Les entreprises délocalisent pour réduire ce qu’elles appellent le « coût du salaire ». C’est entendu. Mais la différence de salaire n’est pas seulement due à celle du niveau de vie. Ce « coût » a également un « coût ».
Les salaires de misère entraînent pour les dits « salariés » le recours à des prêts auprès de leurs employeurs qui les entravent eux et leur descendance, ils n’ont pas de protection sociale, les normes d’hygiène et de sécurité dans les usines sont inexistantes. Les « délocalisateurs » le savent. Tour comme nous d’ailleurs.
Et puis c’est l’accident. Des morts par dizaines, quand ce n’est pas par centaines qui passeront par les pertes et profits. Des hommes, des femmes et des enfants sacrifiés sur l’autel de la compétitivité. Mais aussi au nom de notre confort et notre illusion de richesse. Cette fois, le nombre de victimes dans une usine à textile au Bangladesh dépasse les 100 victimes.
Le 25 mars 1911, quelques minutes avant l’heure de la fermeture, un incendie a ravagé les locaux de la fabrique de chemisiers Triangle Shirtwaist à New York, dans le Lower East Side. En quelques années la ville et l’Etat de New York allaient adopter 63 nouvelles lois sociales, les plus avancées du pays. Ces lois servirent ensuite de modèle pour le New Deal, après la victoire des Démocrates qui s’étaient appuyé sur les syndicats pour battre les Républicains, auparavant plus proches du mouvement ouvrier.
L’hygiène et la sécurité sont désormais soumis dans nos contrées à des règles draconiennes dont le non respect peut entraîner des sanctions pécuniaires voire pénales sévères. Sans parler des règles relatives à l’environnement.
Au Bangladesh, comme ailleurs, rien ne changera, compétitivité oblige. Il est impensable que les entreprises qui délocalisent ne soient pas taxées fortement à l’importation en raison de ces carences coupables au niveau de l’hygiène et de la sécurité. Protectionnisme. Sans doute. Mais pour protéger les exploités. Qui s’y oppose? Ah une dame s’avance. Votre nom? Mme Parisot?
Puisqu’on est dans le textile, restons-y.
Vingt marques de prêt-à-porter sont mises en cause dans une nouvelle enquête de Greenpeace International qui révèle la présence de substances chimiques toxiques dans les vêtements. Le rapport intitulé « les dessous toxiques de la mode », rendu public le 20 novembre 2012, a été réalisé dans le cadre la campagne Detox lancée par Greenpeace Chine en 2011 afin que les grandes marques de sport rompent leurs contrats avec les fournisseurs asiatiques utilisant des substances toxiques. « Fashion victims » aux deux bouts de la chaîne.
Saluons pour finir, les paroles récentes d’un ancien grand patron du textile du Nord de la France:
« Je suis fier d’être un patron industriel qui délocalise, assez de faux semblant, la perte d’emploi, la déstabilisation industrielle, c’est normal, c’est l’évolution ». Guillaume Sarkozy, le 28 novembre 2002*, alors Vice-Président du Medef devant l’association des journalistes de la presse économique et financière (AJEF)
C’est beau.
Sources: Sud-Ouest - Goodplanet