27 octobre 2012
Révélation - Canberra a partagé des renseignements sur Assange avec Washington pendant deux ans (The Age)
Philip Dorling
WikiLeaks et Julian Assange ont été le sujet d’échanges de renseignements
entre l’Australie et les USA depuis plus de deux ans, a révélé le Ministère
(australien, ndt) des Affaires Etrangères et du Commerce Extérieur.
L’éditeur de WikiLeaks a aussi fait l’objet de rapports de renseignements
australiens depuis Washington peu de temps avant qu’il ne cherche l’asile
politique à l’Ambassade londonienne de l’Equateur.
Dans une décision hier tenant à la liberté de l’information, les Affaires
Etrangères ont confirmé à Fairfax Media l’existence d’un rapport de
renseignement concernant WikiLeaks et M. Assange, câblé à Canberra depuis
l’Ambassade australienne à Washington, le 1er juin.
M. Assange, qui était en échec dans son combat juridique pour éviter
l’extradition du Royaume-Uni vers la Suède pour y répondre à un interrogatoire
portant sur des accusations d’agression sexuelle, chercha l’asile politique à
l’Ambassade équatorienne de Londres 18 jours plus tard.
Le ministère a également confirmé que les échanges de renseignements entre
l’Australie et les USA autour de WikiLeaks remontent à plus de deux ans, en
révélant l’existence de deux rapports de renseignement envoyés depuis Washington
vers Canberra les 4 et 25 août 2010, dans les suites immédiates de la
publication par le site de lanceurs d’alerte de rapports militaires US secrets
sur la guerre en Afghanistan.
Les câbles diplomatiques secrets, à Washington, n’ont pas été publiés parce
qu’ils sont des « documents d’agence de renseignements », et par conséquent
exempts de divulgation sous les lois de liberté de l’information.
Toutes les agences de renseignements australiennes sont représentées à
l’Ambassade de Washington et sont en liaison étroite avec leurs homologues
US.
Un câble diplomatique australien récemment publiédémontre que l’Ambassade de
Washington a bel et bien reçu des informations confidentielles concernant
l’implication du FBI dans des enquêtes ciblant WikiLeaks aussi tôt que le 29 ou
le 30 juillet 2010
Toutefois les détails de cet échange ont été édités par le Ministère des
Affaires Etrangères pour la raison que la divulgation « d’évaluations ou de
commentaires de la part d’officiels étrangers » nuirait aux relations
internationales de l’Australie.
D’autres câbles diplomatiques australiens publiés précédemment à Fairfax
Media révèlent qu’en décembre 2010 l’Ambassade confirmait que le Ministère de la
Justice US menait une « enquête active et vigoureuse pour voir si Julian Assange
pouvait être accusé selon la loi US, très probablement l’Espionage Act de
1917. »
Des officiels US ont dit à l’Ambassade que « l’affaire WikiLeaks est sans
précédent, à la fois dans son étendue et dans sa nature. »
Dans un autre document publié par les Affaires Etrangères (australiennes,
ndt), l’ancien ministre des Affaires Etrangères Kevin Rudd écrivait le 15
novembre 2011, qu’il cherchait l’opinion de l’ancien ministre de la Justice
Robert McClelland sur des rapports selon lesquels « la meilleure voie vers une
accusation réussie serait de démontrer que M. Assange avait agi comme co-conjuré
– sollicitant, encourageant ou assistant Bradley Manning (le soldat US qui a
divulgué les « War Logs », ndt), pour obtenir et ensuite fournir les
documents. »
Le ministre des Affaires Etrangères (actuel, ndt) Bob Carr a systématiquement
nié toute connaissance d’une quelconque intention de Washington de porter une
accusation à l’encontre de M. Assange, affirmant en juin : « Je n’ai reçu aucun
indice qu’ils aient le projet de l’extrader vers les USA… Je m’attendrais plutôt
à ce que les USA ne veuillent pas y toucher. »
La dernière divulgation d’information faite à Fairfax Media montre que des
diplomates australiens ont continué à assister et commenter en détail les
procédures d’avant-procès auxquelles est soumis Bradley Manning qui est
confronté à 22 charges différentes en relation à la divulgation présumée à
WikiLeaks d’informations confidentielles et, de par ces divulgations, d’avoir
« aidé l’ennemi », une accusation pouvant déboucher sur une peine de réclusion à
perpétuité.
Le 20 juin, l’Ambassade de Washington a rapporté l’échec de l’équipe de
défense de Manning à obtenir l’accès aux minutes du grand jury fédéral US
présumé engagé dans l’enquête du ministère de la Justice pour espionnage et
délits associés en relation avec l’obtention par WikiLeaks de documents classés
confidentiels.
Cependant des informations connexes « sensibles » du rapport de l’Ambassade
ont été éditées, une fois de plus sous prétexte que leur divulgation publique
nuirait aux relations de l’Australie avec les USA.
Le président de l’Equateur Rafael Correa a accordé l’asile politique à
M. Assange le 16 août, affirmant que si M. Assange était extradé en Suède il
courrait le risque d’une extradition supplémentaire aux USA pour y répondre
d’accusations d’espionnage ou de conspiration.
Des discussions entre le ministre britannique des Affaires Etrangères William
Haig et son homologue équatorien Ricardo Patino, à New York le 27 septembre,
n’ont pas permis de briser l’impasse diplomatique et juridique autour du statut
de M. Assange.
Le gouvernement britannique dit qu’il est légalement tenu d’extrader Assange
vers la Suède, et qu’il ne lui permettra pas de quitter l’Ambassade équatorienne
pour voyager vers ce pays latino-américain.
Par Philip Dorling, le 18 octobre 2012http://wikileaksactu.wordpress.com/2012/10/24/revelation-can...
Lien vers l’article original : http://www.theage.com.au/opinion/political-news/revealed-can...
traduit depuis le web par willsummer