vendredi 3 avril 2015

ALERTE Grèce (les crises)

J’ai hésité à rédiger ce billet, mais bon…
J’ai discuté cette semaine avec plusieurs spécialistes du dossier grec, y compris des personnes ayant rencontré des ministres de Syriza.
Les conclusions étant inquiétantes, je les partage avec vous.

I. Le problème insoluble

Voici les contraintes actuelles :
1. l’Europe a prêté des sommes folles à la Grèce
2. la Grèce ne peut pas rembourser
3. si la Grèce annonce officiellement un défaut, l’Europe perd des sommes folles, la BCE saute et obligera à des recapitalisations dantesques, ce qui entrainera probablement la fin de l’euro
4. l’Europe veut imposer des programmes de lourde austérité néolibérale à la Grèce
5. ces politiques sont le contraire du programme de Syriza, qui ne peut céder
6. si l’UE cède, d’autres pays du Sud demanderont les mêmes annulations de dette que la Grèce, et ce sera la fin de l’euro
En résumé :
  • si la l’UE cède, c’est la fin de l’euro ;
  • si l’UE ne cède pas : si la Grèce cède, c’est l’explosion politique en Grèce
  • on ne peut rester dans une position où UE et Grèce ne cèdent pas - c’est la situation temporaire actuelle
Reste à savoir dans ce jeu de poker qui cèdera le premier. (oui, ça semble sans issue, mais c’est normal, vu que l’euro n’a jamais été viable… !)
La réponse que j’attendais de mes contacts est qu’il semble bien que les Grecs ne cèderont pas. Ils sont europhiles, mais ils ont compris que l’Europe veut qu’ils baissent leur pantalon, ce qui serait un suicide politique pour une politique délirante et de souffrance du peuple grec qui a déjà lourdement donné.
La logique de base voudrait évidemment alors que l’UE cède, mais elle a 3 raisons de ne pas le faire :
  1. par principe néolibéral et bêtise (mauvaise raison)
  2. pour que cet exemple ne contamine pas d’autres pays (bonne raison – sauf que si la Grèce ne cède pas, ça explose)
  3. pour tuer l’euro en jetant la faute sur la Grèce, ce qui pourrait être une stratégie cachée allemande (je n’en sais rien, mais ce serait alors une bonne raison).
Conclusion : Il semble donc qu’il y a 70 % de chances qu’on s’oriente vers un Grexit brutal, d’ici 2 ou 3 semaines - sauf si l’UE cède, mais ce qui aura aussi des conséquences politiques difficiles.
Comme Sapir l’explique, et comme le disait Romaric Godin (relire ce papier d’avant hier), le temps presse :

II. Que faire ?

Pas grand chose hélas… Pour le moment, croiser les doigts et attendre d’y voir plus clair :
  • l’un ou l’autre pourrait finalement céder ;
  • le Grexit pourrait être contrôlé ;
  • du temps pourrait être gagné.
Par ailleurs, et même si ce site n’a nullement pour but (c’est un métier) ni envie de donner des conseils financiers, je me bornerais à quelques conseils de prudence élémentaire en ces temps dangereux :
1. si vous avez moins de 50 000 € de placements financiers, ne vous inquiétez pas trop, ça devrait assez bien se passer même en cas de remous ;
2. ne laissez pas plus de 50 000 € dans une banque universelle systémique qui a de grosses expositions sur la finance de marché (bref, à défaut d’avoir une séparation légale des activités bancaires, séparez vous-même votre épargne :) )
Le risque du pays est concentré sur les 4 premières banques ici (parties en rouge) :
Sont donc beaucoup moins risquées des structures comme par exemple, la banque postale, le crédit mutuel, le crédit coopératif, d’autres petites banques, les livrets d’épargne des crédits municipaux (monts de piété), etc.
3. sortez rapidement des marchés actions et obligations – surtout vu les niveaux stratosphériques atteints. ATTENTION, c’est un conseil pour une gestion “de bon père/mère de famille”, pour préserver votre épargne. Dans une optique spéculative, rester investi pourrait générer encore plus de gains – ou de pertes !
4. n’achetez pas d’immobilier, sauf peut-être si vous êtes CERTAINS de garder le bien 20 ou 30 ans, et encore… En revanche, c’est le bon moment pour vendre à mon avis. ATTENTION, c’est un conseil pour une gestion “de bon père/mère de famille”, pour préserver votre épargne. Dans une optique spéculative, acheter pourrait générer encore plus de gains – ou de pertes !
5. il n’est pas stupide de disposer de 5 % à 10 % de son patrimoine sous forme d’or physique, mais c’est à voir comme une assurance en cas de gros problème. En effet, ce marché est volatil et peut susciter des gains ou des pertes en capital. (perdre 10 % de 5 % de son capital reste acceptable dans ce domaine). Réfléchissez et soyez prudents, surtout si vous ne pouvez pas le stocker sans risque.
À suivre !
P.S. inutile de m’écrire, je ne donnerai pas de conseils personnalisés…
P.P.S. et ne vous moquez pas de moi si en juin la Grèce est toujours dans l’euro, je signale juste un risque important, je ne suis pas Madame Soleil… :)