3 mars 2013
Bradley Manning, un homme d’un courage exceptionnel (Counterpunch)
Bradley Manning, un homme d’un courage exceptionnel (Counterpunch)
Marjorie COHN
"Si seulement
Manning avait torturé des gens."
Il faut beaucoup de courage pour dévoiler les mensonges d’un gouvernement
dans le but de mettre fin à une guerre.
Bradley Manning a plaidé coupable pour dix des chefs d’accusation relevés
contre lui y compris la possession et la communication volontaire à une personne
non autorisée des éléments principaux des révélations de WikiLeaks. Il risque
une peine de 20 ans de prison. Pour la première fois, Bradley a pu expliquer
publiquement ce qu’il avait fait et pourquoi il l’avait fait. Ses actions,
confirmées désormais par ses déclarations, prouvent que Bradley est vraiment un
jeune homme très courageux.
Quand il avait 22 ans, le soldat Bradley Manning, de grade PFC (anciennement Specialist, ou SPC, ndt), a communiqué des documents classifiés à WikiLeaks. Ils comprenaient la vidéo des "Meurtres Collatéraux" qui montrait des soldats étasuniens dans un hélicoptère Apache tuant 12 civils désarmés, dont deux journalistes de l’agence Reuters, et blessant deux enfants.
"Je me suis dit que si le public, et particulièrement le public étasunien, la voyait, cela provoquerait un débat sur l’armée en particulier et notre politique étrangère en général telle qu’elle est appliquée en Irak et en Afghanistan," a dit Bradley au tribunal militaire pendant le procès. "J’ai pensé que cela pourrait pousser la société à reconsidérer la nécessité d’intervenir militairement contre le terrorisme au mépris de la situation humanitaire des peuples au côté desquels nous intervenons."
Bradley a expliqué qu’il était contrarié de n’avoir pas été capable de convaincre ses supérieurs d’ouvrir une enquête sur la vidéo des Meurtres collatéraux et sur une autre de "pornographie guerrière" qui font partie des documents qu’il a fournis à WikiLeaks. "J’ai été ébranlé par la manière dont les enfants blessés étaient traités". Bradley fut choqué par le fait que les soldats de la vidéo "ne semblaient attacher aucune valeur à la vie humaine et qu’ils traitaient [leurs cibles] de ’salauds de morts’". Les soldats tiraient aussi sur les personnes qui essayaient de porter secours aux blessés et les tuaient. Un tank étasunien a roulé sur le corps d’un homme et l’a coupé en deux. Ce que les soldats de la vidéo ont fait est considéré comme crimes de guerre par les Conventions de Genève qui interdisent de cibler des civils, d’empêcher les secours de s’occuper des blessés et d’avilir les morts.
Personne à WikiLeaks ne m’a contacté pour me demander de leur fournir ces documents, a dit Bradley. "Aucun membre de WLO [WikiLeaks Organization] n’a fait pression sur moi pour que je leur donne davantage d’information. La décision de communiquer ces documents à WikiLeaks [a été] entièrement mienne."
Avant de contacter WikiLeaks, Bradley a essayé de faire publier les documents par le Washington Post mais le journal n’a pas donné suite. Il a ensuite essayé de contacter le New York Times mais il n’y est pas parvenu.
Pendant les neuf mois de sa détention, Bradley a été maintenu à l’isolement, ce qui est considéré comme de la torture parce que cela peut provoquer des hallucinations, la catatonie et le suicide.
Bradley a plaidé non coupable pour douze autres chefs d’accusation, dont aide à l’ennemi et espionnage qui sont passibles de prison à perpétuité. L’action de Bradley n’est pas s’en rappeler celle de Daniel Ellsberg qui, en publiant les "Pentagone papers" (les documents du Pentagone), a dévoilé les mensonges du gouvernement et contribué à mettre fin à la guerre du Vietnam.
