lundi 2 mars 2015

Sarkozy réchauffe ses vieilles recettes ultra libérales (L'Humanité)

Fabrice Savel

Lundi, 2 Mars, 2015
Humanite.fr
Photo : Thibault Camus/AFP
Photo : Thibault Camus/AFP
Dans une longue interview au journal “Le Figaro”, l’ancien chef de l’État s’en prend violemment aux fonctionnaires, aux 35 h, et à l’âge de la retraite. Des propositions ultra libérales peu nouvelles mais qui poussent toujours plus loin la casse du droit du travail et du modèle social français.
Le Figaro a accordé presque deux pleines pages à une longue interview à Nicolas Sarkozy qui, après avoir taillé en pièce la politique de François Hollande, égrène ses propositions pour la France.
Là, pas de surprise, pas de nouveauté en vue. Contraint d’aller plus loin encore que la loi “Macron” et que l’actuel gouvernement dans son allégeance au Medef, l’ancien président de la République propose une révolution des esprits : mettre “l’entreprise, quelle que soit sa taille et dans toutes ses dimensions, au centre de toutes les décisions économiques du gouvernement”.
Quand il passe au concret, Nicolas Sarkozy reprend avec ferveur le dogme dicté par Bruxelles : baisser les dépenses publiques. Comment ? “Il faut d’abord, explique-t-il, s’attaquer résolument à ce qui pèse le plus lourd dans le budget de l’État et des collectivités locales : le nombre de nos fonctionnaires (...). Revenir à la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et surtout l'imposer à la fonction publique territoriale, notamment en changeant la Constitution pour rendre cette règle compatible avec l'autonomie de gestion des collectivités territoriales.”
Nicolas Sarkozy consacre ensuite une longue charge au temps de travail des fonctionnaires. Il propose ainsi qu'ils aient "moins de jours de RTT mais en contrepartie propose de rétablir les heures supplémentaires défiscalisées, pour inciter les fonctionnaires à travailler plus". Et d'ajouter : “les entreprises qui souhaitent sortir des 35 heures doivent pouvoir le faire par la négociation… Et, bien entendu, je propose de rétablir dans les entreprises le principe des heures supplémentaires défiscalisées.”
Vient ensuite, la supression de l’ISF proposition amenée par une forfaiture idéologique du président de l’UMP : “Il n'y a ainsi pas d'ISF en Allemagne et il ne doit donc plus y avoir d'ISF en France.” Comme si ce qui s’applique outre-Rhin devait par principe s’appliquer à la France, sans autre débat !
Autre proposition phare de cette interview fleuve de Nicolas Sarkozy : “augmenter l’âge de la retraite et de manière rapide”. La encore, la casse du droit à la retraite des salariés s’inscrit dans une politique globale de casse du droit du travail : “C'est en effet la rapidité avec laquelle on atteint le nouvel âge qui produit un maximum d'économies très vite, beaucoup plus que la borne d'âge elle-même. Concrètement, je préfère passer l'âge légal de départ à 63 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein, mais le faire à raison d'une augmentation de quatre mois par an. C'est-à-dire repousser l'âge de départ à 63 ans (et à 68 ans, sans décote), en trois ans. Il faut également s'occuper en urgence de la rigidité de nos règles sociales. Nous devons repenser tout notre Code du travail. Je propose en la matière une règle simple: ne garder que les droits fondamentaux des salariés dans le Code du travail et renvoyer le reste à la négociation d'entreprise.”
Enfin, le président de l’UMP, en difficulté dans les sondages depuis son “retour” en politique, renvoi dos-à-dos Parti socialiste et Front national avec une formule inspirée de Le Pen : Aux élections les départementales “Voter pour le FN au premier tour, c'est faire gagner la gauche au second. C'est le FNPS! “
Élections départementales qui sonneront le glas de l’UMP, puisque Nicolas sarkozy annonce un nouveau parti, un nouveau nom, une formation ouverte au centre, le “vrai centre droit” précise-t-il.