samedi 27 décembre 2014

En échec sur l’emploi, le gouvernement persiste

Posté par Ygrec le 27/12/2014
_______________________________________________________________
Yves Housson
Jeudi, 25 Décembre, 2014
Près de 5,5 millions de demandeurs d’emploi en novembre. Et Manuel Valls veut croire que les politiques libérales qui ont failli jusqu’ici réussiront en 2015…
Pour Emmanuel Macron, en visite à arques, ce fut l’esquive : « je ne fais pas de commentaires. Mon métier, c’est de me battre pour qu’il y ait des reprises », sans préciser toutefois en quoi il a contribué à une solution pour ARC international...
AFP
Demain, tout ira mieux. S’ils se gardent bien, après l’amère expérience de 2013, de promettre explicitement une « inversion de la courbe », François Hollande et son gouvernement n’en continuent pas moins, face à la dégradation continue de la situation de l’emploi, de pratiquer la méthode Coué. Sans surprise, hélas !, les derniers chiffres publiés mercredi confirment la tendance des mois précédents : en novembre, Pôle emploi a enregistré 27 400 demandeurs de plus (0,8 %) qu’en octobre, soit un total de 3,488 millions. Sur un an, la hausse s’établit à 5,8 %, avec 190 000 chômeurs supplémentaires. Si l’on inclut les demandeurs ayant une petite activité, on frôle la barre des 5,5 millions d’hommes et de femmes en quête d’un emploi sur l’ensemble du territoire, outre-mer compris. Et l’analyse détaillée de la statistique n’apporte aucun lot de consolation : si les seniors continuent d’être les plus durement frappés (+ 1 % d’inscrits à Pôle emploi en novembre, + 11,1 % en un an), le chômage des moins de 25 ans s’aggrave aussi (+ 0,5 % le mois dernier).
L’optimisme façon méthode Couépour Manuel Valls
Devant ces mauvais chiffres, le gouvernement a réagi de deux façons. Pour Emmanuel Macron, ce fut l’esquive. En visite à Arques (Pas-de-Calais), chez Arc International (arts de la table), le ministre de l’Économie a refusé de commenter ces résultats de sa politique économique, préférant s’appesantir sur l’annonce d’un plan de reprise de cette entreprise en difficulté. « Je ne fais pas de commentaires. Mon métier, c’est de me battre pour qu’il y ait des reprises, pour sauver des emplois », a-t-il argué, sans préciser toutefois en quoi il a contribué à une solution pour Arc International… Manuel Valls, lui, a joué la carte de l’optimisme. Il s’est dit « convaincu » que les dispositifs mis en place par le gouvernement « paieront ». Le premier ministre faisait notamment allusion au pacte de responsabilité, en « oubliant » que la principale mesure de ce pacte, le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), est déjà en application depuis janvier dernier, sans efficacité avérée, donc.
 Pour rassurer malgré tout, Manuel Valls fait valoir des « perspectives meilleures » en matière de croissance économique. Dans ses dernières prévisions, l’Insee table sur un léger rebond de 0,7 % au premier semestre 2015, favorisé sans doute par la baisse des prix du pétrole et la dépréciation de l’euro, bénéfique aux exportations. Mais l’institut de la statistique prévient que, parallèlement, le chômage poursuivra sa course. En effet, à moins de 1,5 %, on le sait, la croissance n’est pas en mesure de le faire baisser. Et à ce jour rien ne laisse augurer un redémarrage des deux principaux moteurs de l’activité. Tandis que l’investissement stagne (0 % au troisième trimestre 2014), la consommation, qui représente plus de la moitié du PIB, reste quasi asphyxiée (0,3 %). Et l’on voit mal comment l’horizon pourrait s’éclaircir aussi longtemps que perdurera le blocage du pouvoir d’achat des fonctionnaires et des retraités, décidé par le gouvernement, comme celui des salariés du privé, où le patronat fait barrage à toute hausse salariale.
Le Medef et l’UMP à l’unisson
« La clé est dans une autre politique de l’emploi et des salaires », appuie la CGT, revendiquant « la fin des aides aveugles aux entreprises, la relance de la consommation et une remise à plat du financement de la protection sociale ». Tandis que le Medef et l’UMP, à l’unisson, réclament un recours accru à la recette éculée de la baisse des « charges » patronales, le PCF constate « l’échec complet » des « choix politiques pris depuis le printemps 2012 ». Et il dénonce une fuite en avant avec le projet de loi Macron, qui dérégule encore le marché du travail et facilite les licenciements. Pour Olivier Dartigolles, « 2015 doit permettre la construction de convergences politiques et sociales fortes et larges pour mettre en échec la loi Macron et proposer de vraies solutions », alternatives à l’austérité.