“Une” de l’Obs ce soir…
C’est sûr que la branlée du PS c’est accessoire, l’essentiel reste de parler sans cesse du FN – c’est sûr qu’avec nos modes de scrutin non démocratiques, le danger que le FN rafle moult départements était gigantesque…Seul (maigre car inutile) point positif : nombre de faucialistes sont au chômage ce soir…Bon, une tous cas, cela me confirme dans le fait que mon amour propre et mon sens de l’éthique font que je ne pourrais jamais exercer certains métiers : vendeur de drogue, fabricant de cigarettes, homme politique sous la Ve, journaliste à l’Obs, prostitué…
Par Renaud Dély, L’Obs, 30/03/2015
L’incapacité du parti d’extrême droite à conquérir un département signe l’échec de la stratégie de la présidente du FN.
Caramba, encore raté ! Bien sûr, avec 25 % des voix, le Front national a remporté lors du premier tour de ces élections départementales son meilleur score à l’occasion d’un scrutin local.
Certes, il dispose désormais d’une soixantaine de sièges de conseillers généraux – sur plus de 2.000 cantons -, alors qu’il n’avait jusqu’ici qu’un sortant. Enfin, c’est vrai, le FN a progressé d’un tour à l’autre dans les cantons où il était encore présent, signe qu’il profite du renfort d’électeurs venus de la droite et, dans une moindre mesure, de la gauche.
Et pourtant, ce second tour des élections départementales est un échec pour le parti d’extrême droite. C’est surtout l’échec d’une stratégie, le “marinisme”, cette ligne concoctée par le tandem Marine le Pen – Florian Philippot qui prétend faire du FN la seule opposition au fameux “système UMPS”.
Echec aux portes du pouvoir
Le retour du clivage droite-gauche, qui fait de l’UMP, grande gagnante de ce scrutin, l’alternative naturelle au PS en 2017 est une fort mauvaise nouvelle pour la présidente du Front National. Et l’avènement du “tripartisme” claironné par le FN, et repris en choeur par nombre d’observateurs peu attentifs, est une illusion. La vie politique française continue d’être régie par un affrontement bipolaire droite-gauche.
Marine Le Pen le sait : elle ne pourra démontrer que le FN est susceptible de devenir un parti de gouvernement capable d’exercer des responsabilités nationales que s’il conquiert des positions de pouvoir au niveau local. Et s’il y fait la preuve de ses capacités de gestion.
Bien placé dans le Var, plus fort encore dans l’Aisne, et favori dans le Vaucluse qui semblait lui tendre les bras, le parti d’extrême échoue aux portes du pouvoir et ne décroche finalement aucun département. Son seul élu sortant, Laurent Lopez, est même battu à Brignoles (Var), ce qui confirme que le bilan du FN lorsqu’il est aux affaires n’est pas mieux jugé que celui des sortants qui portent d’autres étiquettes.
Parti “sans-ami”
Surtout, une fois encore, preuve est faite lors de ce tour final des départementales que, s’il demeure seul et sans allié, le FN ne peut quasiment jamais l’emporter en duel au mode de scrutin majoritaire. L’isolement confine le parti lepéniste à l’impuissance, et, à terme, à l’inutilité. Ce triste sort avait conduit le FN à exploser à la fin des années 90. Il ne manquera pas de réveiller les tensions internes dans les semaines à venir. Sans doute ceux qui ont rejoint récemment le parti d’extrême droite parce qu’ils piaffent de conquérir des mandats et d’exercer des responsabilités finiront ils par douter de la pertinence de leur choix.
C’est la raison pour laquelle il faut exhorter la droite républicaine à résister aux sirènes frontistes. Et à conforter le cordon sanitaire qui maintient le FN, seul, tout au bout de l’échiquier politique, bien calé à l’extrême droite. Comme on dit dans les cours de collège, le Front National est un “sans-ami”. Et tous les ados savent que ce statut n’a rien d’enviable…
Renaud Dély, L’Obs