« Libérer le marché du travail du carcan du code du travail en facilitant les licenciements, en boostant les contrats de projet et la négociation d’entreprise », voilà, pour Emmanuel Macron, le remède au chômage.Le code du travail tue l’emploi !
lundi 28 août 2017
« Il faut faciliter les licenciements pour embaucher »
Ce bobard est vêtu des oripeaux de la science. Il s’inspire d’une étrange théorie américaine des années 1980 qui explique le chômage par la faute des salarié·e·s stables (insiders). Ceux-ci auraient acquis, via les syndicats, une surprotection de leur emploi constituant une « rigidité » qui empêche le marché du travail de revenir au plein-emploi.
Selon cette théorie, les salarié·e·s stables auraient rendu les licenciements si difficiles que les employeurs n’oseraient plus embaucher des chômeurs (outsiders), de crainte de ne pouvoir les licencier. Il faudrait donc affaiblir les protections des salarié·e·s pour favoriser l’embauche.
Mais cette théorie oublie l’asymétrie de la relation salariale, qui est la raison d’être du code du travail. Ce sont les employeurs et non les salarié·e·s qui sont en position de force dans les négociations. Ce sont du reste les employeurs qui réclament et obtiennent depuis 40 ans des assouplissements du code du travail et ne respectent même plus la législation sur les CDD et l’intérim, prévus pour des cas précis mais aujourd’hui banalisés.
« La flexibilité réduit le chômage »
Dans la vraie vie, si les employeurs renoncent à embaucher, ce n’est pas qu’ils ont peur d’avoir du mal à licencier (ils y arrivent très bien), mais en raison de l’incertitude qui pèse sur leurs carnets de commande ou des difficultés à trouver les compétences qu’ils recherchent – ce que l’INSEE vient à nouveau de rappeler [1].
L’OCDE, qui poussait vigoureusement à la flexibilisation des marchés du travail du monde entier dans les années 1990, a constaté dès 2003 qu’on ne pouvait démontrer que ces réformes réduisaient le chômage. Ce constat n’a pas été démenti. Pire, après la crise de 2008-2009, des pays comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal, « bons élèves » des réformes libérales, ont facilité les licenciements, décentralisé la négociation au niveau des entreprises… et vu le chômage monter en flèche.
Pour en finir avec ce bobard
L’insécurité de l’emploi gâche la vie de millions de gens sans bénéficier à l’économie. Le CDI doit être la règle, le licenciement justifié par de réelles difficultés économiques, et le revenu garanti pendant les périodes de chômage et de formation grâce à une véritable sécurité sociale professionnelle.