Boko Haram : le bras armé de l’Occident pour détruire le Nigéria et chasser la Chine du Golfe de Guinée
|
27 octobre 2014
Les amis du Nigéria ne sont pas ceux qui, par une communication surfaite, proposent leur « aide » pour lutter contre la secte islamiste. Il s’agit plutôt d’embrasser l’ennemi nigérian pour mieux l’étouffer ! Premier pays producteur de pétrole en Afrique et sixième mondial avec 2,5 millions de barils par jour, le Nigéria a commis le « crime » de céder des puits de pétrole à la Chine. Une concurrence jugée insupportable pour les USA, la France et l’Angleterre qui pompent le pétrole nigérian sans inquiétudes depuis 50 ans. De leur côté, les pétromonarchies arabes s’inquiètent d’un Nigéria trop puissant qui pourra ne plus se soumettre au diktat de l’Arabie Saoudite et du Qatar sur le marché du pétrole et du gaz. A l’image de l’Iran (2ème) et du Venezuela (5ème producteur de pétrole mondial) qui gèrent leur pétrole en toute souveraineté. Boko Haram est le cheval de Troie qu’utilisent les puissances impérialistes pour contrer la Chine et détruire la première puissance économique africaine qu’est devenu le Nigéria en le divisant en deux états comme au Soudan.
Quelques questions pour briser le tabou
Première puissance économique africaine depuis le premier trimestre
2014, premier pays producteur de pétrole en Afrique, le Nigéria qui
conserve par ailleurs sa confortable position de première puissance
démographique (180 millions d’habitants) du continent retient de plus en
plus l’attention des médias. Seulement, dans les chaînes de télévision
ou les colonnes des journaux, cette triple puissance qu’est le Nigeria
est désormais réduite à un nom devenu son synonyme : Boko Haram.
Présenté par les« grands »medias « presstitués » comme un groupe de
« fous de Dieu », Boko Haram n’aurait pas d’autres visées que de créer
un Califat dans une partie du Nigéria, à défaut de soumettre tout le
pays à la loi islamiste, la Charia. Aucun lien avec les puissances
impérialo-capitalistes engagées dans une lutte à mort pour conserver
l’hégémonie mondiale face à la Chine. Et grâce à la grande communication
faite autour de l’ « enlèvement » le 14 avril 2014 de plus de 200
jeunes filles (le nombre varie en fonction des sources) dans la localité
de Chibok, la secte islamiste a acquis une renommée planétaire. Ses
actions sont relayées autant que celles des autorités nigérianes sont
censurées. Comme pour prouver aux yeux du monde que le président
nigérian, Jonathan Goodluck n’a paradoxalement aucune chance !
Mais est-ce une surprise si ces médias « oublient » systématiquement
de vous dire à qui profitent en dernier ressort les crimes commis par la
secte Boko Haram ? Pourquoi notre grande presse garde-t-elle un silence
complice sur les origines des fonds et des armes lourdes qui permettent
aux adeptes de Boko Haram de semer la mort au Nigeria, et bientôt au
Cameroun ? Pourquoi les médias qui arrosent le monde ne diffusent-ils
pas ce câble de Wikileaks qui citait nommément l’ambassadeur des Etats
Unis d’Amérique à Abuja, Terence P. MacCulley comme le coordinateur des
actions de déstabilisation du Nigéria ? Face à la redéfinition des
équilibres géostratégiques imposée par la pénétration de la Chine en
Afrique, Boko Haram comme la Séléka en République centrafricaine est
devenue une arme redoutable pour préserver la mainmise des
multinationales occidentales sur les matières premières et accélérer la
mise en place d’Africom, le Commandement militaire US pour Afrique.
BokoHaram : à qui profitent les crimes de la secte islamiste ?
