Entre 2009 et 2012, les nombre des «fins de droits» a augmenté de 15%, selon l’Unedic.
Personne n’en parle, et pourtant… Si la tendance des neuf premiers mois de l’année se poursuit, plus d’un million de chômeurs tomberont au 31 décembre dans la catégorie des «fins de droits». Soit plus d’un million de demandeurs d’emploi qui arrivent au bout de leur période d’indemnisation. En 2012, ils ont été 1,1 million dans ce cas. «Entre 2009 et 2012, le nombre de chômeurs en fin de droits a augmenté de 15%», rappelle Pierre Cavard, directeur Études & Analyses à l’
Unedic.
Cette hausse, constatée après le plus fort de la crise, est liée à la dégradation du marché du travail. Mais d’une double façon. En 2012, 58% des personnes qui se sont retrouvées privées d’allocation-chômage avaient au départ un droit à indemnisation inférieur à un an (la moyenne est de deux ans), faute d’avoir suffisamment cotisé. Ce sont typiquement des salariés précaires qui enchaînent CDD,
missions d’intérim et périodes de chômage. Signe que ces allers et retours se multiplient de plus en plus, les sorties d’indemnisation pour reprise d’emploi sont, elles aussi, en forte hausse. «Dès que la conjoncture s’aggrave, ces personnes font des missions plus courtes, ont des durées d’indemnisation plus faibles et tombent donc plus rapidement en fin de droits», explique Patricia Ferrand, secrétaire confédérale CFDT.
À l’autre bout de la chaîne, on trouve l’allongement de la durée du chômage lié à la crise. Entre octobre 2012 et 2013, le nombre de personnes au chômage depuis plus de deux ans a bondi de 16,5%, celui des personnes sans emploi depuis trois ans de plus de 17%. Avec, en première ligne,
les chômeurs seniors plus touchés que tout autre par les stigmates de la crise. Selon une étude de l’Unedic de janvier 2012, 17% des chômeurs de moins de 25 ans sont encore inscrits à Pôle emploi au bout de deux ans, contre 48% des plus de cinquante ans. Soit un rapport de près de un à trois! «L’âge est le facteur discriminant, plus que le diplôme», insiste Pierre Cavard.
Aucune aide
La situation est d’autant plus dramatique que les chômeurs en fin de droits ne basculent pas tous vers d’autres aides sociales, du type RSA ou allocation spécifique de solidarité (ASS). «Les personnes en fin de droit, dont le conjoint gagne correctement sa vie, ne peuvent pas prétendre au
RSA ou à l’ASS, car ces aides prennent en compte la composition du foyer. En outre, il faut avoir travaillé suffisamment longtemps pour avoir droit à l’ASS», explique Alain Marcu, d’Agir contre le chômage.
Personne ne sait combien de personnes seront touchées cette année, tant les statistiques récentes manquent sur le sujet. Mais en 2010, les experts estimaient qu’un tiers des fins de droits allaient se retrouver sans aucun filet financier de sécurité. Sous la pression des syndicats et de l’opposition socialiste de l’époque,
le gouvernement Fillon avait alors négocié un plan d’aide (à coup de formation, de contrat aidé et d’une aide exceptionnelle pendant six mois équivalente au RSA) pour près de 325.000 bénéficiaires potentiels.
Seuls 20.000 en avaient au final profité. Depuis, plus rien…
Source: Le Figaro