lundi 18 mai 2015

La rémunération des grands patrons suscite l'émoi des actionnaires et des syndicats (le point via Les mots ont un sens)


Primes de performance, retraites chapeau, parachute doré, "golden hello" ou simple bonus: peu importe leur nom, les rémunérations des grands patrons suscitent la grogne des actionnaires, ainsi que des syndicats en période de modération salariale.
"Je ne me fais pas de souci pour votre retraite, mais pour la mienne", s'est indigné un petit porteur pendant la récente assemblée générale de Nexans, lors d'une discussion sur la retraite chapeau de Frédéric Vincent, le président du fabricant de câbles, dont le cours boursier a chuté ces dernières années et dont les actionnaires ont été privés de dividende.
Si l'assemblée générale de Nexans a finalement approuvé sans problème la rémunération de M. Vincent, qui avait certes fait un geste l'an dernier en renonçant à son bonus en raison des difficultés du groupe, d'autres ont transmis un message très clair à leurs dirigeants, pour la deuxième année de l'application du "say on pay", mesure qui contraint les dirigeants à soumettre leurs rémunérations à un vote consultatif.
Ces résolutions constituent une des rares occasions pour les actionnaires de manifester leur mauvaise humeur sur les salaires des grands patrons, même quand ils ne parviennent pas à obtenir le soutien de la majorité.
Or, selon une enquête publiée fin avril par Facta pour La Tribune, les rémunérations des patrons du CAC 40 ont progressé de 10% l'an passé, grâce à l'octroi d'actions et d'options.
Cette année, lors de l'Assemblée générale de Renault, la rémunération du PDG, Carlos Ghosn, n'a été approuvée que par 58,33% des voix et celle de Franck Riboud, le patron de Danone, n'a reçu le soutien que de 53% des actionnaires, des résultats particulièrement significatifs et serrés, alors que la plupart des résolutions obtiennent des scores supérieurs à 90%.
"Il faut veiller à ce que les règles évoluent afin d'éviter les abus. Dans 90% des sociétés, ça se passe relativement bien, mais il y toujours un certain nombre d'entre elles qui essaient franchir la ligne jaune et c'est là que se produisent les remous et les scandales", explique à l'AFP Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM).
Elle souligne notamment "l'inadaptation des critères de rémunération" aux performances de l'entreprise.

- Encadrer les revenus des grands patrons -

L'Etat s'efforce d'encadrer les revenus des grands patrons. Dans la Loi Macron, approuvée mardi par le Sénat, un article conditionne l'octroi de retraites chapeau aux performances de l'entreprise et en limite le rythme d'accumulation à 3% du salaire de référence par année d'ancienneté.
L'Etat a également plafonné depuis 2012 à 450.000 euros le salaire annuel des patrons de groupes où il est majoritaire, comme EDF ou Areva.
Les syndicats, pour leur part, s'indignent régulièrement des primes accordées aux patrons en période de disette pour les salariés. lde départ de M. Viehbacher à 61,6%.

14/05/2015 17:47:01 - Paris (AFP) - Par Antonio RODRIGUEZ - © 2015 AFP