Pour envahir l’Irak et tuer son président au nom du pétrole, les
Etats Unis d’Amérique de Georges Bush ont trompé la planète entière en
affirmant que Saddam Hussein, devenu l’ennemi à abattre détenait des
Armes de destruction massive. Colin Powell est allé plus loin en sortant
des tubes à essai qu’il a présentés en mondovision comme les
échantillons de ces armes à la disposition de Saddam Hussein. 10 ans
après, tout le monde a constaté qu’il s’agissait d’un gros mensonge made
in Washington.
En 2011, une vidéo sur le chef de guerre congolais Joseph Kony
postée sur You Tube et largement commentée dans les médias a été
regardée dit-on par plusieurs millions d’internautes. Stupéfaits par les
crimes de Joseph Kony, les internautes du monde entier ont juré la
perte de Kony. En retour, les USA ont proposé leur aide pour
officiellement traquer les troupes de l’Armée de Résistance du Seigneur
que commande l’ « invisible » Kony. Trois ans après, le résultat est le
suivant : Joseph Kony est toujours en fuite. Mais au nom de sa traque,
les USA ont installé des bases militaires en République démocratique du
Congo, en Ouganda, en République centrafricaine, etc.
Autrement dit, à travers cette campagne, Washington a solidement
installé les bases militaires dans cette partie de l’Afrique
particulièrement riche en minerais précieux et très sollicités par la
Chine qui en a grand besoin pour son industrialisation. (Voir carte
ci-dessous)
Bases militaires étasuniennes en Afrique
Le Nigéria fait son entrée dans la gueule du loup
Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)
depuis 1971, le Nigeria garde le record de putschs en Afrique. Le pays a
connu plusieurs groupes irrédentistes parmi lesquels le Mouvement pour
la Survie du peuple Ogoni (Mosop) que dirigeait l’écrivain Ken Saro-Wiwa
(pendu en 1995), le Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger
(Mend). Le Mosop et le Mend avaient des revendications clairement
formulées : gestion inclusive des ressources pétrolières. Les membres
des deux organisations faisaient recours aux moyens légaux descendant
dans la rue pour manifester mais n’hésitaient pas à prendre les armes
pour s’attaquer au pouvoir central ou aux compagnies pétrolières,
sources de leurs malheurs.
BokoHaram : un fantôme à plusieurs facettes
Crée à Maiduguri par Mohamed Yusuf en 2002, au lendemain des
attentats du 11 septembre, Boko Haram évolue au gré des événements
politiques nigérians et des orientations géostratégiques dessinées par
les grandes puissances occidentales.
De 2002 à 2006, la secte s’inscrit dans la logique de
recrutement-endoctrinement. Néanmoins, elle effectue quelques actions de
violence comme pour prouver sa capacité d’action et se faire connaître.
De 2006 à 2009, au fur et à mesure que le sudiste Olusugun Obasanjo
s’obstinait à modifier la constitution (2006) pour briguer un troisième
mandant à la tête du Nigeria, Boko Haram franchit un pallier dans la
violence.
Les Etats de Bauchi, Wudil, Potiskum ,Maiduguri, Borno, Yobe, Kano
deviennent le théâtre des violences incessantes. Celles-ci ont fait des
morts aussi bien dans les rangs des forces de sécurité que dans la
population civile et les adeptes de la secte. Son fondateur a d’ailleurs
été exécuté en juillet 2009. Mais, comme cette hydre mythologique dont
une tête coupée en faisait renaître 1000, Mohamed Yusuf n’est pas mort
avec Boko Haram.
Quand Boko Haram s’invite dans la lutte pour le pouvoir entre le Nord et le Sud
Il est un élément qui permet de comprendre le versant
nigéro-nigérian du phénomène Boko Haram. Entre 2006 et 2007, le
président nigérian d’alors, Olusegun Obasanjo use de tous les
stratagèmes pour écarter le candidat favori du Nord à la
présidentielle.
Atiku Aboubacar qui a pourtant été son vice-président de 1999 à 2007
est tantôt accusé de corruption, tantôt exclu du parti au pouvoir, le
Parti Démocratique Populaire (PDP). Déçu, il quitte le PDP et se
présente sans succès à l’élection présidentielle de 2007 sous la
bannière du Parti populaire de Tout le Nigéria (ANPP).
