Dimanche 08 Mars 2015
Elodie Emery
Afficher dans les commerces les portraits des auteurs de larcins, diffuser sur les réseaux sociaux la photo de son enfant quand ils a commis une bêtise... Pour les adeptes de la "modernitude des choses", l'humiliation a des vertus éducatives ! Et ceux qui s'en offusquent sont des âmes sensibles...
"Ma fille s'est coupée elle-même les cheveux le week-end dernier" proclame une mère de famille sur Twitter faisant poser son enfant comme un dangereux criminel arrêté par la police... - DR
Au-delà de leur indéniable utilité pour bâtir des maisons, les murs font preuve d’un grand talent pour faire parler d’eux. Le mur de Berlin, le mur des Lamentations, le mur du son… Sans oublier le mur des cons, si populaire au Syndicat de la magistrature. Lundi 2 mars, le Parisien ajoutait un petit nouveau à ce panthéon mural en révélant l’existence du « mur des voleurs ».
Il s’agit d’une pancarte, affichée en bonne place dans un magasin d’alimentation du XVe arrondissement de la capitale française, sur laquelle figurent les photos de quinze individus indésirables en ces lieux. Car, voyez-vous, ce sont des voleurs, des malfrats pris la main dans le sac par les caméras de vidéosurveillance.
Le directeur de ce Carrefour City en a manifestement eu ras le pompon. Il a donc choisi d’humilier les contrevenants en exposant publiquement leurs visages. Avant de faire leurs emplettes, les braves gens peuvent donc s’amuser à lire les légendes qui donnent le détail des larcins : « Vol déo + chocolat », « Vol bière », « Vol foie gras » ou encore « Vol lait infantile ». Certains seront sans doute un peu gênés que le voleur de lait infantile soit ainsi associé au voleur de foie gras, aliment qui somme toute n’est pas indispensable à la survie d’un bébé… D’autres éprouveront peut-être quelque indignation du fait qu’un supermarché joue ainsi les justiciers, sans que l'on sâche vraiment s'il est légal d'utiliser ces images de vidéosurveillance… Et bien toutes ces âmes sensibles ne sont pas modernes !
Ceux qui sont choqués par ces pratiques top tendance sont évidemment rétrogrades ! L’humiliation publique est très à la mode, et notamment sur la Toile, où les petits amis éconduits balancent allègrement les photos dénudées de leur ex. Des parents trouvent également astucieux d’éduquer leur progéniture en publiant sur les réseaux sociaux des photos et vidéos dans lesquelles celle-ci est tournée en dérision de manière plus ou moins cruelle. Comme ce père qui a imposé une calvitie à son fils, puisqu’il voulait tant « jouer aux grands ». Hahaha, on rit bien… Ah mince, le petit Léo s’est pendu. Il a toujours manqué d’humour cet enfant.
C’est évident, ceux qui sont choqués par ces pratiques top tendance sont rétrogrades. La preuve, l’article du Parisien cite une cliente du magasin Carrefour City, une « citoyenne du monde » résolument moderne vivant entre Paris et Londres, qui affirme qu’en Grande-Bretagne, « c’est courant, et ça ne choque personne ». Gageons qu’aux Etats-Unis non plus, le mur des voleurs n’aurait pas froissé les susceptibilités. Là-bas, ce sont les tribunaux qui punissent les méchants à grand renfort de bonnets d’âne.
En 2012, une automobiliste a été surprise par une caméra entrain de rouler sur le trottoir pour dépasser un bus scolaire. Un juge de la cour municipale de Cleveland l’a condamnée à s’afficher une heure au coin d’une rue, munie d’une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Seul un idiot conduit sa voiture sur un trottoir pour éviter un autobus scolaire ». En 2014, un homme qui avait harcelé sa voisine, l’accablant d’insultes racistes et détruisant les jouets de ses enfants handicapés, a lui aussi été forcé à s’exposer publiquement avec un panneau disant : « Je suis un harceleur. Je m'en prends à des enfants handicapés et je suis intolérant envers ceux qui sont différents ». C’était aussi dans le coin de Cleveland, cela doit être une tradition locale.
Question : est-on certain que la présence des caméras de télé et que les insultes des passants aient ramené chauffards et racistes dans le droit chemin ? Autre question : est-il du ressort de la justice de traiter quelqu’un d’ « idiot » ?
Astuce à l’usage du magasin Carrefour City du XVe arrondissement : pour que justice soit rendue quand vous prenez un voleur sur le fait, appelez la police. On est encore en droit d’espérer qu’un juge se dispense de la vindicte populaire, et sache adapter la peine au forfait commis (foie gras versus lait infantile).
Il s’agit d’une pancarte, affichée en bonne place dans un magasin d’alimentation du XVe arrondissement de la capitale française, sur laquelle figurent les photos de quinze individus indésirables en ces lieux. Car, voyez-vous, ce sont des voleurs, des malfrats pris la main dans le sac par les caméras de vidéosurveillance.
Le directeur de ce Carrefour City en a manifestement eu ras le pompon. Il a donc choisi d’humilier les contrevenants en exposant publiquement leurs visages. Avant de faire leurs emplettes, les braves gens peuvent donc s’amuser à lire les légendes qui donnent le détail des larcins : « Vol déo + chocolat », « Vol bière », « Vol foie gras » ou encore « Vol lait infantile ». Certains seront sans doute un peu gênés que le voleur de lait infantile soit ainsi associé au voleur de foie gras, aliment qui somme toute n’est pas indispensable à la survie d’un bébé… D’autres éprouveront peut-être quelque indignation du fait qu’un supermarché joue ainsi les justiciers, sans que l'on sâche vraiment s'il est légal d'utiliser ces images de vidéosurveillance… Et bien toutes ces âmes sensibles ne sont pas modernes !
C’est évident, ceux qui sont choqués par ces pratiques top tendance sont rétrogrades. La preuve, l’article du Parisien cite une cliente du magasin Carrefour City, une « citoyenne du monde » résolument moderne vivant entre Paris et Londres, qui affirme qu’en Grande-Bretagne, « c’est courant, et ça ne choque personne ». Gageons qu’aux Etats-Unis non plus, le mur des voleurs n’aurait pas froissé les susceptibilités. Là-bas, ce sont les tribunaux qui punissent les méchants à grand renfort de bonnets d’âne.
En 2012, une automobiliste a été surprise par une caméra entrain de rouler sur le trottoir pour dépasser un bus scolaire. Un juge de la cour municipale de Cleveland l’a condamnée à s’afficher une heure au coin d’une rue, munie d’une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Seul un idiot conduit sa voiture sur un trottoir pour éviter un autobus scolaire ». En 2014, un homme qui avait harcelé sa voisine, l’accablant d’insultes racistes et détruisant les jouets de ses enfants handicapés, a lui aussi été forcé à s’exposer publiquement avec un panneau disant : « Je suis un harceleur. Je m'en prends à des enfants handicapés et je suis intolérant envers ceux qui sont différents ». C’était aussi dans le coin de Cleveland, cela doit être une tradition locale.
Question : est-on certain que la présence des caméras de télé et que les insultes des passants aient ramené chauffards et racistes dans le droit chemin ? Autre question : est-il du ressort de la justice de traiter quelqu’un d’ « idiot » ?
Astuce à l’usage du magasin Carrefour City du XVe arrondissement : pour que justice soit rendue quand vous prenez un voleur sur le fait, appelez la police. On est encore en droit d’espérer qu’un juge se dispense de la vindicte populaire, et sache adapter la peine au forfait commis (foie gras versus lait infantile).