Rapport au Parlement 2014 sur les exportations d’armement de la France
Par Jean-Marie Collin. “Blog Défense et Géopolitique, Alternatives-Internationales”
Il est toujours très étonnant de lire la façon dont les médias et les hommes politiques s’extasient devant la progression des ventes d’armes de la France, mais hurlent devant l’augmentation des conflits armés.…
Le rapport 2014 sur les exportations d’armement de la France pour l’année 2013, montre selon les mots du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian « l’excellence des résultats des exportations en 2013. Avec 6,9 milliards d’euros, les prises de commandes de l’industrie française progressent de plus de 40 % par rapport à 2012. » Selon ce rapport, le Proche et Moyen-Orient représentent 26,6%, l’Asie 30% et l’Afrique que 4,8% des prises de commandes françaises sur la période 2009-2013. Le top 3 des meilleurs clients de la France sur la période 2004-2013 est l’Arabie Saoudite, l’Inde et le Brésil et vient en dixième position la Russie.
Les annexes sont souvent bien plus intéressantes que le reste du rapport, mais malheureusement il manque le détail des exportations, comme le souligne Tony Fortin, président de l’Observatoire des armements : « Alors que le Ministre de la Défense affiche l’effort de clarté unique en Europe”, cet exemple souligne qu’à la lecture de ce rapport, les parlementaires ne peuvent pas savoir quel type de matériel a réellement été exporté, ni quelles sont les conséquences de ces exportations sur les populations civiles… ».
J’apprécie beaucoup de lire la partie 2 « La politique française de contrôle des armements et des biens sensibles » et son tableau qui recense les principaux traités relatifs au désarmement, à la maitrise des armements et à la non-prolifération. Il est ainsi expliqué que le champ d’application du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la “Lutte contre la prolifération des armes nucléaires”. Je comprends mieux pourquoi la notion de désarmement nucléaire est absente au Ministère !
L’étude d’impact social, économique et technologique est simplement des plus remarquables. Elle a été réalisée par un cabinet prestigieux, McKinsey & Company. Cette étude stipule que « les exportations d’armement génèrent des bénéfices pour la société française sur les plans économiques : sans elles, le déficit de la balance commerciale aurait été de 5 à 8 points plus élevé chaque année sur la période 2008-2013 …. plus de 40 000 emplois générés par les exportations de défense soit près de 25% des emplois de l’industrie de défense ; des retombées civiles en terme d’innovation technologique » et « permet d’assurer la continuité de l’activité des sites de développement et de production en relais de la commande nationale.”
Tout est dit, sur 37 pages et ce résume par : “vendre des armes est bon pour notre économie. Poursuivons !”. Cette étude s’intègre d’ailleurs directement dans le discours du ministère des Affaires étrangères réalisée lors de la conférence des Ambassadeurs, où il est demandé de faire de la “diplomatie économique“ un point fort du métier d’Ambassadeur.
Interrogations : Ce qui est tout de même fort étonnant, c’est qu’à aucun moment, il n’est indiqué les conséquences négatives de ces ventes d’armes pour notre :
Il est toujours très étonnant de lire la façon dont les médias et les hommes politiques s’extasient devant la progression des ventes d’armes de la France, mais hurlent devant l’augmentation des conflits armés.…
Le rapport 2014 sur les exportations d’armement de la France pour l’année 2013, montre selon les mots du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian « l’excellence des résultats des exportations en 2013. Avec 6,9 milliards d’euros, les prises de commandes de l’industrie française progressent de plus de 40 % par rapport à 2012. » Selon ce rapport, le Proche et Moyen-Orient représentent 26,6%, l’Asie 30% et l’Afrique que 4,8% des prises de commandes françaises sur la période 2009-2013. Le top 3 des meilleurs clients de la France sur la période 2004-2013 est l’Arabie Saoudite, l’Inde et le Brésil et vient en dixième position la Russie.
Les annexes sont souvent bien plus intéressantes que le reste du rapport, mais malheureusement il manque le détail des exportations, comme le souligne Tony Fortin, président de l’Observatoire des armements : « Alors que le Ministre de la Défense affiche l’effort de clarté unique en Europe”, cet exemple souligne qu’à la lecture de ce rapport, les parlementaires ne peuvent pas savoir quel type de matériel a réellement été exporté, ni quelles sont les conséquences de ces exportations sur les populations civiles… ».
J’apprécie beaucoup de lire la partie 2 « La politique française de contrôle des armements et des biens sensibles » et son tableau qui recense les principaux traités relatifs au désarmement, à la maitrise des armements et à la non-prolifération. Il est ainsi expliqué que le champ d’application du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la “Lutte contre la prolifération des armes nucléaires”. Je comprends mieux pourquoi la notion de désarmement nucléaire est absente au Ministère !
L’étude d’impact social, économique et technologique est simplement des plus remarquables. Elle a été réalisée par un cabinet prestigieux, McKinsey & Company. Cette étude stipule que « les exportations d’armement génèrent des bénéfices pour la société française sur les plans économiques : sans elles, le déficit de la balance commerciale aurait été de 5 à 8 points plus élevé chaque année sur la période 2008-2013 …. plus de 40 000 emplois générés par les exportations de défense soit près de 25% des emplois de l’industrie de défense ; des retombées civiles en terme d’innovation technologique » et « permet d’assurer la continuité de l’activité des sites de développement et de production en relais de la commande nationale.”
Tout est dit, sur 37 pages et ce résume par : “vendre des armes est bon pour notre économie. Poursuivons !”. Cette étude s’intègre d’ailleurs directement dans le discours du ministère des Affaires étrangères réalisée lors de la conférence des Ambassadeurs, où il est demandé de faire de la “diplomatie économique“ un point fort du métier d’Ambassadeur.
Interrogations : Ce qui est tout de même fort étonnant, c’est qu’à aucun moment, il n’est indiqué les conséquences négatives de ces ventes d’armes pour notre :
- Sécurité : En vendant des armes à certains Etats, la France ne contribue t-elle pas à créer un climat d’hostilité ? Prenons le cas de l’Inde et du Pakistan. Si nous vendons le Rafale aux indiens, comment réagira le Pakistan ou bien même la Chine ?
- Rayonnement international : Comment au XXIe siècle souhaiter que notre aura internationale puisse être réalisée en vendant des armes ? La culture, l’économie, l’aide au développement et la francophonie ne sont elles pas des sources d’actions et des marqueurs dans le temps bien plus prometteur pour la France?
- Diplomatie : Vendre des armes n’est-il pas un caillou dans l’action de la diplomatie française ? Etant donné la problématique « Mistral », les réactions de nos alliés (des polonais, aux américains, italiens…), la question se pose. Faut-il encore rappeler l’affaire des missiles antinavire Exocet vendus aux argentins, en pleine guerre des Malouines…
- Economie : Est-on certain que cela permette de diminuer le déficit de la balance commerciale ? Comment les retombées économiques sont-elles mesurées ? A t-on soustrait les aides et les facilités de l’Etat accordées (qu’il peut y avoir) ? Les compensations demandées (“obligations d’achat de produits locaux”) sur l’achat de tel système d’arme ou encore la vente des moyens technologiques pour que le pays acheteur puisse produire lui-même dans un futur proche ce système d’arme a t-il été comptabilisé ? Car cet Etat pourrait bien être un concurrent économique dans le futur, donc fragiliser notre balance commerciale….