En déplacement à Tourcoing le 14 novembre, Emmanuel Macron a insisté sur l’importance de la formation, « cœur de la politique de l’emploi du gouvernement ». Taclant ceux et celles qui protestent contre la disparition brutale de dizaine de milliers de contrats aidés, le chef de l’État a défendu l’investissement dans la formation, nécessaire « si nous voulons vraiment éradiquer le chômage dans notre pays. » Le lendemain, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a transmis au patronat et aux syndicats le « document d’orientation » relatif à la réforme de la formation professionnelle.
15 milliards d’euros devraient être dépensés, sur cinq ans, avec une attention particulière pour les demandeurs d’emploi les plus éloignés du travail. Faire de la formation un levier pour lutter contre le chômage n’a rien de nouveau. Parmi les dispositifs récemment mis en place, on peut citer les plans de formation des demandeurs d’emploi – le dernier en date, le « plan 500 000 » (le nombre d’actions de formation) a été lancé en janvier 2016 –, les préparations opérationnelles à l’emploi collectives ou individuelles (POE) ou encore les emplois d’avenir (EAV) pour les jeunes, qui intègrent une dimension de formation obligatoire.
Les effets de la formation sont parfois négatifs
« Ce volontarisme politique s’est traduit par une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi en formation », remarque un rapport publié en août dernier par le commissariat général à la stratégie et à la prospective, une institution rattachée à Matignon. L’efficacité de ces plans du point de vue du retour à l’emploi semble difficile à évaluer. « La massification des plans de formation ne s’est pas accompagnée d’une amélioration de l’accès à l’emploi durable : 28 % des demandeurs d’emploi formés dans le cadre du plan 500 000 ont retrouvé un emploi durable », cite le rapport. En fait, les effets de la formation sont très variés selon les individus.
Si l’effet est « positif et significatif » pour les individus ayant connu une expérience d’emploi récente, il apparaît « non significatif, voire négatif, pour les personnes ayant quitté leur emploi depuis longtemps ou pour les nouveaux entrants sur le marché du travail ». Les plus diplômés bénéficient davantage que les autres de la formation continue délivrée aux chômeurs, mais la probabilité de retrouver du travail diminue avec l’âge. « Le niveau et la spécialité de formation ne sont pas toujours le premier critère de recrutement des entreprises », remarque le rapport. Certaines entreprises privilégient plutôt l’expérience et la motivation [1].
Une autre étude publiée par pôle emploi en 2016 soulignait déjà ce faible rapport entre formation des chômeurs et reprise du travail. Ainsi en 2015, 57 % des demandeurs d’emploi ont accédé à un emploi dans les six mois qui ont suivi la fin d’une formation. Une personne sur cinq déclare cependant « n’avoir pas eu le choix » parce qu’elle « devait vite retrouver un emploi ». Surtout, à peine 30% des chômeurs formés ont trouvé un emploi durable - CDI ou CDD de plus de six mois. Bref, contrairement aux rengaines gouvernementales, si les chômeurs ne trouvent pas de travail, ce n’est pas forcément parce qu’ils ne sont pas « employables ».