Juncker met en concurrence les pauvres et exige un TAFTA qui détruit les PME européennes.
Denis Dupré
Marc Voinchet est en émoi ce 13 juin 2015 : « Nous sommes avec le
président de la commission européenne, excusez du peu ». Effectivement, cela
va être du lourd !
De l’entretien juste un petit conseil sera donné aux pauvres tentés par l’extrémisme : « Il ne faut pas suivre les populistes ».
De l’entretien juste un petit conseil sera donné aux pauvres tentés par l’extrémisme : « Il ne faut pas suivre les populistes ».
Mais à quoi bon une démocratie puisque pour Juncker « nos arrière-petits
enfants ne sauront même pas de quoi on parle, quand on parlera de guerre en
Europe ». Notre fin journaliste n’a pas posé de question sur le mot creux
qu’est devenu dans la bouche du président de la commission européenne la
démocratie. N’a-t-il pas déclaré le 4 mars 2015 après l’élection de Tsipras que
« Les élections ne changent pas les traités ».
Mettre en concurrence les pauvres est l’obsession de ce Président ; baisser
le salaire minimum est l’objectif caché sous les bonnes paroles. Les premiers
moments de l’interview, l’ancien ministre des finances du Luxembourg qui a
contribué a orchestré une Europe ou les entreprises ne paient presque plus
d’impôt, semble réellement touché par ce qui est la conséquence même de
l’évasion fiscale généralisée : « Les grecs sont au bord de la pauvreté, ils
ne veulent plus voir la politique d’austérité… je me sens très proche des grecs
qui souffrent ». Puis plus tard dans l’interview « il faudra bien que la
France accepte d’accueillir un nombre plus grand de migrants ». On retient
une larme. Mais Marc Voinchet n’ose probablement pas demander si à
Luxembourg-ville il y aura des squats de migrant ?
Les états eux-mêmes ne doivent pas traiter les questions stratégiques :
« On ne peut laisser aux états-nation la gestion des migrants ». L’Europe
va s’occuper du problème migratoire avec un a priori : il manque des dizaines de
millions d’immigrés pour l’Europe de 2060 qui vieillit « L’Europe a besoin
d’immigration quoiqu’on en dise… il faudra organiser l’immigration et nous
allons le faire. ».
Evidemment, cette concurrence de migrants sans papiers et sans travail, est
un atout supplémentaire pour mettre la pression sur les salaires. La Troïka
exige dans tous les pays la baisse drastique du salaire minimum. Et là, celui
qui préside à notre funeste avenir, va jusqu’à demander les réformes les plus
honteuses pour tester le niveau d’acceptation des peuples : « Certains des
éléments que nous avions fait parvenir à la partie grecque ont été rejeté ce qui
parfois est compréhensible parce que les trois institutions voulaient par
exemple augmenter le coût de l’électricité, le coût des médicaments… que les
gouvernent grec ait rejeté ces propositions ne m’a guère surpris… nous leur
avons dit qu’il faudrait qu’ils remplacent les mesures qu’ils ne voudraient pas
par des mesures équivalentes en terme de revenu fiscal ».
Enfin après la mise en concurrence des pauvres entre eux, celle des petites
entreprises avec les multinationales est à l’ordre du jour de l’Europe de
Juncker. Ces PME n’ont aucun intérêt pour celui qui roule pour les
multinationales voire ouvre l’Europe aux investissements chinois. TAFTA mérite
donc d’être durci pour pénaliser les PME. Il nous rassure comme des enfants
« A propos de TAFTA, il ne faut pas nourrir des craintes ». Puis assène
le coup mortel aux PME. Non seulement Juncker ne veut pas de Small Business
Act version européenne, mais il veut que TAFTA le grave dans le marbre :
« Il ne faut pas toujours avoir ce réflexe protecteur et nombriliste.
L’Europe est en train de négocier avec le gouvernement américain la fin de ce
système… Nous sommes en train d’expliquer aux autorités américaines que leur
manière de protéger leur marché a vocation à disparaitre si les Etats-Unis et
les Européens veulent se mettre d’accord sur un traité de commerce. »
Juncker est un oligarque, de ceux qui ont confisqué toute démocratie. Nous en
serions presque à lui préférer un dictateur éclairé. Seul peut nous libérer la
révolte des gueux.
Denis Dupré
Enseigne la finance et l’éthique à l’Université De Grenoble-Alpes,
chercheur au CERAG et à l’INRIA (équipe STEEP)