Comment manifester pour le climat ce 29 novembre malgré l’état d’urgence
La COP21 s’ouvre ce dimanche à Paris. Les principales manifestations pour le climat ont été interdites à Paris mais aussi dans d’autres villes de France. Certaines organisations appellent à se mobiliser de manière virtuelle, d’autres contournent l’interdiction par la formation d’une chaîne humaine ou appellent à braver l’état d’urgence ce 29 novembre. Une déclaration signée par une large coalition de mouvements internationaux demandent également à François Hollande de lever les interdictions de manifester durant la conférence internationale : « Il est impossible pour les politiques d’effectuer les changements nécessaires sans des mobilisations et mouvements massifs, créateurs d’espaces politiques et de volonté. »
Suite aux attentats du 13 novembre, les autorités ont déclaré l’état d’urgence et interdit la marche pour le climat initialement prévue le 29 novembre à Paris, réduisant au silence citoyens et société civile souhaitant exprimer leur point de vue face à celui des gouvernements et des lobbys économiques. Ailleurs en France, plusieurs autres manifestations sur le climat ont également été interdites, notamment à Lyon, Briançon et Aix-en-Provence. Paradoxalement, les marchés de Noël et les rencontres sportives sont maintenus. Plusieurs personnes ont déposé un recours contre l’interdiction de manifester, dont l’une vient d’être assignée à résidence. « Si l’on avait besoin d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante », réagit la Ligue des Droits de l’Homme dans un communiqué.
Des intellectuels ont décidé de lancer un appel à braver l’état d’urgence en se retrouvant dimanche à 14h, place de la République. « S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police, écrivent-ils. La mobilisation à l’occasion de la COP21 est un enjeu primordial et nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester. » Le Collectif des désobéissants appelle à venir dès midi sur la place de la République, « dans le calme, sans haine et sans violence, conscient des risques certes, mais présent parce que le risque est plus grand de ne pas nous manifester : combien de sécheresses, d’inondations, de famines, de guerres, combien de millions de victimes pouvons-nous éviter si nous affirmons la voix des citoyens du monde entier ? »
Plusieurs autres initiatives, réelles (dans la rue ou un lieu) ou virtuelles (sur les réseaux sociaux) sont également proposées par des organisations membres de la Coalition climat 21 :
Une chaîne humaine pour un climat de paix : à l’initiative d’Alternatiba et d’Attac, une chaîne humaine sera formée de 12h à 13h sur les trottoirs entre place de la République et Nation, sur le boulevard Voltaire. « À tous ceux qui veulent nous empêcher de nous exprimer, nous répondons : unis et solidaires nous voulons vivre ensemble sur une Terre juste et vivable », lancent les organisateurs. Toutes les modalités sont à retrouver ici.
March4me.org : à l’initiative de France nature environnement (FNE), de la Fondation Nicolas Hulot, WWF et Greenpeace, un outil virtuel a été mis en ligne « pour permettre à tous ceux qui ne peuvent pas marcher ce jour-là, de Beyrouth à Bamako en passant par Paris, de se faire représenter par tous ceux qui marcheront en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe. Ces derniers représenteront les marcheurs « empêchés » en arborant leurs photos et prénoms dans les défilés ».
Nos chaussures marcheront pour nous : à l’initiative d’Avaaz, la place de la République sera recouverte de chaussures qui « symboliseront les pas des personnes qui devaient participer à la marche pour le climat à Paris ». Ces chaussures sont collectées chaque jour à différents points dans Paris.
Action #EyesonParis #ClimateChange : à partir du 29 novembre, Oxfam proposera aux citoyens de poster sur les réseaux sociaux des photos de leur regard accompagné de messages pour défendre la justice climatique. L’objectif ? Montrer aux décideurs que les citoyens ne les quitteront pas des yeux et seront attentifs à leurs engagements pour le climat. Les photos circuleront sur Twitter, Facebook ou Instagram avec les hashtags #EyesOnParis #ClimateChange
Une grande clameur pour la rue ! : la « Grande Clameur pour le climat » propose d’exprimer de manière sonore l’engagement des citoyens dans la lutte contre le dérèglement climatique. « Nous pouvons faire entendre notre voix en faisant du son, et même de la musique ! »
Un symbole commun pour le climat : en terrasses de café, dans les boulangeries, les coins de rue, les balcons et les fenêtres, et même sur les vêtements, un symbole commun sera proposé par les artistes qui soutiennent la Coalition climat 21. Il sera mis en ligne dans les jours qui viennent et distribué le 29 novembre.
Ensemble pour le climat : affichons-nous ! : A l’initiative d’Agir pour l’Environnement, des affichettes sont proposées pour que chaque citoyen puisse les disposer là où bon lui semble : moyen de locomotion, lieu de travail ou à la maison, ou encore sur un panneau d’affichage associatif. Par ces affiches, les citoyens sont invités à porter un message pour le climat, la fraternité et la paix à l’ouverture de la COP21.
A noter qu’une coalition internationale d’ONG, des groupes de la société civile et des figures comme Naomi Klein et Susan George appellent François Hollande à lever les interdiction de manifester durant la COP21 à Paris. « Il est impossible pour les politiques d’effectuer les changements nécessaires sans des mobilisations et mouvements massifs, créateurs d’espaces politiques et de volonté. »
Photo de une : CC Stephen Melkisethian (marche pour le climat à New York, le 21 septembre 2014)