Finalement, c’est le malade Umaru Yar’Adoua qui succède à Obassanjo.
Yar’Adoua est certes du Nord, mais il n’a pas le poids politique,
encore moins le soutien populaire dont jouit le richissime Atiku
Aboubakar que l’entourage d’Obassanjo trouve trop proche de Washington.
Ce qui est sûr c’est que depuis cette brouille de plus et peut être de
trop entre le Nord et le Sud, Boko Haram est devenu plus violent que
jamais. S’attaquant aux écoles, églises chrétiennes et autres lieux
publics. Avec ce nouveau redéploiement, l’on constate que la secte
devenue le cheval de Troie de l’élite du Nord Nigéria dispose désormais
d’armes lourdes. Ses troupes aujourd’hui estimées à 30 000 hommes, sont
plus disciplinées, semblent plus entraînées. Bref elles sont devenues
plus « professionnelles » ! Ceci fait immédiatement penser au deash en
Irak c’est-à-dire une arme de chantage manipulée par des intérêts
occultes…
Finalement, le 5 mai 2010, à la mort du président nordiste
OumarouYar’Adoua qui n’a pas fini son mandat, le pouvoir revient au Sud
avec l’élection de Jonathan Goodluck, originaire de la région
pétrolifère du Delta du Niger. Les musulmans du Nord se sentent une fois
de plus floués. Ils estiment que la bande à Jonathan Goodluck et
Obassanjo a violé l’accord tacite qui veut que non seulement le Nord et
le Sud dirigent le pays à tour de rôle, mais aussi qu’il revient à
chaque partie de choisir son candidat-président.
Une disposition que le parti au pouvoir aurait violé aussi bien en
2007 qu’en 2011. On comprend par là pourquoi à l’approche de l’élection
présidentielle de 2015, Boko Haram multiplie les actes de terreur qui
visent sur le plan interne à fragiliser le président sudiste Jonathan
Goodluck.
Pour cette mission, les grands médias jouent un rôle déterminent.
Ils font une communication sélective qui consiste à communiquer sur les
actions de Boko Haram et à passer sous silence les actions des forces de
sécurité nigérianes qui ont fait leurs preuves à plusieurs reprises. En
2009 par exemple, l’armée nationale a infligé une cinglante déculottée
aux membres de la secte, tuant son fondateur Mohamed Yusuf et un millier
de ses combattants. Dans une lettre datant du 9 août 2009, Sanni Umaru
qui s’est présenté comme le successeur de Mohamed Yusuf a reconnu la
perte de plus de 1 000 hommes par Boko Haram. Certes gangrené par la
corruption, le gouvernement fédéral n’est pas (pour l’instant)
l’éléphant mort que vous présente votre téléviseur !
Le Nigéria est confronté à la guerre de quatrième génération et
dans celle-ci, la guerre de l’information est un pilier central. Les
mediamensonges des journaux et télévisions « presstitués » deviennent
des obus de mortier qu’on tire du matin au soir. Notre poste de
télévision devient un fantassin de l’ennemi installé dans notre propre
salon, tirant jour et nuit en direction de notre cerveau !
Avec les financements de l’élite du Nord et ceux des acteurs
extérieurs, la secte islamiste s’est suréquipée et dispose désormais
d’armes lourdes ainsi que des chars. Outre les soutiens financiers et
logistiques, ces islamistes terroristes bénéficient d’importantes
complicités dans l’administration et dans les forces de sécurité. Ce
sans quoi il n’aurait jamais été possible d’enlever plus de 200 filles
dans un établissement scolaire et disparaitre sans être appréhendé.
Parmi les financiers de Boko Haram, le Qatar et l’Arabie saoudite sont
en tête de peloton bien sûr pour le compte de l’empire certes mais avec
l’avantage de déstabiliser un acteur majeur et futur rival sur le marché
du pétrole et du gaz. En 2050, le Nigéria seule aura environ 400
millions d’habitants, soit la troisième puissance démographique du
monde. Cela n’arrange pas les affaires de beaucoup de gens...
