22 janvier 2015
La grande manifestation « Je suis Charlie » a été célébrée par l’ensemble de nos médias, par le gouvernement et par la quasi-majorité de la classe politique comme symbole d’une « unité nationale » présentée comme nécessaire face à la menace « terroriste ». Elle a également été mise en scène comme exemple d’une unité internationale contre ce même « terrorisme ». Les quelques voix discordantes appelant à s’intéresser aux causes, aux enjeux et aux conséquences prévisibles de cette injonction à l’unanimisme émotif ont été réduites à un soutien aux « terroristes » dans un raisonnement binaire martelé à longueur de journée : si tu n’es pas Charlie, tu soutiens les attentats. Les graines semées par cette « unité nationale » commencent à donner leurs fruits amers et empoisonnés. Le temps du premier bilan est arrivé.
A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis.
Martin Luther King
Une légitimation renforcée des guerres
Toutes les puissances de l’OTAN ainsi que leurs alliés étaient
représentés dans la manifestation « Je suis Charlie » du 11 janvier
2015. Comprendre la signification et la fonction de cette photo de
famille suppose de prendre en compte le contexte mondial et ses rapports
de force.
Les guerres impérialistes pour le pétrole, pour les minerais
stratégiques et l’affaiblissement des puissances émergentes se
multiplient depuis plusieurs décennies. Guerres de pillages dont le seul
but est le surprofit, les aventures militaires ne peuvent pas se
présenter comme telles. Elles nécessitent pour se déployer sans
résistance d’êtres fardées en « guerres justes » : contre
l’obscurantisme et le terrorisme, pour l’émancipation des femmes, pour
la défense d’une minorité opprimée, contre le génocide, etc.
L’islamophobie est un des ingrédients idéologiques diffusés au moins
depuis les attentats du 11 septembre 2001 pour préparer un « arôme
idéologique immédiat (1) » favorable à la guerre.
La négrophobie (2) est un autre ingrédient correspondant aux nouvelles
découvertes de pétrole, de gaz et de minerais qui se sont multipliées
ces dernières années en Afrique s’ajoutant aux gisements déjà connus de
ce continent surnommé « le scandale géologique (3) ».
La France est particulièrement engagée dans toutes les agressions
impérialistes de ces dernières années. De l’Afghanistan à la Syrie en
passant par l’Irak, du Mali à la Centrafrique en passant par la Lybie,
l’armée française semble ne vouloir rater aucune guerre d’agression. La
pression idéologique islamophobe et négrophobe y est d’autant plus forte
qu’est important le besoin de légitimation d’interventions militaires
dans des pays africains et/ou « musulmans ».
Le site de la Direction de l’information légale et administrative donne lui-même les données quantitatives suivantes :
La France est intervenue militairement à près de quarante reprises sur
le sol africain dans les cinquante dernières années et une vingtaine de
fois entre 1981 et 1995 sous les deux septennats de François Mitterrand.
Certaines de ces opérations n’ont duré que quelques jours, d’autres ont
donné lieu à des déploiements beaucoup plus longs (opérations Manta et
Epervier au Tchad, par exemple). (4)
A ces chiffres ne concernant que l’Afrique il faut ajouter le Liban
(1983), l’Irak (1990), la Bosnie (1992), le Kossovo (1999),
l’Afghanistan (2001), la Syrie (2014), etc. Les interventions militaires
françaises à l’étranger s’inscrivent elles-mêmes dans une stratégie
globale de l’OTAN. Cette stratégie est définie dans un document intitulé
« concept stratégique ». La dernière version de ce concept en 2010
comprend la capacité à intervenir sur plusieurs terrains simultanément,
l’inclusion de l’Europe de l’Est dans les zones à surveiller, la
possibilité d’une guerre nucléaire « limitée » et le « partage du
fardeau stratégique » : « C’est l’esprit même du nouveau concept
stratégique de l’OTAN que de sommer en quelque sorte les Européens de
définir la nature et l’ampleur des obligations qu’ils sont prêts à
assumer dans son cadre (5) ».
La multiplication des interventions militaires européennes en général et
française en particulier s’inscrit dans le cadre nouvelle stratégie de
l’OTAN.
Mais la séquence historique que nous vivons au niveau mondial est aussi
celle des obstacles à la prise de contrôle états-unienne du monde. Ces
obstacles sont certes de natures très différentes mais convergent pour
mettre en difficulté le « nouvel ordre mondial » que « l’Occident »
tente d’imposer au reste du monde et même à ses propres peuples.
