Posté par Ygrec le 27/12/201
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Entretien réalisé par Pierre Duquesne
Mercredi, 24 Décembre, 2014
Ambassadrice
de choix des Pères Noël verts, l’actrice revient sur son engagement de
longue date auprès des plus démunis et interpelle la gauche socialiste.
SIPA
Entre deux tournages, des répétitions pour la pièce de théâtre Un grand moment de solitude, la cinéaste et actrice Josiane Balasko se fait le porte-voix du Secours populaire français.
Vous êtes, cette année, la marraine des Pères Noël verts. L’autre père Noël est donc vraiment une ordure ?
Josiane Balasko Espérons que les enfants
ne liront pas cet entretien (rires) ! Le père Noël rouge est le produit
des pubs, du marketing et de la télé. Et ce père Noël, consumériste,
n’est pas à la portée de tout le monde. Les enfants sont devenus une
énorme cible. Ils sont inondés de sollicitations, de propositions
d’achat. On crée chez eux des désirs qui ne sont pas nécessaires et de
plus en plus de parents ne peuvent pas suivre. D’où l’importance de
défendre des pères Noël ayant d’autres valeurs. Il ne s’agit plus
seulement une fête chrétienne : Noël est une fête familiale, qui s’est
généralisée. Tout le monde devrait pouvoir partager un bon repas avec
ses proches et s’offrir des petits cadeaux. Les Pères Noël verts
apportent l’espoir que les pères Noël rouges ne peuvent apporter.
Vous vous engagez depuis longtemps en faveur de
différentes causes. Récemment, vous avez apporté votre soutien aux
sans-papiers du boulevard de Strasbourg, à Paris, et vous participez
régulièrement à des actions du DAL. Pourquoi s’engager dans la lutte
contre la pauvreté ?
Josiane Balasko Cela fait plusieurs
années que je participe à des opérations du Secours populaire, notamment
pour la Journée des oubliés des vacances. Les combats pour les
sans-abri, les sans-papiers et tous ceux qui n’ont pas les moyens de
vivre au quotidien ont un point commun. Il s’agit d’aider ceux qui ne
peuvent pas faire entendre leur voix. Si ma notoriété peut aider une
cause, pourquoi je ne le ferais pas ?
« Il y a un boulot formidable à réaliser quand on voit la misère, tous ces gens qui sont au chômage », aviez-vous déclaré dans un entretien à l’Humanité. Vous regrettiez l’absence de réaction d’un « gouvernement socialiste » face à une grève chez Peugeot. C’était en 1993…
Josiane Balasko Elle est hélas toujours
d’actualité. La situation a même empiré. Nous avions pas mal d’espoir
avec le retour de la gauche au pouvoir. L’espoir est toujours palpable,
même s’il n’y a pas vraiment grand-chose qui bouge. Ce n’est pas pour
cela qu’il faut baisser les bras et renier ses idées. Si certains
dirigeants qui se disent de gauche ne font pas leur boulot, il y en a
d’autres qui le feront, sur le terrain. Je vois beaucoup de citoyens,
des militants, des bénévoles qui travaillent au quotidien pour changer
la vie et essayer de réparer les inégalités. Le gros problème, ce sont
nos gouvernants qui sont complètement coupés des réalités de la société.
Vous avez grandi dans un milieu populaire, à Saint-Ouen, où vos parents tenaient un café. Vous êtes-vous sentie pauvre ?
Josiane Balasko J’en ai de bons
souvenirs, et n’ai jamais manqué de rien.
Les situations, aujourd’hui,
sont autrement plus catastrophiques. Beaucoup de familles monoparentales
n’arrivent pas à s’en sortir. Les associations de solidarité viennent
actuellement en aide à des personnes qui ne sont pas des exclus. Ils ont
un boulot, un logement, mais ne parviennent plus à vivre décemment. Il y
a un appauvrissement général, et le SPF sert énormément de repas
(180 millions par an – NDLR). Dans les années 1960, ceux qui n’avaient
pas d’argent n’avaient pas de problème de toit. Au pire, ils dormaient,
comme nous, sous des mansardes. Toutes les couches de la société
vivaient dans un même immeuble, et se répartissaient de façon verticale.
Dorénavant, les gens qui ont du pognon vivent à Paris, et
les autres
sont condamnés à s’entasser dans des studios horriblement chers ou à
s’éloigner très loin en périphérie.
Il n’y a plus de brassage social.
Si vous deviez former un vœu pour 2015, quel serait-il ?
Josiane Balasko Je voudrais souhaiter
longue vie au Secours populaire et à ses bénévoles, qui fêteront les
soixante-dix ans de cette grande organisation. Mais nous ne pouvons
qu’espérer qu’il y ait moins de familles, dans notre société, qui soient
obligées de faire appel à des associations de solidarité pour
simplement vivre. Mon vœu, par ailleurs,
c’est de voir la solidarité se
renforcer, en appelant le plus grand nombre à faire des dons, à
soutenir le Secours populaire. Enfin, je souhaite aussi que nos
dirigeants s’attaquent enfin aux problèmes de millions de Français.