La dimension occidentalo-impérialiste : fragiliser le Nigeria et écarter la Chine
Les puissances sont jalouses de leur position et des privilèges y
afférents. Elles s’emploient à freiner toute concurrence, aussi petite
soit-elle. En tant que triple puissance (démographique, économique et
pétrolière) africaine, le Nigéria s’est involontairement attiré des
ennemis hors du continent. Pour ne pas arranger les choses, l’ancien
président Olesugun Obasanjo a commis le « crime » de briser le monopole
des entreprises occidentales dans l’exploitation des vastes gisements
de pétrole du Nigéria en ouvrant les puits au Chinois.
En effet, pendant plus d’un demi-siècle les compagnies pétrolières
françaises, anglaises et étasuniennes ont régné en maîtres
imperturbables dans la production pétrolière au Nigéria. Et puis, coup
de théâtre ! En avril 2006, le président Obasanjo qui n’a pas reçu
l’appui des Occidentaux dans sa tentative de modifier la constitution
pour se maintenir au pouvoir se fâche et se tourne vers la Chine. Au
grand dam de Shell, Texaco, Chevron…, les autorités nigérianes annoncent
en grandes pompes avoir signé un contrat d’exploitation avec la
compagnie pétrolière China National Offshore Oil Corporation (CNOOC)
pour plus de deux milliards de dollars avec une prévision de production
de 225 000 barils jour. Dans la même logique, le président Obasanjo a
négocié un prêt d’un milliard de dollars auprès du gouvernement chinois
afin de financer la réhabilitation des voies ferrées du Nigéria et
acheter du matériel roulant. La partie chinoise se donne deux ans pour
produire son premier baril de pétrole au pays de ken Sarowiwa et de Wole
Soyinka.
Ce rapprochement Abuja-Pékin crée des insomnies dans les capitales
occidentales. Perdre le contrôle du Nigéria qui produit 2,5 millions de
barils par jour est un coup dur pour Paris, Londres et Washington.
D’autant plus que le Nigéria et son voisin le Cameroun constituent une
sorte de glacis stratégique incontournable pour le contrôle du Golfe de
Guinée.
De leur côté, l’Arabie Saoudite et le Qatar s’inquiètent de voir le
premier producteur africain de pétrole s’affranchir de leur tutelle.
L’Iran, deuxième producteur de l’or noir au monde se moque des
directives éditées par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Le Venezuela,
cinquième producteur mondial de pétrole s’est affranchi des directives
des monarchies arabes et de l’impérialisme occidental depuis plus d’une
décennie. Il gère son pétrole en toute souveraineté. Or, Ad vitam
Aeternam, ces pétromonarchies entendent être le centre de régulation du
marché du pétrole mondial. Ce qui est le seul lot de consolation que
leur laisse l’impérialisme occidental.
Face aux velléités souverainistes du Nigéria, les réactions ne se
font pas attendre. Chez l’Oncle Sam, on le sait, la meilleure défense
c’est l’attaque ! L’administration US lance précipitamment son
Commandement militaire pour l’Afrique en 2008, année où la China
National Offshore Oil Corporation (CNOOC) démarrait ses activités
pétrolières dans le premier pays producteur de pétrole en Afrique. Dans
la précipitation, les USA n’attendent pas l’obtention d’un accord de
siège pour lancer l’Africom. Il faut faire quelque chose. Point besoin
d’attendre qu’un pays africain accepte d’abriter Africom pour le lancer.
Six ans après son lancement, ce Commandement militaire étasunien pour
l’Afrique est toujours basé à… Stuttgart en Allemagne.