Partout les agressions militaires et les chantages à la guerre ou à la
sanction économique piétinent. L’ALBA en Amérique du Sud expérimente de
nouvelles solidarités et cohérence régionale permettant de desserrer
l’étau du système capitaliste mondial. La Russie et la Chine freinent
par leurs positions à l’ONU les tentatives de couvrir les agressions
militaires d’une légitimité internationale. Les guerres menées font
apparaître de plus en plus nettement leur seul résultat : le chaos.
L’instrumentalisation de l’émotion par le discours de « l’unité
nationale » pour l’interne et de la « guerre mondiale contre le
terrorisme » pour l’externe ont dans ce contexte un double objectif :
Annoncer de nouvelles guerres impérialistes d’une part et légitimer
celles-ci aux yeux des peuples et du peuple français en particulier. Il
s’agit de remobiliser et de ressouder un camp, de lui donner une
légitimité populaire, de le rassembler pour de nouvelles guerres.
C’est ainsi par 488 voix contre 1 que l’assemblée nationale
approuve la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak le 13
janvier. Le Sénat va dans le même sens le même jour par 327 voix et 19
abstentions. Le premier fruit amer de l’unité nationale c’est la guerre.
Hier comme aujourd’hui, en 1914 ou en 2015, l’Union sacrée a toujours
le même goût de guerre.
Réhabiliter des alliés assassins
Mais la grande instrumentalisation de l’émotion a aussi été
l’occasion de renforcer les liens avec les « amis de l’Occident » et de
réhabiliter ceux qui ont été discrédités aux yeux de l’opinion publique
par leurs crimes. Citons les deux exemples démentant les discours d’une
mobilisation pour la liberté d’expression et contre le terrorisme.
L’Etat d’Israël est représenté par trois ministres : le premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu, le ministre des affaires étrangère
Avigdor Lieberman et le ministre de l’économie Naftali Bennett. Après
les massacres de palestiniens par un terrorisme d’Etat cet été, cette
présence sonne comme une provocation pour les dizaines de milliers de
manifestants français qui ont apporté leur soutien au peuple palestinien
dans des manifestations quasi-quotidiennes. « La présence de ces
ministres, résume le journaliste Alain Gresh, est une insulte à toutes
les valeurs dont prétendent se parer les organisateurs de la
manifestation, un hold-up qu’il est important de dénoncer (6) ».
Faut-il encore rappeler que 17 journalistes ont été tués cet été dans
les bombardements sionistes sur la bande de Gaza ? Rappelons encore
l’expulsion d’Israël du journaliste français Maximilien Le Roy, alors
qu’il se rendait à un festival de Bandes Dessinées, en raison de ses
dessins jugés pro-palestiniens :
Ils m’ont expliqué, pour conclure, que si je pouvais critiquer Israël
dans mon pays, je n’aurais plus le droit de le faire sur leur
territoire. Je savais dès les premières minutes qu’ils allaient
m’expulser, mais je ne -m’attendais pas à une interdiction de séjour de
dix ans. Ils m’ont traité comme si j’étais un terroriste (7).
La « démocratique » Arabie Saoudite était également Charlie le 11
janvier dernier par la présence à la manifestation de son ministre des
affaires étrangères Nizar al-Madani. Deux jours plus tôt, le bloggeur
saoudien Raïf Badawi recevait ses 50 premiers coups de fouets. Il est en
effet condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouets (50 tous les
vendredis) pour avoir critiqué les dignitaires religieux du royaume. Les
alliés du nouvel ordre mondial sont trop importants pour sa sauvegarde.
Ils peuvent continuer à bafouer sans aucune crainte la liberté
d’expression et financer des groupes qui déstabilisent les Etats voisins
en couvrant leur agression du nom de l’Islam. Ces deux exemples
suffisent pour démasquer l’hypocrisie en matière de liberté
d’expression. Celle-ci n’est défendue que quand elle sert les intérêts
des dominants et elle est oubliée dès qu’elle les remet en cause.
La réhabilitation des assassins et des financeurs de la mort,
tel est le second fruit empoisonné de l’union sacrée qu’a tentée de
construire l’instrumentalisation étatique de l’émotion.
La peur
Abordons maintenant les effets de « l’unité nationale » sur le
territoire français. Le premier est évident : l’instauration d’un climat
de peur porteur de tous les dangers. La couverture médiatique sous la
forme d’une « information haletante, sommaire et invérifiée » fondée
sur le « principe d’une amnésie récidivante (8) » pose les bases d’un
climat anxiogène.
