Le retour de l'attaque des retraites
Cotiser toute une vie pour ne jamais en profiter. N’est-ce pas là au fond la vision de la retraite parfaite (enfin pour le marché) ?
Pas la peine de reprendre mes billets de 2010 sur la réforme des retraites de l’UMP de changer les noms et de republier, ce tweet de Jean-Marc Ayrault datant du 10 septembre 2010 en pleine mobilisation contre la réforme suffira pour saisir l'ampleur de la déception et de la colère.
L’annonce de cette énième réforme des retraites par le Premier Ministre est évidemment une arnaque pour le travailleur dans la droite ligne des précédentes.
Arnaque. 43 ans de cotisations lorsqu'on décroche un premier véritable emploi à 26 ans en moyenne, ça nous conduit à 69 ans pour obtenir une retraite à taux plein, à la condition de ne pas avoir connu de période de chômage (Hi-Hi) et de ne pas être dégagé à 56 ans du "marché" (âge moyen aujourd'hui constaté). Cotiser plus longtemps parce que, parait-il, nous vivrons plus longtemps (oui Marty, je l’ai vu avec ma Delorean !), veut tout simplement dire, chers lecteurs, que beaucoup d’entre vous, spécialement les moins de 30 ans, ne toucheront jamais de vraie retraite comme vos parents (oui les mêmes qui gardent leur abattement de 10% sur l'IR).
Arnaque. L’espérance de vie avancée comme argument magique est le résultat de gains passés (notamment de la diminution du temps de travail, la généralisation des soins remboursés), et ne peut en aucun faire l’objet de projection sérieuse. Spécialement dans un contexte ou de plus en plus de Français rechignent à se faire soigner faute de budget, et ou l’on peut attendre 5 ou 6 heures aux urgences pour se faire recoudre sa tête ouverte (vu cet été). De plus, on ferait mieux de parler d'espérance de vie en bonne santé. Et là, les chiffres font mal, surtout pour les ouvriers (dont la santé défaille en moyenne à 59 ans).
Arnaque. Puisque les meilleures années avant d’être perclus de rhumatismes sont précisément entre 60 et 67 ans, et que ce sont également les plus pénibles pour travailler.
Arnaque. Prétendre régler le problème des retraites en 2035, le jour où l'on annonce une nouvelle hausse de la baisse de la hausse du chômage, c’est moyen pour la crédibilité.
Arnaque. Le "coût du travail" (qui n'est que de la richesse décalée pour l'entreprise) n’est pour rien dans cette histoire. Ou plutôt, le problème est pris à l'envers. Augmentons les salaires et les cotisations suivront (Et en attendant on vivra mieux). D'après l’INSEE, en 30 ans les salariés récoltent 9.3% en moins de toutes les richesses produites en France, soit 100 milliards d’euros allant par an dans la poche des actionnaires. Il y a peut-être un début de piste là non (enfin je veux dire pour un gouvernement socialiste) ?
Arnaque. Nous parlons d’un déficit d'environ 20 Milliards d'euros en 2020. Oui, 20 milliards. Précisément le montant de la somme que le Ministre des Finances, criant aujourd’hui au « ras-le-bol fiscal », à donné aux entreprises via le Crédit d’impôt Compétitivité Emploi en le ponctionnant sur le pouvoir d'achat des français. Oui. Au nom de la "compétitivité" alors que certaines entreprises bénéficiaires du cadeau ne sont même pas soumises à la concurrence, et que l'on appris cet été dans le Journal Officiel qu’il n’y aura aucun contrôle de l’utilisation des fonds. Oui parce qu'au départ c’était pour créer des emplois.
C’est bon de rire parfois.
Bon. C’est pas tout ça, mais on se retrouve dans la rue le 10 septembre prochain (oui comme la date du tweet du Premier Ministre).