Elections régionales en Espagne
Les Andalous ont renouvelé leur parlement régional (Crédits : MARCELO DEL POZO)
Déroute du PP conservateur
Ciudadanos réussit son émergence
Les partis traditionnels sont donc très nettement sanctionnés. Avec 63 % des voix en cumulés, les deux grands partis, PSOE et PP, perdent ensemble plus de 17 points. Même le parti de gauche issu de l'alliance entre le parti communiste et les verts, Gauche Unie (Izquierda Unida, IU), traditionnellement troisième force de la région et du pays, a subi une nette défaite, passant de 11,3 % à 6,9 % et de 12 à 5 sièges. Le jeu politique espagnol se complexifie d'autant plus qu'un cinquième larron, le parti centriste Ciudadanos (« citoyens »), très centré sur la lutte contre la corruption et très critique contre l'austérité de Mariano Rajoy, a réussi son émergence politique dans la région avec 9,3 % des voix et 9 sièges. C'est un vrai succès pour ce parti qui fait jeu égal dans les sondages nationaux avec le PP (autour de 18 %), mais pour qui ces élections andalouses étaient un vrai test pour prouver la réalité de son implantation en dehors de sa région originelle, la Catalogne. Preuve est donc faite qu'une partie (mais une partie seulement) de l'électorat déçu par Mariano Rajoy trouve un débouché politique dans Ciudadanos.
Une formation de coalition à suivre de près
Désormais, la constitution d'une coalition gouvernementale sera à suivre de près. Le PSOE devrait conserver le contrôle de l'Andalousie, mais il devra trouver un allié. L'actuelle coalition PSOE-IU est minoritaire avec seulement 52 sièges, contre 55 nécessaires. Le PSOE va donc devoir trouver d'autres alliés. Il pourra tenter de se tourner vers Ciudadanos ou vers Podemos. Quelles seront alors les réactions de ces deux formations ? Accepteront-elles de se compromettre dans un gouvernement régional avec un représentant du « vieux système » à 6 mois des élections générales ? La question semble surtout se poser pour Ciudadanos que beaucoup voient comme un allié logique au PSOE. Mais sinon, l'Andalousie ira-t-elle vers une « grande coalition » entre le PP et le PSOE ? Les leaders locaux n'avaient pas exclu ce choix pendant la campagne. Ce serait alors un pain béni pour les deux « nouvelles » formations qui pourraient jouer avant le 20 novembre sur la « collusion » entre les partis du « système. » Ce dilemme du PSOE risque de se reproduire après les élections régionales de mai, mais aussi - et ce sera tout son intérêt - après les élections du 20 novembre.