lundi 4 mars 2013

Les vraies victimes du terrorisme (Le grand soir)

Les vraies victimes du terrorisme

Il parait que le terrorisme c’est fait pour terroriser. Ce serait même une lapalissade. Malgré tout, sans aller jusqu’au niveau de Charles Pasqua qui, lui, voulait terroriser les terroristes, j’avoue que ça ne me fait pas peur. Et il y en a beaucoup comme moi. Je crois même que nous représentons une très large majorité en France. Est-ce par bravade ? Par inconscience ? Par courage ? Rien de tout ça.
Il eut fallu, pour cela, qu’il y ait un réel danger. Ce qui n’est pas le cas, si l’on se réfère à ce que nous voyons et vivons tous les jours. Il y a un gouffre entre la réalité de notre vie quotidienne et le discours ambiant qui lui, est construit autour d’une impression de danger permanent. Malheureusement la peur est plus le fruit de l’imaginaire que du monde réel. C’est d’ailleurs sa raison d’être, celle de prévenir, avant que les choses ne se concrétisent. Mais en toute chose l’excès est nuisible. Une peur irraisonnée, qui dépasse sa fonction de sauvegarde et de protection, peut mener à la destruction. Il n’est pas besoin d’aller chercher Freud ou les grands philosophes pour avoir conscience de cela.
Un des piliers de l’éducation des enfants est la gestion de ses peurs par l’apprentissage de l’analyse de ce qui se passe autour de lui. La société actuelle semble avoir oublié que ces sentiments doivent être maîtrisés, voire domptés, pour qu’ils remplissent pleinement leurs fonctions. Au contraire, on a tendance à les magnifier et à en considérer l’excès comme des supra qualités. Celui qui n’a pas peur devient un irresponsable, un inconscient ou un « malade ». Il peut même être considéré comme dangereux, mettant ses concitoyens en danger.
Les marchands de peur – et ils sont nombreux – applaudissent. Ils sont en terrain fertile. Une rumeur adroitement lancée, un événement commenté de la bonne manière, une idée suggérée au bon moment… et le phénomène prend comme un feu de paille. Ça marche à tous les coups. Il n’y a plus qu’à l’exploiter. Que plus tard, les faits démentent le discours initial, cela n’aura aucun impact. Car la peur a ceci de particulier : elle empêche de réfléchir et d’analyser sereinement, tant qu’on est sous son influence. C’est ce qui se passe dans le cas du terrorisme.
Pourtant les chiffres, même manipulés, parlent d’eux-mêmes. Toutes les télévisions, toutes les radios, tous les journaux, toutes tendances confondues, nous rapportent quotidiennement les attentats et massacres commis dans le monde. Depuis 10 ans, il ne se passe pas un jour sans qu’un acte terroriste ne soit perpétré ici ou là. Chacun de ces actes est revendiqué avec force vidéos, communiqués et menaces en tous genres. Ces menaces ont toutes une cible : nous. Les auteurs de ces actes, les terroristes, ont un ennemi : nous. Dans leurs communiqués, leur but est clair : frapper l’Occident. Il est vrai qu’avec une telle hargne, une telle détermination aussi clairement orientée, il y a de quoi s’inquiéter et même en avoir la chair de poule. Au mieux, pour se rassurer quelque peu, on pourrait se dire que tout ça c’est du bluff. Que non. Tous les jours les médias du monde entier se chargent de nous prouver que ce n’en est pas un. Leurs vidéos et leurs articles nous étalent toute l’horreur du terrorisme, y rajoutant parfois quelques mains ou têtes coupées au nom de lois barbares dont se réclament les auteurs de ces crimes. Car il s’agit aussi de cela : les terroristes, à l’international, sont tous musulmans et le revendiquent haut et fort, au point que même les plus sourds ne peuvent que l’entendre. Ce serait donc des musulmans qui s’attaqueraient à l’Occident et à ses valeurs. Il ne s’agit pas de tous les musulmans, bien sûr, s’empresse-t-on de préciser, mais, il faut bien le reconnaître, tous ceux qui s’en prennent à nous sont musulmans.
Ces dangereux terroristes ont tout de même réalisé sur nos sols, depuis le début du siècle, trois attentats : Word Trade Center, Londres et Madrid. Trois attentats ? Et les plus de 20 000 autres alors ? Oui depuis 2003, il y a eu, non pas 3, 100 ou 1000 attentats, mais plus de 20 000. Les comptes sont rigoureusement tenus à jour, par ceux-là mêmes qui veulent montrer la dangerosité et la détermination de l’ennemi. Seulement voilà, l’ennemi ne s’en prend pas à nous. Ses actions sont dirigées vers quelqu’un d’autre. Sans même s’appesantir sur le flou entourant les trois attentats cités plus haut, on peut considérer que la cible des terroristes, dans leurs faits et leurs actes, ce sont les musulmans eux-mêmes.
