Publié le 01/09/2017
A peine les ordonnances Travail dévoilées, le Medef salue seulement "une première étape" et la ministre Muriel Pénicaud prévient que ce n'est pas "une baguette magique" contre le chômage. On nous aurait menti ?
Ce devait être l'alpha et l'oméga de la lutte contre le chômage. La réforme du code du travail, ce fameux gros livre rouge qui pesait tant sur le marché du travail, devait permettre de "libérer les énergies", de "simplifier la vie des patrons" avec à la clef, pour les salariés, cette promesse réitérée par Emmanuel Macron dans son interview au Point : "La réforme du marché du travail (…) doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire baisser le chômage de masse et permettre de ne pas revenir sur ce sujet durant le quinquennat".
A peine trois mois après l'élection du nouveau président de la République, les ordonnances Travail ont été présentées ce jeudi 31 août. "Une réforme ambitieuse, équilibrée et juste", a vanté le Premier ministre Edouard Philippe, soulignant qu'après "des décennies de chômage de masse", "personne" avant cette réforme ne pouvait "sérieusement soutenir que notre droit, et notre droit du travail en particulier, favorise aujourd'hui l'embauche".
"C'est pas une baguette magique qui réduit le chômage"
Nous y sommes, donc : la loi Travail nouvelle est arrivée, la fin du chômage de masse est en vue ! Enfin, pas si vite. Car à peine les ordonnances rendues publiques, le chœur de ceux qui les réclamaient a déjà commencé à doucher les espoirs qu'ils avaient eux-mêmes levés pour les justifier. "C'est pas une baguette magique qui réduit le chômage", a ainsi prévenu ce vendredi 1er septembre la ministre du Travail Muriel Pénicaud sur France Inter. Caramba, on nous aurait menti ?
La réponse se lit entre les lignes dans les réactions du Medef. Logiquement, au vu des réformes mises sur la table, son patron Pierre Gattaz s'est réjoui d'un "changement de philosophie" de nature à donner "confiance" aux chefs d'entreprise. "C'est une première étape importante dans la construction d'un droit du travail plus en phase avec la réalité des entreprises", a développé le premier syndicat patronal. Lisez bien : "première étape", seulement. "Il n'y aura pas de vague d'embauches", prévenait d'ailleurs déjà la veille son vice-président Thibault Lanxade sur Europe 1.
Cette précision rappelle l'attitude du Medef sous le quinquennat de François Hollande. Brandissant en pin's la promesse de la création d 'un million d'emplois si l'Etat aidait les entreprises, le Medef avait obtenu des milliards d'euros de crédits d'impôts via le CICE, puis l'adoption en août 2016 de la loi El Khomri. Mais que croyez-vous que Pierre Gattaz déclarât six mois plus tard, après avoir rangé son pin's ? "Créer 1 million d'emplois, c'est possible mais nous n'avons toujours pas pris les mesures économiques qui vont bien. On attend toujours des mesures concrètes".
La ritournelle gourmande du Medef ne semblant pas avoir de fin, il y a donc fort à parier que le vœu d'Emmanuel Macron de "ne pas revenir sur ce sujet durant le quinquennat" ne sera pas exaucé. Rendez-vous dans six mois pour un nouveau refrain ?