Certains peuvent toujours y voir une simple coïncidence. Mais, cela
n’enlève rien sur le fait que le Commandement militaire étasunien pour
l’Afrique ne vise pas à lutter contre le terrorisme comme l’indique le
discours officiel. Africom est le bras militaire de la diplomatie US
pour contrer l’émergence d’une puissance endogène et surtout écarter la
Chine de Afrique. Pour éviter que l’Empire du milieu ne s’empare de leur
place de première puissance économique mondiale, les USA, incapables de
fermer les industries chinoises, empêchent que celles-ci puissent
accéder aux matières premières qui leur sont indispensables.
La CIA à l’œuvre
S’appuyant sur les câbles de Wikileaks, l’organisation Greenwhite
Coalition affirme que pendant plusieurs années, les USA ont déployé les
gros moyens pour déstabiliser le géant d’Afrique. En fouillant dans sa
mémoire, le pays de Georges Bush a constaté que les troupes de l’Ecomog
(EconomicCommunity of West African States Monitoring Group), la force
militaire de la CDEAO (Communauté de développement des Etats de
l’Afrique de l’Ouest), majoritairement constituée de militaires
nigérians avait joué un rôle important (institution de cessez-le-feu)
dans les guerres civiles au Libéria et en Siéra-Léone dans les années
passées.
Craignant que le Nigéria utilise l’Ecomog pour supplanter l’influence
des grandes puissances dans la sous-région, le président Georges Bush,
fonde l’Acri (Africa Crisis Response Initiative ) en 2004. Avec l’aide
de la CIA, l’Acri recrute des jeunes islamistes qu’elle forme à la
collecte du Renseignement, au maniement des armes, aux techniques de
survie. Les jeunes formés sont mis à la disposition de la secte
BokoHaram qui s’en sert pour semer la mort !
Greenwhite Coalition constate également que la CIA a installé les
camps d’endoctrinement et de formation le long des frontières poreuses
du Nigéria, du Cameroun, du Tchad et du Niger. Bien plus, un autre
câble diplomatique US révèle que pour conduire la déstabilisation du
Nigéria, l’ambassade US au Nigéria est devenue un véritable laboratoire.
Pour mieux mener le sinistre projet, Washington n’a pas trouvé mieux
que Terence P. MacCulley pour occuper le poste d’ambassadeur dans ce
pays. Terence P. MacCulley n’est pas un diplomate comme les autres. En
plus d’être le coordinateur de la politique étrangère d’Africom, il est
l’un des architectes de l’Africa Crisis Response Initiative. Son
expérience est mise à contribution pour fragiliser le pouvoir fédéral
afin de justifier l’intervention des pays de l’OTAN.
Il n’aura échappé à personne que les attaques de la secte islamiste
se font désormais avec une précision digne d’une armée professionnelle
bien entrainée ! Elle dispose d’un effectif que la rançon issue du
marchandage des otages ne peut payer. Car pour enrôler, nourrir, équiper
et soigner des milliers de combattants comme c’est le cas de Boko
Haram, il faut avoir des financements importants et réguliers. Or le
business des otages n’obéit pas à cet impératif.
Quand Michelle Obama fait le marketing des drones US au Nigéria
Pour mieux comprendre l’implication des USA dans la déstabilisation
du Nigéria, il faut revisiter les derniers évènements qui se rapportent à
ce pays. Le dernier en date est incontestablement la campagne « Bring
Back our girls », lancée personnellement par la première dame des Etats
Unis d’Amérique. Restée en retrait pendant les six premières années de
présidence de son mari, Michelle Obama s’est muée en mascotte du
complexe militaro-industriel US. En lançant la campagne
Bringbackourgirls sur facebook, elle a légitimement attiré l’attention
du monde sur le sort des 200 filles enlevées par la secte islamiste.
Mais, ce qu’on ne dit pas c’est que Michelle Obama a trouvé un
nouveau ciel pour les drones US et un nouveau terrain d’actions pour les
Marines et autres forces spéciales étasuniennes. Au nom de la recherche
des 200 lycéennes, le président étasunien a décidé l’envoi de 70
militaires au Tchad.
