Déjà cinq perquisitions, trois gardes à vue et un procès à venir. Ce zèle des autorités policières et judiciaires fait suite à quatorze opérations de décrochages du portrait d’Emmanuel Macron dans des mairies depuis le 21 février. Ces actions non violentes intitulées « Sortons Macron » visent à dénoncer l’inaction du gouvernement face au dérèglement climatique et l’urgence sociale, en laissant symboliquement des murs de mairies vides de portrait présidentiel. Le gouvernement n’a guère apprécié : les ministres Bruno Le Maire, Franck Riester et Sébastien Lecornu se sont empressés de condamner ces actions, dénonçant notamment « une atteinte symbolique à nos institutions démocratiques » [1].
« Si nous devons nous faire arrêter et juger pour que les choses changent, nous sommes prêts »
À Lyon, un premier activiste a été convoqué pour une audition dès le 22 février, puis placé en garde à vue, tandis que son domicile et un lieu militant, l’AlternatiBar de Lyon, ont été perquisitionnés. « Si ce sont les portraits que la police recherche, il n’y a pas d’inquiétude à avoir : ils ne tarderont pas à réapparaître puisque les actions visent à "sortir" Macron pour lui montrer la réalité du dérèglement climatique et la colère sociale », souligne l’association ANV-COP21 à l’initiative de ces actions. Une autre militante lyonnaise, Fanny Delahalle, a passé 9h en garde à vue et vu son domicile perquisitionné, suite à la plainte déposée par le maire du 2e arrondissement. Elle est convoquée au tribunal de grande instance le 2 septembre 2019 pour « vol en réunion », et encourt 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.
A Mulhouse, Michaël Horn, a lui été placé 26 heures en garde à vue les 1er et 2 mars. « Il a été arrêté et menotté à son domicile, emmené à son lieu de travail puis au commissariat de Wittelsheim » précise ANV COP21. Les deux perquisitions de la police, au domicile et sur le lieu de travail de Michaël Horn visaient à retrouver le portrait décroché de la mairie de Wittelsheim le 1er mars. « Depuis les premières actions, nous voyons la répression se renforcer, mais nous ne nous laisserons pas intimider », affirme Sylvine Bouffaron, membre d’ANV-COP21. « On ne le fait pas par plaisir, mais si nous devons nous faire arrêter et juger pour que les choses changent, nous sommes prêts. Le vrai crime serait de se contenter de discours. » Le mouvement annonce d’autres décrochages de portraits dans les jours qui viennent.
Photo : © Clément Tissot / opération Sortons Macron, le 21 février 2019 à Paris.