Sur les 5 dernières années, il y a eu un peu plus de 10 000 attentats et actes de terrorisme « islamique » ailleurs qu’en occident, avec à la clé plus de 50 000 morts et plus de 90 000 blessés, tous musulmans. Pendant ce temps, en Europe et aux États-Unis, c’est presque le calme plat. En Occident, il y a plus de morts dans les fusillades dans les écoles ou par règlement de compte que du fait du terrorisme ; avec une exception, si l’on peut dire, celle de Mohamed Mérah. Mais était-ce vraiment une exception, quand on sait que c’était sous Sarkozy, et que la France se devait, elle aussi, d’avoir son 11 septembre de Bush, son Londres de Blair ou son Madrid de Aznar ? Et même dans ce cas, certaines des victimes « avaient l’air musulman », selon la propre expression du chef de l’État.
Les morts et les blessés sont donc musulmans. Le terroriste, pour embêter l’occident, prend tranquillement le chemin du souk le plus proche et déclenche sa bombe, tuant le maximum de civils enturbannés ou voilés. C’est ça la haine contre l’Occident. C’est en tout cas ce que l’on veut nous faire croire. Il en est même qui s’organisent pour attaquer l’armée d’un pays pour punir ce pays ou ses dirigeants. Punir de quoi ? On trouve toujours. Mais c’est toujours pour lutter contre la civilisation du bloc occidental, remplacer ses églises par des mosquées et ses lois par la charia. Rien que ça. Puisque les victimes tombent dans une guerre menée contre les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni, pourquoi ne sont-elles pas honorées dans ces pays dans lesquels, pourtant, on est prompt à commémorer le moindre bobo ? C’est même le contraire qui se passe. On nie aux victimes jusqu’à leur nature de victimes. Ce ne sont pas eux qui sont visés. Ils seraient morts par erreur. Ainsi, au mois d’août dernier, quand un groupe, inconnu jusque-là, a attaqué les gardes-frontière égyptiens, tuant seize d’entre eux et en blessant de nombreux autres, l’Égypte n’était pas concernée. C’était Israël qui était visé. Où sont les morts ou blessés israéliens ? Il n’y en a pas, bien sûr, mais quelle importance ? Ce ne pouvait être qu’Israël la cible. Pendant des années on nous a expliqué de toutes les façons possibles que tous les terroristes cherchaient par tous les moyens la destruction d’Israël. Comment expliquer qu’aujourd’hui où des djihadistes pullulent dans le coin, faisant sauter tous les souks, bazars et édifices des pays environnants, il n’y en ait pas un seul qui ait traversé la frontière pour aller mourir en martyr en Israël ? Ca ne semble pas les intéresser. Leur vindicte est dirigée contre leurs coreligionnaires.
Qui sont donc ces gens qui nous menacent et sévissent ailleurs ? Qui sont ces terroristes qui sont un fléau à nos yeux et qui ne présentent de dangers que pour les autres ? Les réponses à ces questions semblent de plus en plus évidentes. A tel point que l’on peut presque prévoir l’endroit où ils séviront demain. On a fini par remarquer qu’ils devancent toujours les occidentaux de quelques mois dans les lieux où des bases militaires ou autres Africom sont nécessaires. Aucune intervention n’est désormais possible sans leur présence anticipée, même dans des lieux improbables dont ils n’avaient jamais entendu parler de toute leur vie de terroristes. Si un jour on parlait d’un groupe islamiste dans une île du Pacifique, la question qui se poserait alors porterait plutôt sur les rapports entre le gouvernement de cette île et le gouvernement des États-Unis.
Pourquoi alors avoir peur ? Pourquoi redouter une menace qui n’existe pas ? Même quand les autorités rehaussent les niveaux d’alerte selon les besoins du moment. Même si, de temps à autre, on procède à quelques arrestations de personnes que l’on avait gardées bien au chaud en attendant le moment le plus approprié pour procéder à ces arrestations. Les « terroristes » à l’intérieur sont devenus des instruments politiques en quelque sorte. Leur mode d’emploi est fort simple : leurs semblables – ou ceux que l’on peut considérer comme tels – font ce qu’il faut à l’extérieur, on s’en sert ensuite pour gérer les opinions à l’intérieur. Et ça marche. Ca a toujours marché et ça marchera encore, malheureusement. Pendant ce temps, des milliers de gens vont continuer à mourir dans le monde, juste pour entretenir notre peur, avec les réactions qui vont avec.
Avic
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