit du sol, une forme de ségrégation sur base de la nationalité, la fin de la Politique Agricole Commune, la remise en cause des droits des homosexuels, l’augmentation conséquente du budget de l’armement et une absence totale de vision écologique. Profondément libéral et antisocial depuis son origine sous Jean Marie Le Pen, le Front National ne semble rien avoir perdu de sa prétention à vouloir lutter contre l’intérêt du plus grand nombre tout en s’affichant anti-système, sur un modèle similaire à Donald Trump. Nul n’aurait cependant pu imaginer qu’ils seraient un jour si nombreux à céder à cette rhétorique mensongère.
Sources : Lexpress.fr / Francetvinfo.fr