Tandis que la France et les
Etats-Unis utilisent tous les prétextes (terrorisme, épidémie d’Ebola)
pour envoyer des contingents militaires en Afrique (Mali, Niger et
récemment le Nigeria pour le terrorisme [1-5] ; Liberia, Sierra Leone et
Guinée pour l’épidémie d’Ebola [6-8]) les déboires de la Chine en
Françafrique s’accumulent écrit la Lettre du Continent [9],
cette bonne vieille feuille de chou françafricaine, tout en précisant
que ces déboires pourraient profiter aux « acteurs occidentaux ».
« Prise d’otages au Cameroun (victime
de la secte islamique de Boko Haram,ndlr), expulsion brutale du Tchad,
remise à plat de contrats au Gabon, conflits avec des communautés
locales, etc. : les déboires de la Chine en Afrique s’accumulent. Bien
que ces déconvenues ne soient pas de nature à ternir le volume des
investissements que Pékin – première puissance commerciale mondiale –
réserve à ce continent, elles mettent néanmoins en lumière les limites
et les failles de sa politique africaine, dont les acteurs occidentaux
pourraient tirer profit. (…) » [9]
Mais ces déboires ne seraient-ils pas
souhaités par l’alliance atlantiste ? Un certain nombre de situations
semblent montrer que face à la montée de la concurrence chinoise, la
Françafrique [10, 11] et l’Américafrique ont décidé d’employer les
grands moyens coloniaux et de reconquérir militairement des zones
entières de l’Afrique ou d’y semer le chaos afin de mettre à mal la
montée des BRICS notamment de la Chine en Afrique.
Centrafrique et Tchad : une guerre du pétrole
On peut à ce titre rappeler la manière dont les Chinois ont vu Bozizé se faire renverser par un coup d’Etat en Centrafrique par
[12]- ayant fait ses preuves au Mali – peu après avoir signé un contrat
pour l’attribution du bloc pétrolier A au Chinois. L’un [12, 13, 14]. Cette
guerre du pétrole cachée par les médias français [13] semblent tourner à
l’avantage des Français de Total depuis le renversement de Bozizé et
cela malgré les protestations d’une opposition démocratique et
panafricaine exilée en Afrique du sud :
« Total après avoir rencontré la
présidente lors des différents séjours en Europe, mais surtout le
ministre des mines qui a été au mai invité avec sa famille aux frais de
Total, pour un séjour idyllique à Paris, a pu conclure un gentleman
agreement soit un accord de principe avec les autorités centrafricaines.Les
dits accords prévoient de céder à Total l’exclusivité de l’exploitation
du bloc A octroyant à la RCA 10% et 90% à la société française. De même
Total rentre dans le capital de l’accord liant la Centrafrique à la
Chine en s’octroyant 40% des parts revenant à la RCA ce qui donne lieu à
lune répartition défavorisant la RCA 10%, et 50% à la Chine. « [14]
Les barbares occidentaux utilisent les
méthodes militaires et guerrières pour contrer l’influence des pays des
BRICS dans leur pré-carré africain tout en étant capable
d’instrumentaliser militairement le terrorisme et les pires épidémies
pour parvenir à leur fin.
Soudan et guerre du pétrole
Au Soudan, une guerre secrète sino-étatsunienne s’est déroulée et qui a
été remportée (mais à quel prix) par les USA. Au prix de la partition du
pays et des pires massacres qui se poursuivent dans cette entité du
Soudan du Sud crée ex-nihilo par l’alliance étatsuno-sioniste. Cette
guerre secrète au Soudan va se matérialiser par le soutien de la Chine
au régime de Khartoum, d’une part, et par la scission du pays et la
création du Sud Soudan, orchestrée par la Etats-Unis, d’autre part.
«
Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis, la
diminution des réserves nationales de pétrole et la dépendance qu’elle
génère vis-à-vis des fournisseurs étrangers, combinés à la
nationalisation du pétrole par Hugo Chavez, défunt-président de la
République bolivarienne du Venezuela, ont poussé l’ensemble de la classe
politique américaine à redéfinir de nouvelles zones d’intérêt
stratégique pour ses approvisionnements en énergie. C’est dire que
pareillement aux autres puissances industrielles, les ressources
africaines, soudanaises notamment, intéressent grandement les Etats-Unis
(Fogue Tedom : 2010). En effet, le soutien des États-Unis au
gouvernement du Sud-Soudan vise, depuis la proclamation de
l’indépendance du Sud le 9 juillet 2011, à priver la Chine d’accès aux
champs pétroliers appartenant désormais au 193e État de la planète :
quelque 80 % des réserves de l’ex-Soudan (Raphael Rossignol : 2011).
