RENSEIGNEMENT – Des citoyens britanniques privés de passeports puis tués par des drones américains
Un drone américain MQ-1 Predator.
Depuis 2002 le ministre de l'intérieur britannique est en mesure de retirer le passeport de n'importe quel ressortissant du pays détenteur d'une double nationalité, sur la simple base d'un acte "sérieusement préjudiciable" accompli par celui-ci.
Selon ses critiques, le programme est sujet à la controverse car il permettrait au gouvernement de "se laver les mains" du sort de citoyens britanniques suspectés de terrorisme. Peu utilisée auparavant, la loi est surtout appliquée depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement de coalition, relate The Independent, qui précise que depuis 2010 16 individus ont été déchus de leur citoyenneté contre 21 depuis 2002.
Les personnes visées par la loi, poursuit le quotidien, se font confisquer leur passeport britannique et sont interdits de territoire, ce qui rend encore plus complexe toute tentative de faire appel auprès du ministre de l'intérieur (qui prend la décision) et pose la question de la légalité du programme. D'autant qu'il apparaît, toujours selon l'enquête, que le gouvernement procède aux retraits de passeports quand les individus sont en dehors du territoire, en vacances parfois. Sur les 21 personnes affectées par la loi depuis 2002, seulement deux ont gagné leur appel, dont une a été extradée aux Etats-Unis depuis.
Le New York Times montre à travers cette infographie l'augmentation des attaques de drones depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama.
"Il semblerait que le procédé de privation de citoyenneté ait facilité la tâche des Etats-Unis qui ont désigné M. Sakr comme un combattant ennemi, envers lequel le Royaume-Uni n'a aucune responsabilité", a précisé l'avocat. Une porte-parole du ministère de l'intérieur britannique a déclaré aux enquêteurs qu'elle ne commenterait pas des questions de renseignement.
L'organisation Cage Prisonner, qui est en relation avec les familles des personnes touchées par la loi de 2002 met en garde contre une loi "extrêmement dangereuse" qui renforce le sentiment de non-appartenance nationale pour des citoyens nés au Royaume-Uni mais issus de la minorité.