dimanche 10 mai 2015

Hold-up sur les 35 heures à l’AP-HP (L'Humanité)

Hold-up sur les 35 heures à l’AP-HP

Alexandra Chaignon
Jeudi, 7 Mai, 2015
L'Humanité

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Photo : Martin Bureau / AFP
Pour la CGT, « l ’AP-HP est le laboratoire d’essai de réforme du gouvernement dans sa remise en cause du statut de la fonction publique ».
Photo : Martin Bureau / AFP
En décidant de réorganiser le temps de travail dans les hôpitaux parisiens, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) lance une opération à haut risque social.
«Économiser 20 à 25 millions d’euros à travers une refonte de l’organisation du travail. » Tel est l’objectif du directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, qui a décidé de remettre à plat les 35 heures et de réduire les RTT. Une première réunion pour dresser un état des lieux a eu lieu hier avant l’ouverture des négociations, prévue le 28 mai. « Le risque, si on ne le fait pas, est de devoir supprimer 1 000 emplois par an sur quatre ans », a prévenu Martin Hirsch. Accord ou pas, il imposera sa réforme au 1er janvier 2016. 75 000 personnes (hors médecins) sont concernées.
« Il ne s’agit pas de remettre en cause les 35 heures », issues d’un accord signé en 2002 par la CFDT, la CGC et l’Unsa, mais de « revoir les manières de les organiser », a insisté Martin Hirsch. Ce dernier estime qu’il faut passer « un plus grand nombre de personnels travaillant 7 h 36 aux 7 heures par jour ». Un chantier de grande ampleur car, selon les rythmes de travail (en 7 h 36, 7 h 50, 10 heures ou 12 heures), le nombre de jours supplémentaires au titre de la RTT varie de 18 à 24. Et c’est sans compter la masse des journées de RTT non prises à cause du manque d’effectifs : un stock qui représentait 74,7 millions d’euros fin 2014 et concernait 36 000 agents.

Appel à la grève pour le 21 mai

Autant dire que ce haut fonctionnaire, qui prétendait apaiser le dialogue social, a déterré la hache de guerre ! Trois syndicats (CGT, SUD, FO : trois des quatre syndicats représentatifs) ont d’ores et déjà lancé un appel à la grève pour le 21 mai, contre le plan stratégique, la future réforme du temps de travail et plus largement l’austérité. « Il faudrait réaliser en 7 heures ce qu’on fait aujourd’hui en 7 h 36 ou 7 h 50 et pour le même salaire ? Non, le protocole de Martin Hirsch n’est ni négociable ni amendable », assène Rose-May Rousseau, secrétaire générale de l’union syndicale CGT de l’AP-HP.
« Il n’est pas du tout question de rentrer dans le plan d’économies de Valls et Touraine. Sur les 3 milliards d’euros d’économies à faire dans la santé, l’AP-HP doit en faire 175 millions pour la seule année 2015. Le personnel va en pâtir. Et il y a un risque sur la qualité des soins », s’inquiète Gilles Damez, secrétaire du syndicat FO santé de l’AP-HP. « Pour les personnels, la coupe est pleine. Alors supprimer des RTT, ça ne passe pas », précise Olivier Cammas, de l’Usap-CGT, évoquant une multiplication des appels à débrayages dans les hôpitaux ces derniers jours. Particulièrement remonté, Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD santé de l’AP-HP, dénonce, lui, « un dialogue social qui n’existe pas ». « Tout est déjà bouclé. Dans mon groupe hospitalier, la direction a communiqué un document de travail sur les nouvelles réorganisations de travail alors que les négociations n’ont pas encore commencé… » De l’avis de l’intersyndicale, c’est un « plan de déstructuration des hôpitaux » qui est en marche. « Nous ne sommes pas dupes. L’AP-HP est le laboratoire d’essai de réforme du gouvernement dans sa remise en cause du statut de la fonction publique », analyse Rose-May Rousseau.