Pour s’octroyer ces importantes ressources pétrolières, endiguer la
pénétration chinoise dans le pays et neutraliser le régime islamiste de
Khartoum, les Etats-Unis mettent à contribution l’ensemble de leur dispositif de puissance. » [15]
Le gouvernement US apporte, tout d’abord,
un soutien multiforme au SPLA de John Garang. A cet effet, le colonel
américain Richard Orth joua un rôle clé dans l’approvisionnement en
armes du SPLA. Dans cette bataille stratégique, Washington associe, dans
une logique néoréaliste, sa société civile. C’est dans ce cadre que des
actions des personnages tels que Roger Winter ont grandement contribué à
l’affaiblissement, voire à la dislocation du Soudan. « En effet,
pour ce dernier, la meilleure solution pour arrêter la guerre entre le
Nord et le Sud du Soudan est que : « le Sud auquel s’adjoindraient
peut-être quelques petites zones de conflit, soit dissocié du
Nord-Soudan et constitue, en fait, un pays indépendant et souverain »
(Pierre Péan ; 2011 : 436). Il a assisté à toutes les réunions du bureau
politique du SPLA. Lors d’une conférence de presse donnée à l’Institut
de la paix (US Institute for Peace) à Washington le 17 septembre 1997,
Roger Winter demande « le soutien total du gouvernement américain à une
guerre destinée à abattre le gouvernement de Khartoum, même si (il sait)
qu’elle entrainera une catastrophe humanitaire (…). Ce serait une
guerre par proxies interposés, utilisant les troupes ougandaises et
érythréennes, avec les armes, la logistique et l’entrainement américains
» (Pierre Péan ; 2011 : 443). » [15]
Cette posture a permis à Washington d’affaiblir le Soudan, un des plus
importants partenaires africains de la Chine, en suscitant sa
dislocation. La Chine est entrée dans une certaine dépendance à l’égard
des forces atlantistes qui ont participé à la création du Sud Soudan qui
détient 75% du pétrole. J’écrivais en octobre 2013 : « La
déstabilisation du Soudan organisée dans les coulisses par les grandes
puissances n’est sans doute pas terminée tant les enjeux énergétiques et
géopolitiques sont majeurs. » [16]
On connaît la suite, éclatement du Soudan et guerre civile terrible dans
l’Etat du Soudan du Sud, un Etat créé de toute pièce par l’entité
étatsuno-sioniste. A ce sujet lire un extrait de l’article de Black
Agenda Report [17] ci-dessous :
« Pendant des décennies, les
Etats-Unis et Israël ont cherché à provoquer la partition du Soudan,
pays qui avait été, sur le plan géographique, la plus grande nation
d’Afrique. La sécession du Sud était un projet spécial d’Israël, dont la
politique étrangère la plus durable et fondamentale est de semer le
chaos et la discorde dans les mondes musulmans et arabes. Le Soudan,
sous le contrôle politique du Nord à majorité musulmane, a rejoint la
Ligue arabe dès l’indépendance, en 1956. Depuis, Israël a cherché à
déstabiliser le Soudan, à la fois pour porter un coup aux Africains
« arabisés » et afin de s’attirer les faveurs des chrétiens sur le
continent. » [17]
Lire également :
1. – Les Etats-Unis se mêlent de la politique intérieure du Nigeria et font pression sur le Président Goodluck Jonathan
2. – FRANCE/NIGERIA. Les services français à la rescousse d’Abuja
3. – Le financement de Boko Haram proviendrait de Fonds islamiques en Arabie Saoudite et en Grande-Bretagne
4. – Le Canard Enchaîné confirme le soutien indirect de la France à Boko Haram -
5. – Boko Haram : Le Canard Enchaîné confirme que François Hollande ménage toujours les financiers du djihad
6. – Ebola.
La mission militaro-humanitaire comprenant 3000 soldats US sera basée
au ministère de la défense du Libéria (Global Post)
7. – Ebola. Les officiels du gouvernement Obama en grande difficulté pour justifier la mission militaire US au Libéria (WND)
8. – Ebola. Intervention militaro-humanitaire française et allemande en Afrique de l’Ouest à partir du Sénégal
9. LDC Retour de flammes africaines pour Pékin
10.
11.
12. Exclusif : comment la France a soutenu la Séléka en Centrafrique
16. Course pour le pétrole au Soudan
17. BAR Soudan du Sud : Quand l’Empire est votre libérateur, vous n’êtes pas vraiment indépendant
18. Sud-Soudan. Encore une « stabilisation » US (et française) de plus et l’Afrique va s’effondrer.
19. Reprise de la guerre en RDC. Israël et les USA arment les deux camps et participent à la balkanisation du pays.