Marjorie Cohn
Marjorie Cohn est professeur des droits de l’homme à la Thomas Jefferson School et ancienne présidente de la National Lawyers Guild. Son dernier livre est The United States and Torture : Interrogation, Incarceration, and Abuse. Et voilà l’adresse de son site Web : www.marjoriecohn.com.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2013/03/01/the-uncommon-courage-...
Traduction : Dominique Muselet
Quand il avait 22 ans, le soldat Bradley Manning, de grade PFC (anciennement Specialist, ou SPC, ndt), a communiqué des documents classifiés à WikiLeaks. Ils comprenaient la vidéo des "Meurtres Collatéraux" qui montrait des soldats étasuniens dans un hélicoptère Apache tuant 12 civils désarmés, dont deux journalistes de l’agence Reuters, et blessant deux enfants.
"Je me suis dit que si le public, et particulièrement le public étasunien, la voyait, cela provoquerait un débat sur l’armée en particulier et notre politique étrangère en général telle qu’elle est appliquée en Irak et en Afghanistan," a dit Bradley au tribunal militaire pendant le procès. "J’ai pensé que cela pourrait pousser la société à reconsidérer la nécessité d’intervenir militairement contre le terrorisme au mépris de la situation humanitaire des peuples au côté desquels nous intervenons."
Bradley a expliqué qu’il était contrarié de n’avoir pas été capable de convaincre ses supérieurs d’ouvrir une enquête sur la vidéo des Meurtres collatéraux et sur une autre de "pornographie guerrière" qui font partie des documents qu’il a fournis à WikiLeaks. "J’ai été ébranlé par la manière dont les enfants blessés étaient traités". Bradley fut choqué par le fait que les soldats de la vidéo "ne semblaient attacher aucune valeur à la vie humaine et qu’ils traitaient [leurs cibles] de ’salauds de morts’". Les soldats tiraient aussi sur les personnes qui essayaient de porter secours aux blessés et les tuaient. Un tank étasunien a roulé sur le corps d’un homme et l’a coupé en deux. Ce que les soldats de la vidéo ont fait est considéré comme crimes de guerre par les Conventions de Genève qui interdisent de cibler des civils, d’empêcher les secours de s’occuper des blessés et d’avilir les morts.
Personne à WikiLeaks ne m’a contacté pour me demander de leur fournir ces documents, a dit Bradley. "Aucun membre de WLO [WikiLeaks Organization] n’a fait pression sur moi pour que je leur donne davantage d’information. La décision de communiquer ces documents à WikiLeaks [a été] entièrement mienne."
Avant de contacter WikiLeaks, Bradley a essayé de faire publier les documents par le Washington Post mais le journal n’a pas donné suite. Il a ensuite essayé de contacter le New York Times mais il n’y est pas parvenu.
Pendant les neuf mois de sa détention, Bradley a été maintenu à l’isolement, ce qui est considéré comme de la torture parce que cela peut provoquer des hallucinations, la catatonie et le suicide.
Bradley a plaidé non coupable pour douze autres chefs d’accusation, dont aide à l’ennemi et espionnage qui sont passibles de prison à perpétuité. L’action de Bradley n’est pas s’en rappeler celle de Daniel Ellsberg qui, en publiant les "Pentagone papers" (les documents du Pentagone), a dévoilé les mensonges du gouvernement et contribué à mettre fin à la guerre du Vietnam.
Marjorie Cohn
Marjorie Cohn est professeur des droits de l’homme à la Thomas Jefferson School et ancienne présidente de la National Lawyers Guild. Son dernier livre est The United States and Torture : Interrogation, Incarceration, and Abuse. Et voilà l’adresse de son site Web : www.marjoriecohn.com.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2013/03/01/the-uncommon-courage-...
Traduction : Dominique Muselet
URL de cet article 19580
http://www.legrandsoir.info/bradley-manning-un-homme-d-un-courage-exceptionnel.html
http://www.legrandsoir.info/bradley-manning-un-homme-d-un-courage-exceptionnel.html