Cette « relation dangereuse » pour la marque Orange
Vendredi, 17 Avril, 2015
L'Humanité
Tribune de Taoufiq Tahani, président de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS). Lire également "Les liaisons dangereuses d’Orange et de son actionnaire l’État français dans les colonies israéliennes" sur le site du CCFD et télécharger le rapport réalisé par CCFD-Terre Solidaire, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme(FIDH), Al Haq, Association France Palestine Solidarité, la Confédération Générale du Travail (CGT), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), et l'Union Syndicale Solidaires.
L’opérateur français Orange a renouvelé en 2011 un accord de licence de marque avec l’opérateur israélien Partner Communications-Orange Israël. La direction générale d’Orange a été avertie à de nombreuses reprises sur cette « relation dangereuse » pour la marque Orange et pour la compagnie française : délégation de l’AFPS en novembre 2011, délégation du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens en novembre 2012, interventions des organisations syndicales dans les instances représentatives du personnel, nombreux courriers de protestation. En effet, Partner Communications tire profit, comme les autres opérateurs israéliens, de la colonisation. Il disposait en 2011 de 176 antennes et installations de communication en Cisjordanie et dans les hauteurs du Golan occupées militairement. Il a des boutiques dans plusieurs colonies de Cisjordanie. Les entreprises israéliennes, Partner inclus, ne paient pas d’impôts à l’Autorité palestinienne pour leur activité commerciale sur le marché palestinien. Les opérateurs palestiniens ne peuvent ni avoir d’antennes dans 60 % de la Cisjordanie, ni importer librement des équipements modernes. Un rapport de la Banque mondiale, publié en janvier 2008, indiquait que 20 % à 45 % du marché de téléphonie mobile palestinienne était, à l’époque, entre les mains des entreprises israéliennes. La liste des avantages tirés par Partner de l’occupation militaire est longue. Il s’ajoute à tout cela un nouveau scandale : le soutien de Partner à l’armée israélienne et tout particulièrement comme sponsor d’une unité de combat qui a sévi à Gaza lors de l’agression militaire de l’été 2014 : 2 200 morts dont 500 enfants. Les révélations faites sur le site Electronic Intifada sont accablantes. Elles sont confirmées par Partner-Orange Israël. Sur son site, faisant référence à la campagne « Adopt a Warrior » (adopter un guerrier), Partner a « adopté » le bataillon de tanks Ezuz et le bataillon Shachar. Or le bataillon Ezuz est intervenu à Gaza où il a participé aux exactions les plus sanglantes comme à Deir Balah et à Rafah. Partner Communications-Orange Israël s’est ainsi retrouvé à fournir des aides matérielles aux soldats et à soutenir le moral des militaires menant les assauts. Selon le site israélien Frumline, tous les jours durant cette agression, Partner-Orange Israël envoyait trois unités équipées de générateurs, de chargeurs pour toutes sortes de téléphones pour permettre aux militaires de parler gratuitement à leurs familles. Il parcourait aussi les hôpitaux pour distribuer des tablettes tactiles aux soldats blessés en opération. Faudra-t-il attendre qu’Orange France soit mis en cause dans ses filiales à l’étranger et notamment dans les pays arabes pour réaliser le danger que cet aveuglement fait courir à l’entreprise et à l’emploi ? Est-ce qu’Orange France va enfin prendre conscience de la nécessité absolue de rompre ses liens avec Partner Communications ? Est-ce que l’État français, actionnaire avec la BPI à hauteur de 25 % dans Orange, va continuer à fermer les yeux ? Nous demandons qu’au vu notamment de ces révélations Orange rompe ses liens avec Partner Communications.
Lire aussi sur le site du CCFD : Les liaisons dangereuses d’Orange et de son actionnaire l’État français dans les colonies israéliennes
Télécharger le rapport : Les liaisons dangereuses d'Orange dans le territoire palestinien occupé