Obama en a profité pour renforcer les effectifs militaires US au
Nigeria. Jusqu’en mai 2014, 50 soldats étasuniens étaient régulièrement
affectés à l’ambassade des USA au Nigéria. 20 Marines y assuraient la
formation des militaires locaux. La campagne lancée par Michelle Obama a
permis d’accroitre ce nombre.
Rappelez-vous la campagne lancée pour nous avait-on dit, traquer
Joseph Kony. Elle a permis aux USA de quadriller le Congo, l’Ouganda, la
RCA… Brink back our girls permet de quadriller l’Afrique de l’Ouest.
Etablissant l’axe Mogadiscio-Ouagadougou, avec 12 pays sous la botte de
Washington. A ce jour, 29 pays africains ont accordé le droit aux USA
d’utiliser leurs aéroports. Et n’oubliez jamais que les forces spéciales
sont toujours précédées des hommes de Renseignements qui collectent
certes des données utiles pour les militaires, mais font de l’espionnage
économique et industriel au service de l’Empire. On voit à qui profite
les crimes de Boko Haram en dernier ressort. La guerre c’est le plan !
Boko Haram : un poker menteur très rentable
En français, BokoHaram veut dire : « l’école interdite ». Boko
renvoie au livre Book et Haram veut dire interdit. Son contraire est
Halal. Plusieurs « spécialistes » et « experts » de Boko Haram préfèrent
la traduction suivante : « L’éducation occidentale est un péché ».
Cependant, il est étonnant de constater que Boko Haram ne s’attaque
pas aux intérêts des Occidentaux qui sont pourtant ses ennemis
objectifs si l’on en croit la traduction des « experts ». Au Nigéria,
les grandes marques occidentales ne manquent pourtant pas. Les plus
visibles dictent la loi dans le pétrole qui est la principale source en
devises du pays.
Au lieu de s’attaquer à elles pour confirmer le caractère Haram de
l’Occident, la secte préfère s’en prendre aux Nigérian(e)s dont le
crime inexpiable serait d’être chrétien(e)s ou de fréquenter une école
laïque. Aboubakar Shekau n’a-t-il pas revendiqué l’enlèvement des 200
filles dans une vidéo ? Quelle incohérence ! Boko Haram est donc ce que
son nom n’indique pas. Autrement dit Boko Haram n’est pas ce que vous en
savez.
Contrairement à Boko Haram, le Mouvement pour la Survie du Peuple
Ogoni et le Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger s’opposaient
ouvertement aux intérêts de l’Occident. Les deux organisations s’en
prenaient directement aux multinationales pétrolières et à leurs relais
nigérians. En 1992, trois ans avant sa pendaison à Port Harcourt le 10
novembre 1995 par le régime de Sani Abacha, l’écrivain Saro-Wiwa
(assassiné avec 8 autres militants du Mosop) indexait les compagnies
pétrolières en termes : « L’exploration pétrolière a transformé le pays
ogoni en immense terrain vague. Les terres, les rivières et les
ruisseaux sont en permanence entièrement pollués ; l’atmosphère est
empoisonnée, chargée de vapeurs d’hydrocarbures, de méthane, d’oxydes de
carbone et de suies rejetés par les torchères qui, depuis trente-trois
ans, brûlent des gaz vingt-quatre heures sur vingt-quatre tout près des
zones d’habitation. Le territoire ogoni a été dévasté par des pluies
acides et des épanchements ou des jaillissements d’hydrocarbures. Le
réseau d’oléoducs à haute pression qui quadrille les terres cultivées et
les villages ogoni constitue une dangereuse menace ». Poursuivi par les
familles des victimes pour complicité dans l’élimination de Saro-Wiwa
et ses compagnons, le pétrolier Shell a accepté de payer 15,5 millions
de dollars en juin 2009.
