Deux événements retiennent aujourd'hui l'attention : l'arrivée de SYRIZA au pouvoir en Grèce, à la suite des élections du 25 janvier, et la nouvelle dégradation de la note de la Russie par l'agence Standard and Poor's.
En apparence, rien ne relie ces événements. Pourtant, des liens existent dès que l'on accepte de sortir des évidences par trop rabâchées.
La victoire de Syriza
Prenons tout d'abord la victoire, véritablement historique, de SYRIZA en Grèce qui a propulsée son chef, le charismatique Alexis Tsipras sous le feu des projecteurs. Ce parti est en réalité une alliance regroupant des anciens gauchistes, des anciens communistes, des écologistes, et des anciens socialistes. Ce qui a fait le ciment de cette improbable alliance, et qui explique son succès, avec plus de 36% des suffrages exprimés, c'est à la fois le refus d'une austérité meurtrière qui ravage la population grecque depuis 2010 et le refus de la soumission aux injonctions de Bruxelles et de la commission européenne. La question sociale, pour importante qu'elle soit, n'explique pas tout. Syriza s'est engagé dans un combat pour la souveraineté du peuple grec contre les bureaucrates de Bruxelles et de Francfort, siège de la Banque Centrale Européenne. La désinvolture affichée d'Alexis Tsypras, en veste et sans cravates, symbolise le changement face aux mines compassées et aux stricts costumes trois-pièces des bureaucrates européens. Ce symbole ne s'arrête pas à Athènes. La victoire de SYRIZA annonce peut-être celle de PODEMOS en Espagne au début de cet automne. Et, tout comme dans SYRIZA, la composante souverainiste est loin d'être négligeable dans PODEMOS, ou encore dans le parti Irlandais qui briguera lui-aussi la victoire au début de 2016, le SIN FEINN.
Mais, au-delà du symbole, il y a des actes. Et les premiers actes de Tsypras ont été des signaux très forts envoyés aux autorités de Bruxelles. Tout d'abord, il a constitué son gouvernement en passant une alliance avec le parti des « Grecs Indépendants » ou AN.EL. Beaucoup disent que c'est une alliance hors nature de l'extrême-gauche avec la droite. Mais ce jugement reflète justement leur réduction du combat de SYRIZA à la seule question sociale. Ce qui justifie l'alliance entre SYRIZA et les « Grecs Indépendants », c'est le combat pour la souveraineté. Tsypras, dans son premier discours, a d'ailleurs parlé de l'indépendance retrouvée de son pays face à une Union Européenne décrite ouvertement comme un oppresseur.
Le deuxième acte fort du nouveau gouvernement a été de se désolidariser justement de la déclaration de l'UE sur l'Ukraine. Une nouvelle fois, l'UE condamnait la Russie. Tsypras a dit, haut et fort, que la Grèce n'approuvait pas cette déclaration, ni sur le fond ni dans sa forme, car elle avait été prise sans respecter les procédures internes à l'UE. Il est désormais clair que l'UE ne pourra plus raconter n'importe quoi sur la crise ukrainienne. La règle de l'unanimité s'applique encore.
Le troisième acte a été la décision du gouvernement, annoncée par le nouveau ministre des Finances M. Varoufakis, de suspendre immédiatement la privatisation du port du Pirée. Cette décision signifie la fin de la mise à l'encan de la Grèce au profit de l'étranger. Ici encore, on retrouve la nécessité d'affirmer la souveraineté de la Grèce.
Une dégradation très politique
En apparence, rien ne relie ces événements. Pourtant, des liens existent dès que l'on accepte de sortir des évidences par trop rabâchées.
