Source : Marianne, Xavier Frison, 14/05/2017
À l’occasion de la passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron, certains journalistes ont viré “gagas”. Exemple avec France 2 et BFMTV.
Une partie de la presse avait déjà tressé des lauriers en or massif à Emmanuel Macron, au soir de sa victoire du 7 mai. Pour son investiture au cours de la passation de pouvoir avec François Hollande ce 14 mai, certaines chaînes de télévision n’ont pas moins versé dans la flagornerie.
En ce dimanche matin, le service public était particulièrement en forme, à l’heure de semer sur le parcours du nouveau président mille qualificatifs plus élogieux les uns que les autres. Compilés par certains twittos, dont le journaliste Samuel Gontier, les saillies des commentateurs de France 2 ne laissent guère planer de doutes sur la cote d’amour d’Emmanuel Macron auprès de ces derniers. Florilège.
Laurent Delahousse orchestrait “ces instants républicains“, avec une myriade d’envoyés spéciaux dans les rues de Paris. La seule remontée des marches en courant du nouveau président suscite l’admiration : “Il a monté les marches quatre à quatre, à une vitesse incroyable. Ça rappelle Jacques Chaban-Delmas”, apprécie le journaliste Franck Ferrand.
Tandis que les figures obligées de la passation de pouvoir se déroulent sans surprise particulière, le plateau de France 2 est en ébullition : “C’est l’investiture la plus romanesque de la Ve République“, “On est véritablement dans le roman, et même, osons le mot, dans l’épopée“. Rien que ça. Et quand Laurent Delahousse y va de sa description du nouveau président, voilà le résultat : “Ce visage, ce masque d’Emmanuel Macron, cette gravité qui arrive”.
Le journaliste vedette de France 2 peut bien feindre de demander si “les Français avaient besoin d’être réassurés sur la présidentialisation d’Emmanuel Macron ?”, pour lui, il n’y a aucun doute. D’ailleurs, quand Emmanuel Macron prend une femme en larmes dans ses bras, “c’est le protecteur de la Nation” qui se présente à nous. “Des personnes se sont réfugiées dans ses bras. Autrefois, les rois touchaient les écrouelles le lendemain du sacre, il y a un peu de ça“, lâche un intervenant, dans une comparaison tout en simplicité.
Des personnes se sont réfugiées dans ses bras. Autrefois, les rois touchaient les écrouelles le lendemain du sacre, il y a un peu de ça.
Invité sur le plateau, l’ancien patron du Monde Eric Fottorino voit lui en Emmanuel Macron “un alliage”. Et pas de la camelote, s’il vous plaît : “Les aciéries font des métaux spéciaux. Il est d’un autre métal.” Plus fort, plus rare, plus indestructible, cela va de soi.
Serge Moati, lui, est marqué au fer par Gérard Collomb, incapable de retenir ses larmes au moment de serrer la main de celui en qui il a cru avant bien d’autres : “L’image de Gérard Collomb bouleversé, ça me fait penser à Mitterrand embrassant Mendès-France”, estime le journaliste.
Et puis, le type a “de la gueule”, selon un autre intervenant sur le plateau de France 2 ce dimanche matin. D’ailleurs, Nathalie Saint-Cricq ne se sent “pas autorisée en tant que femme à dire qu’il a le physique de l’emploi”, renvoyant cette responsabilité incongrue à ses collègues masculins, mais il se passe clairement quelque chose dans le coeur de la patronne du service politique de la chaîne.
“Il y a cinq ans, on parlait de la pluie, là on parle d’Emmanuel Macron. Quelque chose a changé”, entend-on encore sur le plateau.
Au moment où Emmanuel Macron revient de son petit tour de voiture à l’Élysée, costume détrempé, en refusant le parapluie tendu par un membre du personnel, c’est l’éclat de rire charmé sur le plateau de France 2. Même rigolade quelques secondes plus tard, quand on entend Emmanuel Macron dire sur le perron “Je vais me changer, je pense”. Les commentateurs s’extasient devant tant d’autodérision.
Sur BFMTV, on avait choisi un consultant bien particulier en la personne de[…]
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