La prégnance du vocabulaire de guerre (du « Oui nous sommes en guerre
(9) » de Valls au « la guerre a été déclarée à la France » de Sarkozy )
(10) dans les prises de positions politiques relayées par les
journalistes, experts et chroniqueurs divers, renforce ce climat.
Le déploiement de 10 000 soldats à grand renfort de publicité médiatique
enracine l’idée d’un danger permanent et omniprésent. La thèse d’une
absence de frontière entre le terrain extérieur d’opération et le
terrain intérieur développée par le ministre de la défense parachève la
surenchère verbale guerrière productrice d’une peur sociale
généralisée :
C’est une véritable opération intérieure. Il y a les opérations
extérieures qui se poursuivent, et c’est une opération intérieure qui va
mobiliser 10.000 hommes, c’est-à-dire à peu près autant que ce qui
mobilise aujourd’hui nos opérations extérieures (11).
Or que produit le discours de guerre que nos politiques n’ont pas hésité
à utiliser aussi fortement :
Une mise en guerre déclenche un discours simplifié ami-ennemi – ennemi
de l’extérieur et ennemi de l’intérieur – la menace engendre la peur, la
peur la haine, la haine pousse à l’action préventive. Les solidarités
se resserrent : union et exclusion (12).
Il n’est dès lors pas étonnant que le discours de guerre débouche
logiquement sur la multiplication des actes islamophobes qui se sont
rapidement comptés par dizaines en quelques jours. « Quelque 116 actes
anti-musulmans ont été recensés en quinze jours (13) » évalue le journal
Libération. Le chiffre réel est, bien entendu, beaucoup plus
important. De nombreux actes ne sont en effet pas signalés dans le
contexte délétère actuel. Il ne faut pas s’étonner dès lors qu’un climat
de peur s’empare des populations issues de l’immigration postcoloniale.
Cette peur n’est pas irrationnelle mais s’explique par la multitude des
petits actes d’agressivité subis dans la quotidienneté qui s’ajoutent
aux agressions ouvertes recensées ci-dessus : propos racistes, silence
et atmosphère tendus dans les transports en commun, etc.
Les femmes portant un foulard sont encore plus touchées par cette peur
envahissante. Ayant le 15 janvier une journée de travail avec un groupe
de femmes maghrébines et noires de Blancs Mesnil, nous avons, nous
mêmes, été effarés par le nombre de témoignages des agressions verbales
et des comportements de rejet qu’exposaient ces trente femmes. Si les
réactions sont diverses, une part importante de celles-ci sont d’ores et
déjà lourdes de conséquences : « je ne sors plus de chez moi ou juste
pour faire les courses », « pour la première fois je pense à enlever mon
foulard car j’ai peur », « je ne laisse plus sortir ma fille, j’ai peur
pour elle », etc.
A l’origine de cette hausse des actes islamophobes et de la peur qu’elle
suscite se trouve un certain nombre de thématiques récurrentes des
médias et des discours politiques. Dans une France qui connaissait déjà
une montée régulière de l’islamophobie depuis près de deux décennies, il
est irresponsable de multiplier les propos : sur l’islam et « son lien
ou non avec le terrorisme », sur « la moindre présence de certains aux
manifestions du « Je suis Charlie » », sur « le soi-disant silence de
certaines populations à l’égard des attentats », etc.
La montée importante des violences islamophobes directes ou
indirectes est le troisième fruit pourri de l’instrumentalisation
politique et médiatique de l’émotion.
L’humiliation
Cette peur s’accompagne souvent d’un sentiment d’humiliation
c’est-à-dire de « la perception d’un décalage entre la place revendiquée
au nom de la qualité d’égal et la place à laquelle l’on est rabaissé
(14) ». L’humiliation en tant que rabaissement de l’être humain
attentant à sa dignité est lourde de conséquences. Le terme arabe de
« Hoggra » est quotidiennement utilisé dans les conversations familiales
et amicales. Nous l’avons également fréquemment rencontré dans les
réunions que nous avons eues cette semaine avec plusieurs collectifs
dans des quartiers populaires. Voici la définition que nous en donnions
déjà en 2000 pour restituer le vécu de nombreux jeunes des classes
populaires : « Ce terme employé par les jeunes exprime un mélange de
négation de la réalité vécue, une impression d’être méprisé et rabaissé
volontairement et une discrimination vécue comme permanente (15) ».
Exagérons nous ?
Humiliation lorsqu’on envisage de retirer un foulard uniquement par la
peur suscitée par la multiplication rapide des actes islamophobes ?
Humiliation lorsque l’on reçoit une injonction permanente à se « démarquer des attentats » ?