La victoire de Syriza
Prenons tout d'abord la victoire, véritablement historique, de SYRIZA en Grèce qui a propulsée son chef, le charismatique Alexis Tsipras sous le feu des projecteurs. Ce parti est en réalité une alliance regroupant des anciens gauchistes, des anciens communistes, des écologistes, et des anciens socialistes. Ce qui a fait le ciment de cette improbable alliance, et qui explique son succès, avec plus de 36% des suffrages exprimés, c'est à la fois le refus d'une austérité meurtrière qui ravage la population grecque depuis 2010 et le refus de la soumission aux injonctions de Bruxelles et de la commission européenne. La question sociale, pour importante qu'elle soit, n'explique pas tout. Syriza s'est engagé dans un combat pour la souveraineté du peuple grec contre les bureaucrates de Bruxelles et de Francfort, siège de la Banque Centrale Européenne. La désinvolture affichée d'Alexis Tsypras, en veste et sans cravates, symbolise le changement face aux mines compassées et aux stricts costumes trois-pièces des bureaucrates européens. Ce symbole ne s'arrête pas à Athènes. La victoire de SYRIZA annonce peut-être celle de PODEMOS en Espagne au début de cet automne. Et, tout comme dans SYRIZA, la composante souverainiste est loin d'être négligeable dans PODEMOS, ou encore dans le parti Irlandais qui briguera lui-aussi la victoire au début de 2016, le SIN FEINN.
Mais, au-delà du symbole, il y a des actes. Et les premiers actes de Tsypras ont été des signaux très forts envoyés aux autorités de Bruxelles. Tout d'abord, il a constitué son gouvernement en passant une alliance avec le parti des « Grecs Indépendants » ou AN.EL. Beaucoup disent que c'est une alliance hors nature de l'extrême-gauche avec la droite. Mais ce jugement reflète justement leur réduction du combat de SYRIZA à la seule question sociale. Ce qui justifie l'alliance entre SYRIZA et les « Grecs Indépendants », c'est le combat pour la souveraineté. Tsypras, dans son premier discours, a d'ailleurs parlé de l'indépendance retrouvée de son pays face à une Union Européenne décrite ouvertement comme un oppresseur.
Le deuxième acte fort du nouveau gouvernement a été de se désolidariser justement de la déclaration de l'UE sur l'Ukraine. Une nouvelle fois, l'UE condamnait la Russie. Tsypras a dit, haut et fort, que la Grèce n'approuvait pas cette déclaration, ni sur le fond ni dans sa forme, car elle avait été prise sans respecter les procédures internes à l'UE. Il est désormais clair que l'UE ne pourra plus raconter n'importe quoi sur la crise ukrainienne. La règle de l'unanimité s'applique encore.
Le troisième acte a été la décision du gouvernement, annoncée par le nouveau ministre des Finances M. Varoufakis, de suspendre immédiatement la privatisation du port du Pirée. Cette décision signifie la fin de la mise à l'encan de la Grèce au profit de l'étranger. Ici encore, on retrouve la nécessité d'affirmer la souveraineté de la Grèce.
Une dégradation très politique
Dans le même temps, on apprenait que l'agence de notation Standard and Poor's avait dégradé la note de la Russie, plaçant cette dernière en catégorie spéculative. Si cela n'avait des conséquences économiques sérieuses quant aux entreprises russes et à leur capacité à emprunter sur les marchés financiers occidentaux, on pourrait rire de cette décision. Quelle « spéculation » y-a-t-il sur un pays dont la dette publique s'élève à 9% du PIB (contre plus de 90% pour celle de la France) et qui prévoit un déficit budgétaire de 1,5% en 2015, quand celui de la France sera largement au-delà des 3%?
Il n'y a aucun risque quant aux finances publiques russes. Il n'y a d'ailleurs pas plus de risques sur les entreprises. On voit donc que seules des raisons politiques peuvent expliquer cette dégradation. D'ailleurs, l'agence chinoise Dragon Global Credit (DGC), au contraire confère à la Russie une excellente note. En fait, cette dégradation apparaît comme une nouvelle étape dans les « sanctions », décidées à Washington et imposées tant aux agences de notation qu'aux pays de l'Union Européenne. Il n'y a aucune rationalité économique derrière cette notation sinon le discrédit politique imposé par les États-Unis sur les marchés vis à vis de la Russie.