La rançon de la mauvaise gestion
Si BokoHaram recrute avec tant de facilité au Nigéria, c’est aussi
parce que les dirigeants successifs de ce pays se sont illustrés par une
redistribution inéquitable des ressources pétrolières. Exemple :
l’écart entre le taux de scolarisation au Sud et au Nord du pays est
abyssal. Pareil pour la couverture sanitaire. Tenez ! Sur 100 000 femmes
qui enfantent au Nigéria, 1 800 meurent au Nord contre 80 dans le Sud
du même pays. Face à cette misère entretenue par les hommes politiques
généralement empêtrés dans les affaires de corruption et de détournement
de deniers publics, les populations des zones lésées sont réceptives
aux manipulations.
Pour attirer le maximum de personnes qu’il a finalement converties
au djihad, Mohamed Yusuf, le fondateur de Boko Haram insistait dans ses
prêches sur ces inégalités. Il pointait le pouvoir fédéral comme étant
la cause du chômage des jeunes. Et ces derniers étaient nombreux qui
attendaient leur premier emploi après plusieurs années d’études
universitaires. En usant de tous les subterfuges pour écarter le
nordistes, Atiku Aboubakar et placer le malade Omaru Yarad’oua, Olesugun
Obasanjo à renforcé le clivage Nord-Sud et Boko Haram prospère au Nord
parce qu’il a le soutien de l’élite nordiste. Les Nordistes sont prêts à
tout pour qu’un sudiste ne remporte pas l’élection de 2015.
L’issue de cette consultation électorale déterminera probablement le
cours de l’histoire du Nigéria. Si un ressortissant du Sud gagne, les
actes terroristes de Boko Haram vont vraisemblablement se multiplier. Un
rapport circonstancié du National Intelligence Council des USA évoque
d’ailleurs une probable partition du Nigéria en 2015. Par contre si un
nordiste l’emporte, les données pourront changer. Les musulmans verront
l’arrivée d’un des leurs à la tête de l’Etat fédéral comme la correction
d’une injustice. Comme un instrument au service de l’élite nordiste du
Nigéria, BokoHaram aura atteint l’une de ses missions historiques. Mais,
puisqu’elle est aussi et surtout au service des puissances étrangères,
Boko Haram pourra migrer vers un autre pays exactement comme l’ont fait
les djihadistes takfiri abandonnant la Lybie conquise pour la Syrie de
Bachar Al-Assad. En clair, ses combattants pourront être envoyés sur un
nouveau front pour une mission similaire : contrer la Chine et obtenir
des contrats léonins pour les multinationales occidentales.
Après le Nigéria, le Cameroun ?
Le Cameroun est la cible idéale pour les puissances impérialistes
occidentales. Pourquoi le Cameroun de Paul Biya ? Comme le président
centrafricain François Bozizé renversé par une coalition rebelle en mars
2013, le malheur de Paul Biya c’est d’avoir décidé de diversifier les
partenaires économiques du Cameroun. Ainsi, ce pays considéré depuis
près d’un siècle comme bastion imprenable de la France a largement
ouvert ses portes à la Chine. En 10 ans, l’Empire du milieu a supplanté
la France dans l’économie camerounaise. Gagnant progressivement tous les
grands marchés : construction des barrages de Mekin et M’mvelle,
construction de l’autoroute Douala-Yaoundé, construction du Complexe
industrialo-portuaire de Kribi, etc.
Le Cameroun c’est aussi le verrou du golfe de Guinée et la gâchette
de toute l’Afrique. On l’appelle « l’Afrique en miniature ».
Déstabiliser ce pays c’est la garantie de mettre le feu à tout le Golfe
de Guinée. Déjà, depuis plus de deux ans, les incursions de la secte
nigériane ont presque totalement détruit le commerce de bétail dans le
nord du Cameroun alors que la misère sociale est justement la raison
essentielle pour laquelle la secte recrute si facilement ses
djihadistes. La stratégie du chaos est donc bien en marche. Jusqu’ici,
les seuls otages occidentaux attribués ou revendiqués par la secte
nigériane Boko Haram ont été enlevés au…Cameroun.