Humiliation lorsqu’un élève se fait exclure d’une classe parce qu’il ne veut pas être Charlie ?
Humiliation lorsqu’on refuse même d’écouter les raisons qu’invoque cet élève pour justifier son opinion ?
Humiliation lorsqu’on se fait arracher son foulard dans la rue devant des passants indifférents ?
Bien sûr, certains pourront toujours crier à la victimisation. Bien
entendu, des « experts » pourront débattre à longueur d’antenne pour
présenter ces humiliations comme anodines et secondaires. A l’évidence
d’autres chroniqueurs y verront le signe d’une paranoïa sans aucune base
objective. Il reste que, quand un sentiment subjectif est autant
partagé, il mérite au moins une interrogation critique c’est-à-dire
exactement l’inverse de ce que propose notre ministre de l’éducation
nationale. Celle-ci considère comme « insupportable » les réactions
d’une partie des élèves à l’injonction étatique à s’émouvoir :
Même là où il n’y a pas eu d’incidents, il y a eu de trop nombreux
questionnements de la part des élèves. Et nous avons tous entendu les
« Oui je soutiens Charlie mais », les « deux poids, deux mesures », les
« pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? » Ces
questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à
l’école, qui est chargée de transmettre des valeurs (16).
Et nous qui pensions que l’école apprenait à nos enfants le débat
contradictoire, la pensée critique, l’argumentation et le libre arbitre.
Non, la réponse s’oriente vers la répression plutôt que la réfutation,
vers le silence imposé plutôt que l’argumentation, vers l’exclusion
plutôt que le débat contradictoire. Exprimant explicitement le
sous-entendu de cette logique répressive, la journaliste Nathalie
Saint-Cricq déclare sur France 2 : « il faut repérer et traiter ceux qui
ne sont pas Charlie (17) ».
Mais à quoi mènent donc la peur, l’humiliation et le déni de parole ?
D’abord à de la violence contre soi, ensuite tôt ou tard à une
externalisation de cette violence. Tous les silences qui se font sur ce
traitement des conduites des élèves renforcent les sentiments
d’isolement et d’injustice sur lesquels peuvent émerger des conduites
nihilistes allant de la destruction de soi ou des proches, aux révoltes
collectives de quartiers en passant pour une infime minorité par le
basculement vers les attentats.
La création des conditions d’une hausse des conduites nihilistes, tel est un autre fruit dangereux du contexte actuel.
Une répression « Hystérisée »
Nous empruntons le terme « hystérisé » au syndicat de la magistrature qui tire le bilan suivant des deux dernières semaines :
C’est ainsi que depuis quelques jours s’enchaînent les procédures
expédiées, où l’on a examiné et jugé le contexte, à peine les
circonstances des faits, si peu l’homme, poursuivi pour avoir fait
l’apologie du terrorisme. Non pas pour avoir organisé une manifestation
de soutien aux auteurs des attentats, élaboré et diffusé à grande
échelle des argumentaires, pris part à des réseaux, mais pour des
vociférations, lancées sous le coup de l’ivresse ou de l’emportement :
en fait, des formes tristement actualisées de l’outrage. Les lourdes
condamnations pleuvent, assorties d’incarcérations à l’audience. Telle
est la désastreuse justice produite par le recours à la comparution
immédiate dont la loi du 13 novembre 2014 a fait une nouvelle arme de
lutte contre le terrorisme. Comme si la justice pénale, devenue
l’exutoire de la condamnation morale, pouvait faire l’économie d’un
discernement plus que jamais nécessaire en ces temps troublés. Comme si
certains de ses acteurs avaient brutalement oublié qu’elle doit être
rendue avec recul, sur la base d’enquêtes approfondies, en se gardant
des amalgames - entretenus jusque dans cette circulaire, qui englobe
violences urbaines et apologie du terrorisme - et, surtout, des
réactions hystérisées qui la délégitiment et la société avec elle (18).
Les chiffres officiels de la chancellerie communiqués le 20 janvier
nous donne ainsi les informations suivantes : 251 procédures depuis le 7
janvier, dont 117 pour « apologie de terrorisme, 77 jugements en
comparution immédiate, 39 condamnations dont 28 à des peines de prison
ferme dont 20 avec mandat de dépôt à l’audience, 22 autres convocations
devant le tribunal correctionnel (19).
Le syndicat de la magistrature a raison de parler de la dérive d’une
« justice de l’urgence ». Nous habituer, nous acclimater, nous
accoutumer à un recul des libertés démocratiques au prétexte d’assurer
notre sécurité, tel est le seul résultat possible de telles pratiques.
