Georges GASTAUD, Antoine MANESSIS
Usurpant le nom de Jean Jaurès (inspirateur entre autres de la loi laïque de
1905 qui garantit la liberté de conscience) un cercle idéologique proche de
François Hollande prône des mesures restrictives de la liberté d’expression à
l’encontre de tous ceux qui mettent en doute – à tort ou à raison, là n’est pas
la question à ce stade de l’analyse – les « versions officielles » ou présentées
comme telles de divers évènements ou phénomènes sociopolitiques (attentats de
New-York, catastrophe aérienne en Ukraine, causes anthropiques du réchauffement
climatique, liens entre telle loi giscardienne et l’envol de la dette française,
etc.). Ainsi, les grands « défenseurs de la tolérance » qui, il y a peu,
sommaient la population française, bambins de maternelle inclus, d’ « être
Charlie » et de l’afficher UNANIMEMENT, appellent aujourd’hui à fliquer la
Toile, l’école, les médias et les réseaux sociaux sous couvert de combattre le
« négationnisme », une notion de plus en plus floue dont l’extension démesurée
tend à banaliser le génocide hitlérien justement visé par la loi Gayssot...
Ajoutons que ces attaques liberticides sont d’autant plus perverses qu’elles
sont menées au nom du pluralisme, de la liberté d’expression, de l’
« antitotalitarisme », etc.
Le PRCF rejette le « conspirationnisme », cette méthodologie simpliste,
illusoire et dangereuse qui fait le jeu de l’antimarxisme dominant en cachant le
fait décisif, que « la lutte des classes est le moteur de l’histoire » (Marx).
Quant complot il y a dans l’histoire – par ex. quand Göring fait incendier le
Reichstag pour réprimer le PC allemand, criminaliser l’Internationale communiste
et interdire toute opposition politique en Allemagne – c’est généralement comme
un élément subordonné de la lutte des classes, en l’occurrence, de la lutte
menée par les trusts allemands contre les militants du prolétariat. Il n’en
reste pas moins que le complot n’est pas le moteur de l’histoire, dont les
ressorts profonds, à notre époque plus qu’à toute autre, restent les
contradictions systémiques objectives du capitalisme.
Il n’en reste pas moins que l’on doit pouvoir débattre librement sur la Toile
et ailleurs, argument contre argument, et que toute tentative des gouvernements
euro-atlantiques – dont le gouvernement Valls est un représentant caricatural –
pour réprimer légalement telle ou telle OPINION ne peut qu’avoir des effets
liberticides ravageurs... sans faire reculer d’un pouce, bien au contraire, la
paranoïa dont se nourrissent les « conspis » avérés. Comme ceux-ci trouveront à
coup sûr mille autres canaux détournés pour exprimer leurs fantasmes – chose que
les animateurs de la pseudo-Fondation jaurésienne savent autant que nous – qui
donc sera réellement visé sur la Toile, à l’école ou ailleurs ? Il est aisé de
le deviner : très vite, l’argument malhonnête du négationnisme – un mot qui,
répétons-le, doit être réservé aux antisémites et autres néonazis qui nient le
génocide hitlérien – servira très vite à frapper les communistes fidèles à leur
histoire qui refusent que l’on mette odieusement sur le même plan le Troisième
Reich et l’URSS de Stalingrad, qui a joué le rôle principal dans la victoire des
peuples sur Hitler : de ce côté, les choses sont déjà en marche puisque le
Conseil de l’Europe a adopté le rapport Lindblad qui criminalise l’URSS et le
communisme historique, qu’un commissaire européen de nationalité italienne
militait encore il y a peu pour interdire l’emblème ouvrier et paysan en Europe,
que nombre de P.C. sont persécutés à l’Est avec la bénédiction de l’UE, des pays
baltes à l’Ukraine en passant par la Tchéquie, la Pologne, la Hongrie, etc.