Le 19 février 2013, une famille française constituée de Tanguy
Moulin-Fournier et son épouse, leurs quatre fils et Cyril le frère de
Tanguy sont enlevés à l’extrême-Nord du Cameroun. En visite en Grèce,
François Hollande réagira tout de suite en indiquant que cette famille
est entre les mains de Boko Haram. Boko Haram n’avait encore fait aucune
revendication de ce rapt. Il a fallu attendre le 21 pour qu’Aboubakar
Shekau revendique l’enlèvement. En novembre de la même année 2013, un
autre Français, Georges Vandenbeusch, 42 ans est enlevé à Nguetchewé,
localité du Nord-Cameroun. Le Conseil épiscopal du Cameroun n’a signé
aucun communiqué rendant public cet enlèvement. L’instance est restée
tout aussi muette après la libération de Vandenbeush le 31 décembre. Ce
qui est inhabituel. Lorsqu’un prêtre catholique est en difficulté, le
Conseil épiscopal prend officiellement position en condamnant l’acte. Ce
qui n’a jamais été le cas pour Georges Vandenbeusch qui était pourtant
présenté comme prêtre catholique. Le 5 avril 2014, les prêtres italiens
Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, ainsi qu’une religieuse
canadienne sont enlevés à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua,
capitale de la Région de l’Extrême-Nord Cameroun. L’enlèvement est
attribué à la secte islamiste. On dirait que BokoHaram ne voit les
Occidentaux qu’au Cameroun !
En fait, à travers ces enlèvements, la secte islamiste et ses
financiers impérialistes veulent faire passer dans l’opinion
internationale que le régime de Yaoundé est incapable d’assurer la
sécurité de ses citoyens et des étrangers et ainsi préparer les esprits à
une future occupation militaire du pays comme en Centrafrique.
Une nouvelle carte de l’Afrique se dessine. Les frontières issues de
la colonisation n’arrangent plus ceux qui les ont tracées à l’époque.
Des informations sérieuses parlent de la constitution d’un nouvel état
regroupant le nord du Nigéria, du Cameroun, de la Centrafrique et le sud
du Tchad et qui sera un émirat islamique comme celui qui se prépare en
Irak.
Finalement, la guerre contre Mouammar Kadhafi en Libye n’est pas
différente de celle qui a plongé le Mali dans le chaos. La différence
entre le renversement de Laurent Gbagbo en Côte-D’ivoire et de celui de
François Bozizé en Centrafrique c’est l’identité des présidents
renversés. Au Nigéria, les actions de Boko Haram servent les mêmes
intérêts que ceux de la Séléka en République Centrafrique. Par ces temps
de faillite économique en occident, les pays de l’Otan, conduits par le
nouveau couple anthropophage : USA-France veulent endiguer la
pénétration chinoise et reprendre les énormes ressources naturelles
disponibles dans cette partie du monde.
Il est également question de déstructurer le continent africain qui
sera tout de même la première puissance démographique mondiale en 2050
avec deux milliards d’habitants. Dans cette troisième guerre mondiale
qui est la lutte pour l’hégémonie planétaire, tout Etat souverain est un
danger pour l’Occident et tout Etat très grand doit être divisé en
entités plus facilement manipulables comme au Soudan, et comme prévu
pour l’Irak.
La guerre risque d’être longue et large. La campagne d’occultation
des vraies causes aussi. Et la grande force de l’impérialisme est de
toujours faire porter la responsabilité de ses guerres par d’autres. Ce
qui complique évidemment la compréhension des causes profondes et des
objectifs finaux des conflits contemporains. Face à cela, le choix
devient simple pour les africains : soit combattre pour leur libération
définitive et travailler pour devenir la puissance émergente du 21ème
siècle, ou alors accepter une recolonisation directe qui cette fois est
bien partie pour durer 1000 ans !
Source : "Le Journal de l’Afrique n° 003", 24 octobre 2014, Investig’Action