dimanche 28 juin 2015

Juncker met en concurrence les pauvres et exige un TAFTA qui détruit les PME européennes.(le grand soir)

Juncker met en concurrence les pauvres et exige un TAFTA qui détruit les PME européennes.


Marc Voinchet est en émoi ce 13 juin 2015 : « Nous sommes avec le président de la commission européenne, excusez du peu ». Effectivement, cela va être du lourd !
De l’entretien juste un petit conseil sera donné aux pauvres tentés par l’extrémisme : « Il ne faut pas suivre les populistes ».
Mais à quoi bon une démocratie puisque pour Juncker « nos arrière-petits enfants ne sauront même pas de quoi on parle, quand on parlera de guerre en Europe ». Notre fin journaliste n’a pas posé de question sur le mot creux qu’est devenu dans la bouche du président de la commission européenne la démocratie. N’a-t-il pas déclaré le 4 mars 2015 après l’élection de Tsipras que « Les élections ne changent pas les traités ».
Mettre en concurrence les pauvres est l’obsession de ce Président ; baisser le salaire minimum est l’objectif caché sous les bonnes paroles. Les premiers moments de l’interview, l’ancien ministre des finances du Luxembourg qui a contribué a orchestré une Europe ou les entreprises ne paient presque plus d’impôt, semble réellement touché par ce qui est la conséquence même de l’évasion fiscale généralisée : « Les grecs sont au bord de la pauvreté, ils ne veulent plus voir la politique d’austérité… je me sens très proche des grecs qui souffrent ». Puis plus tard dans l’interview « il faudra bien que la France accepte d’accueillir un nombre plus grand de migrants ». On retient une larme. Mais Marc Voinchet n’ose probablement pas demander si à Luxembourg-ville il y aura des squats de migrant ?
Les états eux-mêmes ne doivent pas traiter les questions stratégiques : « On ne peut laisser aux états-nation la gestion des migrants ». L’Europe va s’occuper du problème migratoire avec un a priori : il manque des dizaines de millions d’immigrés pour l’Europe de 2060 qui vieillit « L’Europe a besoin d’immigration quoiqu’on en dise… il faudra organiser l’immigration et nous allons le faire. ».
Evidemment, cette concurrence de migrants sans papiers et sans travail, est un atout supplémentaire pour mettre la pression sur les salaires. La Troïka exige dans tous les pays la baisse drastique du salaire minimum. Et là, celui qui préside à notre funeste avenir, va jusqu’à demander les réformes les plus honteuses pour tester le niveau d’acceptation des peuples : « Certains des éléments que nous avions fait parvenir à la partie grecque ont été rejeté ce qui parfois est compréhensible parce que les trois institutions voulaient par exemple augmenter le coût de l’électricité, le coût des médicaments… que les gouvernent grec ait rejeté ces propositions ne m’a guère surpris… nous leur avons dit qu’il faudrait qu’ils remplacent les mesures qu’ils ne voudraient pas par des mesures équivalentes en terme de revenu fiscal ».
Enfin après la mise en concurrence des pauvres entre eux, celle des petites entreprises avec les multinationales est à l’ordre du jour de l’Europe de Juncker. Ces PME n’ont aucun intérêt pour celui qui roule pour les multinationales voire ouvre l’Europe aux investissements chinois. TAFTA mérite donc d’être durci pour pénaliser les PME. Il nous rassure comme des enfants « A propos de TAFTA, il ne faut pas nourrir des craintes ». Puis assène le coup mortel aux PME. Non seulement Juncker ne veut pas de Small Business Act version européenne, mais il veut que TAFTA le grave dans le marbre : « Il ne faut pas toujours avoir ce réflexe protecteur et nombriliste. L’Europe est en train de négocier avec le gouvernement américain la fin de ce système… Nous sommes en train d’expliquer aux autorités américaines que leur manière de protéger leur marché a vocation à disparaitre si les Etats-Unis et les Européens veulent se mettre d’accord sur un traité de commerce. »
Juncker est un oligarque, de ceux qui ont confisqué toute démocratie. Nous en serions presque à lui préférer un dictateur éclairé. Seul peut nous libérer la révolte des gueux.
Denis Dupré
Enseigne la finance et l’éthique à l’Université De Grenoble-Alpes, chercheur au CERAG et à l’INRIA (équipe STEEP)
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