Kareen Janselme
Mardi, 1 Décembre, 2015
Le XIe congrès CGT des services publics s’est conclu par un appel à la grève et au soutien des salariés d’Air France le 2 décembre. Une autre mobilisation est prévue à la rentrée.
« La fédération est rassemblée autour de ses syndicats, qui sont prêts à en découdre ». A l’issue du XIe congrès de la fédération des services publics de la CGT organisé la semaine dernière à Poitiers (Poitou-Charentes), le secrétaire général réélu Baptiste Talbot est serein. Les 379 délégués, représentant 83 000 syndiqués, lui ont réaffirmé leur confiance, et sont prêts à se mobiliser le 2 décembre aux côtés des salariés d’Air France poursuivis, et plus largement pour défendre les libertés syndicales, même dans un pays en état d’urgence où les manifestations sont restreintes. L’actualité a fortement marqué ce congrès, où les hommages aux victimes des attaques terroristes se sont succédés lors des prises de parole.
Vigilance des agents qui sont sous la tutelle de mairies d’extrême droite
La situation politique à l’approche des régionales a aussi nourri les débats. Expression trop décomplexée des idées d’extrême droite, risque de montée du Front national aux prochaines élections, lucidité quand à la gestion des municipalités administrées par ces politiques : les agents-citoyens ont manifesté leurs inquiétudes mais aussi évoqué la vigilance qu’ils se devaient d’exercer. L’expérience de personnels sous la tutelle de mairies d’extrême droite leur a rappelé la réalité du danger de l’application de ces politiques, qui s’attaquent aux valeurs fondamentales de la République, sont sources de discrimination, dégradent les conditions de travail des agents municipaux et ébranlent les services envers les usagers. Comme en écho à cette appréhension, Baptiste Talbot avait assuré dès le premier jour du congrès que les propos du secrétaire général des territoriaux CGT d’Hénin Beaumont (Nord-Pas-de-Calais) dans la presse « relèv(ai)ent du champ idéologique de l’extrême droite » et étaient « inacceptables ». Citant Ferdinand Lassalle à Karl Marx en 1852, le secrétaire de la fédération a précisé qu’une « organisation se renforce en s’épurant ». La fédération et l’Union départementale devraient rencontrer rapidement les syndiqués sur place pour « en tirer les conséquences nécessaires ».
Invité à se joindre aux discussions sur les politiques d’austérité, le secrétaire du syndicat portugais Francisco Braz (STAL) a témoigné des attaques faites aux services publics dans son pays au nom de la crise « outil des patrons du capital contre les travailleurs » avec des coupes budgétaires imposées par l’Europe « aux détriments des plus défavorisés ». Le syndicaliste portugais a appelé à travailler ensemble un rapport de force au niveau européen, tout comme Jan Willem Goudriann, secrétaire général de la fédération européenne des services publics, pour « convaincre les parlementaires et les gouvernements de ne pas accepter le traité de libre-échange ».
Les dangers de la réforme territoriale
Philippe Martinez, le numéro 1 de la CGT, est venu participer une journée aux travaux, rappelant l’importance d’un syndicalisme de proximité, au contact avec les salariés, qui ne doit pas tomber dans le piège des institutions et de l’agenda patronal. Le congrès a conclu a l’importance d’une forte mobilisation à la rentrée, pour peser sur les négociations salariales annoncées pour février par la ministre de la fonction publique. Au-delà du dégel du point d’indice en cours depuis cinq ans, les agents manifesteront plus globalement contre les politiques d’austérité et la réforme territoriale, une « loi dont nous avons la certitude qu’elle est extrêmement dangereuse pour la démocratie, pour les services publics et donc pour la cohésion sociale » assure Baptiste Talbot.
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