Et c'est ici que les deux événements se touchent. Avec l'élection de SYRIZA en Grèce, un grain de sable est en train de se glisser dans la machine européenne aux ordres des États-Unis. Avec la décision d'imposer à Standard and Poor's la baisse de la note de la Russie, les États-Unis sont probablement allés trop loin. Ils ont déconsidérés le processus de notation des dettes, ce qui va provoquer, à terme, une fragmentation de la finance internationale, et ce qui aura des conséquences désastreuses tant pour le Dollar que pour la puissance financière des États-Unis. En effet, il ne peut y avoir de marché international des dettes, qu'elles soient privées ou publiques, que si le jugement porté sur ces dernières - jugement certes imparfait, nous le savons depuis la crise des subprimes - est déconnecté de tout aspect politique. En oubliant cela, les États-Unis qui sont jusqu'à maintenant les principaux bénéficiaires de la globalisation financière, se sont tirés une balle dans le pied. La politisation du processus de notation des dettes ne peut qu'aboutir à un doute grandissant sur la nature de ces dettes, et donc à une « dé-globalisation » qui poussera chaque pays à adhérer à des blocs financiers au grès de ces choix politiques.
Athènes et Moscou
Il n'y a aucun risque quant aux finances publiques russes. Il n'y a d'ailleurs pas plus de risques sur les entreprises. On voit donc que seules des raisons politiques peuvent expliquer cette dégradation. D'ailleurs, l'agence chinoise Dragon Global Credit (DGC), au contraire confère à la Russie une excellente note. En fait, cette dégradation apparaît comme une nouvelle étape dans les « sanctions », décidées à Washington et imposées tant aux agences de notation qu'aux pays de l'Union Européenne. Il n'y a aucune rationalité économique derrière cette notation sinon le discrédit politique imposé par les États-Unis sur les marchés vis à vis de la Russie.
Et c'est ici que les deux événements se touchent. Avec l'élection de SYRIZA en Grèce, un grain de sable est en train de se glisser dans la machine européenne aux ordres des États-Unis. Avec la décision d'imposer à Standard and Poor's la baisse de la note de la Russie, les États-Unis sont probablement allés trop loin. Ils ont déconsidérés le processus de notation des dettes, ce qui va provoquer, à terme, une fragmentation de la finance internationale, et ce qui aura des conséquences désastreuses tant pour le Dollar que pour la puissance financière des États-Unis. En effet, il ne peut y avoir de marché international des dettes, qu'elles soient privées ou publiques, que si le jugement porté sur ces dernières - jugement certes imparfait, nous le savons depuis la crise des subprimes - est déconnecté de tout aspect politique. En oubliant cela, les États-Unis qui sont jusqu'à maintenant les principaux bénéficiaires de la globalisation financière, se sont tirés une balle dans le pied. La politisation du processus de notation des dettes ne peut qu'aboutir à un doute grandissant sur la nature de ces dettes, et donc à une « dé-globalisation » qui poussera chaque pays à adhérer à des blocs financiers au grès de ces choix politiques.
Athènes et Moscou
Il faut donc voir la victoire de SYRIZA dans son contexte international. Cette victoire est la première pierre apportée au tombeau d'une Europe bureaucratique, confite dans l'austérité, inféodée aux États-Unis. Les déclarations d'Alexis Tsypras sur l'Ukraine en particulier, en témoignent. Dans le même temps, emportés par leur désir de détruire la Russie, les États-Unis ont mis en marche le processus de destruction de la globalisation financière qu'ils avaient construite avec beaucoup de persévérance depuis 1975. Le fait que ces deux événements se soient produits à quelques heures d'intervalle est important. Il témoigne de ce que nous vivons aujourd'hui un moment où se retournent les grandes tendances du monde. Ce n'est pas le début de la fin comme le disait Churchill, mais la fin du début.