Déjà l’on nous annonce de nouvelles lois prises au nom de notre sécurité
alors qu’une loi dite de « lutte contre le terrorisme » était déjà
adoptée à l’automne dernier. Depuis 1986, ce sont ainsi 14 lois visant à
nous protéger qui ont été votées. Nous y reviendrons ultérieurement
mais nous pouvons d’ores et déjà goûter à un autre fruit amer de
l’unité nationale : la création des conditions d’un consentement majoritaire à la remise en cause des libertés démocratiques.
Ce n’est pas par la guerre impérialiste, la peur, l’humiliation, la
répression hystérisée et la remise en cause des droits démocratiques que
reculera le « terrorisme ».
Les mesures annoncées par le gouvernement ne s’attaquent à
aucune des causes structurelles de l’émergence de postures nihilistes
dans notre société : les inégalités sociales massives, les
discriminations racistes systémiques, l’islamophobie humiliante, les
contrôles policiers au faciès, les guerres pour le pétrole et les
minerais stratégiques. Pourtant, Il n’y a aucune autre solution
sérieuse que celle de s’attaquer aux causes réelles car sans justice, il
ne peut jamais y avoir de paix.
Notes :
1. Le concept d’arôme idéologique immédiat est proposé par Gramsci
dans ses Cahiers de Prison au sein de son approche de l’idéologie. Voir
dans notre Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe,
Syllepse, Paris, 2012, pp. 46-49.
2. Sous la forme d’une présentation essentialiste des cultures
africaines comme marquées par la non historicité, le tribalisme,
l’ethinicisme et une « culture de la violence ».
3. Hubert Deschamps, L’héritage de Léopold, dans Jean Ganiage et
Hubert Deschamps, L’Afrique au XXe siècle, Syrey, Paris, 1966, p. 453.
4. http://www.vie-publique.fr/chronolo..., consulté le 18/01/2015 à 18 h 40.
5. Zaki Laïdi, Le Monde selon Obama, Stock, Paris, 2010.
6. Alain Gresh, D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo », Les blogs du diplo, http://blog.mondediplo.net/2015-01-..., consulté le 18/01/2015 à 20 h 48.
7. Maximilien Le Roy, dessinateur, interdit de séjour en Israël, Interview de Lucie Servin, l’Humanité du 28 octobre 2014.
8. Jean François Tétu, Les médias et le temps, figures, techniques,
mémoires, énonciation, in les Cahiers du journalisme, n° 7, juin 2000,
p. 84.
9. Manuel Valls à l’assemblée nationale le 13 janvier 2015.
10. Le Figaro du 9 janvier 2015
11. Défense Jean-Yves Le Drian, déclaration du 12 janvier 2015.
12. Yves Ternon, Guerres et génocides au XXe siècle, Odile Jacob, Paris, 2007, p. 315.
13. Libération du 19 janvier 2015.
14. Dominique Vidal, Sentiment, moralité et relation d’enquête. Un
regard sur les femmes domestiques, in Vincent Caradec et Danilo
Martuccelli (dir.), Matériaux pour une sociologie de l’individu :
perspectives et débats, Septentrion, Lille, 2004, p. 216.
15. Said Bouamama, Le sentiment de « Hoggra » : discrimination,
négation du sujet et violence, in Les classes et quartiers populaires,
Editions du Cygne, Paris, 2009, p. 51.
16. Najat Vallaud Belkacem, le 14 janvier 2015, cité dans Médiapart du 20 janvier.
17. https://www.youtube.com/watch?v=qc0..., consulté le 21 janvier à 22 h.
18. Communiqué du Syndicat de la magistrature du 20 janvier 2015, http://www.syndicat-magistrature.or..., consulté le 21 janvier à 23h 20.
19. Communiqué de l’AFP.
Source :
Investig’Action
Said Bouamama est l’auteur de nombreux ouvrages dont "Figures de la
libération africaine. De Kenyatta à Sankara", 2014 ; Femmes des
quartiers populaires, en résistance contre les discriminations, des
femmes de Blanc-Mesnil, Le Temps des Cerises, 2013 ; Dictionnaire des
dominations de sexe, de race, de classe, Édition Syllepse, 2012 ; Les
discriminations racistes : une arme de division massive,L’Harmattan,
2010 ; Les classes et quartiers populaires. Paupérisation, ethnicisation
et discrimination, Éditions du Cygne, 2009 ; L’affaire du foulard
islamique : production d’un racisme respectable, Le Geai bleu, 2004 ;
Dix ans de marche des beurs, chronique d’un mouvement avorté, Desclée de
Brouwer, 1994.