mercredi 25 novembre 2015

NAIRU ou la planification du chômage (les brindherbes engagés)


NAIRU ou la planification du chômage


Vous avez perdu votre emploi ? Avant toute considération individuelle, vous devez impérativement savoir que le chômage est un outil économique précieux et qu’il est, de ce fait, voulu et même planifié.

Que le chômage de masse soit un fléau présenté comme un « vilain dragon contre lequel on fait tout » ou, au contraire, comme un choix politique, il n’en demeure pas moins que vous, qui en êtes l’innocente victime qu’on cherche à culpabiliser et qu’on stigmatise en toute occasion, ne devez en aucun cas ignorer le concept du NAIRU, sa face cachée par excellence.
Quel animal se cache derrière ce nom barbare ?
NAIRU = Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment.
En français, «taux de chômage non accélérateur d’inflation».
Un taux qui repose sur deux piliers fondamentaux : la pression sur le marché de l’emploi par le chômage (qui favorise le gel sinon la baisse des salaires, ainsi que la précarisation et la dérèglementation du travail), et la soi-disant lutte contre l’inflation. Son taux généralement retenu étant fixé à… 8%.
Son principe actif en est la peur et le chômage n’en est qu’un moyen, sans doute le plus efficace dans une société de consommation de masse salariée à 90%.
Comme il serait rassurant de croire qu’il ne s’agirait là que du « délire » d’un économiste d’outre-atlantique (comme Milton Friedman) ! Hélas, cette définition est tirée du glossaire d’un très officiel rapport du Sénat dans lequel la définition du «chômage classique» donne le ton. Plus simplement, voici la classification de Joël BOURDIN dans son Rapport d’information 345 (2000-2001, délégation du Sénat pour la planification) intitulé « Le retour au plein emploi ? » :

Chômage classique : chômage correspondant à des personnes qui ne parviennent pas à trouver un emploi à cause d’une trop faible productivité horaire potentielle.
Chômage conjoncturel ou keynésien : chômage correspondant à des personnes qui ne parviennent pas à trouver un emploi à cause d’une activité économique insuffisante.
Chômage frictionnel : chômage correspondant à des personnes trouvant rapidement un emploi (en quelques mois).
Chômage non accélérateur d’inflation (taux de) : taux de chômage en deçà duquel les salaires s’accélèrent. Comme une accélération des salaires suscite une augmentation de l’inflation, il n’est pas possible d’avoir un taux de chômage durablement inférieur à ce taux (d’où son assimilation fréquente au chômage structurel). L’acronyme anglo-saxon NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate) est souvent utilisé.
Chômage structurel : chômage ne pouvant être résorbé par la seule croissance du PIB. On l’assimile généralement au NAIRU.
Chômage volontaire : chômage correspondant à des personnes ne voulant pas travailler à cause d’un gain potentiel de revenu jugé trop faible. (!!!)
«Déjà en octobre 1996, un conseiller d’Alain Juppé, alors Premier ministre, déclarait : « Dans la conjoncture actuelle, il n’y a que la pression du chômage qui évite une embardée sociale. Une amélioration sur le terrain de l’emploi entraînerait fatalement une pression salariale que le pays ne peut se payer ».» (Extrait du chapitre «L comme Libéralisme» de « Chômage Senior : Abécédaire de l’indifférence » par Gérard PLUMIER)
Le chômage est voulu et planifié. Le NAIRU en est la clé…
En fait, le chômage n’est rien d’autre qu’une variable d’ajustement économique au service du politique. A l’heure où les discours vont dans le sens d’une culpabilisation toujours plus stigmatisante d’un chômeur supposé responsable de sa situation, profiteur ou fraudeur, cette analyse est un contrepoint capital sur lequel nous devons demander des comptes à nos dirigeants.

Egalement, retenez cet extrait ô combien explicite d’un rapport de l’OCDE (« Stimuler l’emploi et les revenus » – Perspectives de l’Emploi 2006) : «Les réformes structurelles qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés.»
D’où, par exemple, la récente loi sur les «droits et devoirs des demandeurs d’emploi» (PPAE et ORE) impulsée par Nicolas Sarkozy, qui organise drastiquement et à la baisse les prétentions professionnelles et salariales des intéressés : de quoi, par ricochet, niveler l’ensemble du salariat vers le bas et contenir ainsi l’inflation, grande obsession des banquiers centraux.

Croyez-le : Bien qu’il soit une promesse électorale récurrente (que l’on mime de souhaiter alors qu’il n’en est rien), le «plein emploi» est le pire ennemi des profits. C’est pour cela qu’on n’est pas prêts d’en voir un jour la couleur, et que le chômage de masse a encore de beaux jours devant lui !
Maintenant, vous pouvez continuer à explorer cette rubrique qui a pour but de vous aider, par le savoir et la réflexion, grâce au « temps disponible » qu’on vous impose, à mieux vivre votre situation.
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