Notons au passage que la fausse symétrie entre les partis fascistes et les
partis communistes, lesquels ont toujours été les plus intraitables ennemis des
premiers, ne résiste pas à l’analyse ; à Kiev par ex., l’UE-OTAN soutient un
gouvernement pronazi qui lynche les communistes et les syndicalistes, et qui
encourage à nier les crimes de Bandera et des hitlériens sur le sol soviétique
en les présentant comme des « libérateurs ».
Mise en route de la machine à social-fasciser :
Mais ce ne sont pas seulement les communistes qui seront ciblés une fois
qu’aura été mise en marche la machine à bâillonner et à fasciser – et en
l’occurrence, à social-fasciser – la Toile, l’école, les réseaux et les médias.
Les syndicalistes tant soit peu combatifs auraient très vite du souci à se
faire : déjà, des milieux patronaux expriment l’idée qu’accuser la classe
capitaliste d’être à l’origine de la misère et du chômage de masse, cela
relèverait du « racisme de classe » (sic), voire du « conspirationnisme » (car
bien entendu, le grand capital mondial ne se concerte pas régulièrement à Davos
et dans mille autre lieux pour mener sa guerre de classe contre le camp du
travail*...). De même les citoyens « eurocritiques », qui sont devenus largement
majoritaires en Europe si l’on regarde les chiffres réjouissants de l’abstention
aux européennes ou les résultats des référendums portant sur la « construction »
européenne, peuvent se faire du souci : le gouvernement « grec » Samaras
n’a-t-il pas engagé un processus législatif visant à interdire tout parti qui
appellerait à retirer la Grèce de l’UE et de l’euro ?
Ouvrir les yeux sur la fascisation
Décidément, il est temps d’ouvrir les yeux dans tout le camp progressiste sur
la fascisation en cours qui ne se limite nullement à la lepénisation. Comme l’a
expliqué Dimitrov au 7ème congrès de l’Internationale communiste (1935), la
fascisation est le processus qui pourrit en profondeur la démocratie bourgeoise
quand la classe capitaliste, confrontée à une crise durable et dénuée de remède
intrasystémique, cherche par tous les moyens à refouler les résistances
populaires. Non seulement les restrictions aux libertés et la mise en place d’un
Etat policier auxquelles travaillent inlassablement les Valls, Cazeneuve et
autres continuateurs de Sarkozy, ne permettent pas de combattre
l’ultra-droite**, mais elles ouvrent un boulevard aux fascistes pour leur
permettre d’abattre, le jour venu, ce qui restera alors de la démocratie
bourgeoise de plus en plus étriquée, antisyndicale, xénophobe et hostile à toute
véritable souveraineté populaire et nationale.
Combattre les conspirationnistes, refuser toute mesure
liberticide
C’est pourquoi, tout en combattant sans compromis, sur le fond comme sur la
forme, l’idéologie complotiste foncièrement idéaliste*** et antimarxiste, les
militants franchement communistes refusent toute mesure liberticide des
idéologues et des gouvernants euro-atlantiques, social-démocratie incluse, qui
prennent prétexte de l’anticonspirationnisme pour fliquer le peuple, les
intellectuels et la jeunesse... tout en donnant encore plus de grain à moudre à
la paranoïa dangereuse des « conspis ».
Georges Gastaud, Antoine Manessis
*ce que reconnaissent cyniquement les capitalistes les plus cyniques : « Il y
a une guerre des classes et c’est ma classe, celle des riches, qui est en train
de la gagner », déclare ainsi le milliardaire américain Warren Buffett.
**Le discours grossièrement politicien du PS contre le FN est en réalité
prétexte à une main tendue permanente des socialistes à l’UMP, laquelle n’en
lorgne que davantage vers l’UM’ Pen.
*** philosophiquement, l’idéalisme historique est l’illusion qui consiste à
croire que « les idées menant l’histoire », des cercles de penseurs bien placés
dirigent consciemment l’histoire indépendamment des structures objectives de la
société.
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http://www.legrandsoir.info/nous-sommes-tous-jaures-defendons-la-liberte-d-expression.html
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